Nouveaux médias : L'après-Napster
Société

Nouveaux médias : L’après-Napster

Le monde d’Internet n’a que de la musique dans les oreilles. C’est du moins ce que laissent croire les annonces faites cette semaine tant par les géants de l’industrie du disque que par ceux d’Internet.

Le monde d’Internet n’a que de la musique dans les oreilles. C’est du moins ce que laissent croire les annonces faites cette semaine tant par les géants de l’industrie du disque que par ceux d’Internet. Une valse d’ententes, de nouveaux sites et de gros sous dans une saga post-Napster qui se résume à une chose: vous voulez écouter de la musique? On choisit les tounes pour vous, et vous sortez le cash!

Portrait d’une semaine folle sous forme d’atterrissage forcé. Tout d’abord, Real Networks annonce la sortie prochaine de MusicNet avec, en poche, des ententes avec BMG Entertainment, EMI, Warner Music, Universal Music et Sony Music. Deux jours plus tard, son plus grand rival, Microsoft, décrète la sortie imminente de MSN Music. Puis le réseau MTV, qui n’est pas en reste, conclut une entente avec les mêmes cinq majors courtisés une semaine plus tôt par Real Networks. Et, finalement, la semaine s’est achevée avec l’annonce d’une entente entre Duet (Sony et Universal) et Yahoo!.

"C’est de la poudre aux yeux", lance François Nadeau, président de Netmusik.com, un portail de musique francophone associé au logiciel FLIPR, une sorte de Napster amélioré conçu au Québec et qui sera prêt dès le mois de mai. "Les majors font des annonces, des communiqués de presse, mais dans le fond, ils ne règlent pas le problème puisqu’ils proposent des sites de diffusion de musique payante, et non pas des sites de téléchargement de pièces musicales, comme Napster. Il y a pourtant toutes sortes de réseaux d’échange de musique gratuite, et le phénomène va demeurer dans la mentalité des internautes. Les jeunes qui fréquentent les sites de musique n’ont tout simplement pas de cartes de crédit!"

Si tout ce beau monde se pousse au portillon, c’est que ça sent la soupe chaude, croit François Nadeau: "La stratégie des labels, c’est d’annoncer des partenariats en toute hâte avant que le Congrès américain, qui tient des audiences sur les droits d’auteur sur l’Internet, ne légifère dans le domaine. Ce n’est quand même pas désintéressé si Bill Gates fait son l’annonce deux jours après Real!"

Ces nouveaux sites auront certainement un impact sur la capacité des internautes à choisir la musique, et à avoir accès. "Il ne faut pas se leurrer, explique François Nadeau. Que ce soit Real ou Microsoft, ils vont pousser, conjointement avec les majors de la musique, pour nous inonder de leurs produits et de leurs catalogues. C’est la façon qu’ils ont trouvée pour imposer leur musique et leurs logiciels d’écoute sur Internet. Et ils jouent gros, puisqu’ils savent très bien que, dans les deux dernières années, ce ne sont pas les majors qui ont imposé un standard, mais plutôt les internautes, par l’entremise de sites comme Napster, par exemple."

FLIPR
FLIPR (www.flipr.com), le logiciel attendu conçu par Mondo-Live, de Montréal, sera utilisé par Netmusik qui a une exclusivité pour le marché francophone. Un logiciel à l’image de Napster qui permet l’échange de fichiers d’un ordinateur personnel à un autre, mais avec le net avantage que des droits d’auteur seront versés aux artistes, et ce, en fonction du nombre de téléchargements de leurs chansons par les internautes. FLIPR sera distribué gratuitement sur le Net, et ses instigateurs entendent pouvoir payer la facture par l’entremise de publicités insérées dans le logiciel, par la vente de versions payantes du logiciel et de disques sur leur site.

Selon François Nadeau, FLIPR sera disponible au mois de mai. Netmusik et Mondo-Live ont conclu, eux aussi, de nombreuses ententes avec des labels, mais des labels indépendants. Une centaine dans le monde et plusieurs au Canada, tels que Bombay Recordings, Grenadine, Disque Farmer, Amalgam et Haute Couture, pour ne nommer que ceux-là. On s’en reparlera certainement d’ici peu.

Guerre sur le Net?
En Allemagne, le ministre de l’Intérieur, Otto Shily, a indiqué la semaine dernière que son gouvernement pourrait hacker les sites américains appuyant les néonazis, et ce, pour les fermer. La tactique utilisée, celle du "denial-of-service", fait en sorte que les sites visés ne peuvent plus être consultés par les internautes. La controverse, qui a fait les manchettes des journaux locaux, n’a pas été démentie depuis par le gouvernement allemand. Selon Otto Shily, la recrudescence des crimes haineux perpétrés par l’extrême droite a atteint des niveaux inégalés depuis la Deuxième Guerre mondiale. Et les sites Web américains n’y seraient pas étrangers. À lire dans Wired (www.wired.com).

Fermeture de Nouvo
Une autre jeunepousse vient de fermer ses portes. Faute de moyens, les créateurs de l’une des plus jeunes télés francophones sur le Net doivent donc plier bagage après seulement un an d’exploitation. Fondée par Éric Clin, qui a séjourné de nombreuses années à Montréal avant de lancer Nouvo.com à Paris, cette téléweb n’aura donc pas réussi son pari de créer des contenus originaux. Après la faillite des sites américains équivalent,s tels que Pseudo.com, la fermeture de Nouvo annonce une tendance lourde dans le domaine: seules les grandes chaînes, qui sont en mesure de rentabiliser la production originale par une diffusion sur le bon vieil écran cathodique, peuvent espérer diffuser leurs oeuvres sur le Net sans trop perdre d’argent. Dur coup, donc, pour tous ceux qui, comme moi, voyaient dans le Net la possibilité d’une solution de rechange aux canaux de distribution traditionnels.