

Fête au Café Campus
Tommy Chouinard
Imaginez un peu: être le propriétaire de l’entreprise où vous travaillez, donner votre avis sur les décisions et les orientations prises, participer à la gestion des activités. Utopie? Loin de là. Car il s’agit bel et bien du mode de fonctionnement d’une coopérative de travail, une entreprise autogérée. Si une telle gestion est plutôt rare, saviez-vous que le Café Campus fête cette année… ses 20 ans d’autogestion!
C’est en 1981 que le Café Campus devient une coopérative de travail, passant des mains des étudiants de l’Université de Montréal à celles des travailleurs eux-mêmes (moyennant un déboursé de 125 000 $!). "On aurait pu former une compagnie toute simple et ordinaire, mais il y avait un esprit un peu c0llectiviste et démocratique au sein des travailleurs, explique Robert Pagé, coordonnateur du Café Campus et vétéran de l’endroit puisqu’il y oeuvre depuis près de 30 ans. Les gens ont alors fait le choix de mettre en place une entreprise autogérée, donc sans directeur général, sans patron, où les employés sont propriétaires."
En termes simples, dans une entreprise autogérée comme le Café Campus, l’assemblée générale, formée par tous les employés et ayant lieu huit fois par année, est souveraine; chaque travailleur en est membre et doit y participer pour donner son avis sur la gestion de l’entreprise, qui est assurée par un conseil d’administration élu. Au bout du compte, tout est décidé en groupe: de la programmation musicale aux événements spéciaux, par exemple.
"Quand il y a un boss, tout le monde doit se conformer à ses décisions, affirme Robert Pagé. Nous, on préfère fonctionner avec l’avis de tous les travailleurs. Ça peut paraître compliqué de décider en groupe, mais nous discutons beaucoup et, finalement, tout le monde est d’accord et travaille dans la même direction. Les employés apprécient ce mode de gestion, car ils sentent qu’ils ont un droit de parole et qu’ils peuvent s’impliquer. Au début, par contre, on disait que nous allions nous planter, que l’autogestion était inapplicable. Mais visiblement, nous avons réussi!"
Certes, le Café Campus a gagné son pari, mais d’autres exemples du genre sont rarissimes. "C’est tout de même vrai que l’autogestion est peu courante aujourd’hui avec la montée du capitalisme, souligne Robert Pagé. Le Café Chaos est autogéré; sinon c’est surtout dans le milieu culturel que l’on retrouve quelques entreprises comme nous. Après tout, il faut beaucoup d’investissement personnel, d’implication et, parfois, de sacrifices."
Depuis les débuts de l’autogestion, 350 personnes ont travaillé au Café Campus. Histoire de retrouver tout ce beau monde et de souligner l’anniversaire, le Café Campus tient, le 17 mars, un 5 à 9 des anciens employés, suivi d’un party avec la clientièle. Bonne fête et joyeuses retrouvailles!