Médias : Metropolis bleu: deux solitudes
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Médias : Metropolis bleu: deux solitudes

Le festival international de littérature qui vient de prendre fin à Montréal a donné lieu à des compte rendus bien différents dans les journaux. Est-ce parce que l’événement, qui était bilingue, n’a pas su trouver le juste équilibre entre les deux langues officielles?

Le festival international de littérature qui vient de prendre fin à Montréal a donné lieu à des compte rendus bien différents dans les journaux. Est-ce parce que l’événement, qui était bilingue, n’a pas su trouver le juste équilibre entre les deux langues officielles? Toujours est-il que la perception diffère selon qu’on soit francophone ou anglophone. À vous de juger.

Dans La Presse du 17 avril, la journaliste Chantal Guy rappelait qu’environ 6500 personnes avaient fréquenté le troisième Festival littéraire international Metropolis bleu, et que selon la présidente de l’événement, Linda Leith, il s’agissait d’une augmentation de 50 % comparativement aux chiffres de l’an dernier. Citation de madame Leith: "Nous sommes ravis de cette participation. Plusieurs présentations se sont données à guichets fermés."

Décrivant la soirée Nouveau Monde, la journaliste de La Presse écrit: "Animée par un Jean-Claude Germain bilingue et en forme, la soirée réunissait 11 écrivains des Amériques…"

Dans Le Devoir de samedi, la chroniqueuse Odile Tremblay faisait le bilan suivant de l’événement: "Les gens se pilaient sur les pieds en tout cas, mercredi dernier, à la Place Dupuis, pour l’ouverture de Metropolis bleu, le rendez-vous littéraire qui roule à Montréal jusqu’au 16 avril. Faut dire qu’il marche fort, ce festival-là, et qu’il est bigarré comme tout, ouvert, comme on dit, sur le monde. (…) Quand on a une grosse pointure américaine comme Norman Mailer pour ouvrir le bal, c’est que tout baigne dans l’huile."

Point de vue totalement différent (lundi 16 avril) de Noah Richler, titulaire de la rubrique livres au quotidien National Post. Après avoir critiqué le fait que l’événement se tenait dans un des quartiers les plus laids de la ville, là où même les Montréalais n’aiment pas aller, "dans un hôtel impersonnel avec vue sur le terminus d’autobus", Richler critique l’organisation du festival. Il écrit entre autres: "Les lectures publiques étaient aussi joyeuses que la XVIIe session plénière du Comité socialiste pour l’auto-amélioration du Tajikistan." Il poursuit: "À la lecture de poésie, huit poètes sont lancés dans une salle et introduits par un hôte qui semble tellement emmerdé par son travail qu’il en oublie de présenter Nicole Brossard."

Richler souligne aussi que le poète écossais Robin Robertson est reparti furieux de l’événement, car on ne lui avait accordé que 15 minutes pour lire, alors qu’il était à Montréal depuis cinq jours dans l’attente de ce moment.

Richler est particulièrement dur à l’endroit des Québécois qui ont animé le festival. Il qualifie Jean-Claude Germain de bouffon ("Attendees on opening night had to endure French-Canadian board member Jean-Claude Germain’s windy buffoonery"), et affirme que l’entrevue publique que Christiane Charette a menée avec Norman Mailer était vide et stupide ("A shockingly fatuous interview with Norman Mailer by local television presenter Christiane Charette. "You write big books …" And, as sixth wife Norris Church Mailer was sitting in the audience, "… will this be your last marriage?" This was not clever, or bold interviewing, but stupidity.").

Le fils de Mordecai Richler en profite pour écorcher Montréal: "Les courants ethniques qui envahissent les autres villes canadiennes ne s’arrêtent pas à Montréal. Ce qui reste de cette ville, c’est une bourgade confortable pour Blancs qui parlent les deux langues et qui font des concessions "à la Suisse" afin d’acheter une vie meilleure."

Que conclure de ces différents points de vue? "Expression de deux solitudes"… ou "Tel père, tel fils"?

Le Sommet des Amériques dans les médias
Le grand cirque est commencé à Québec et les sources d’information ne manquent pas pour essayer de comprendre le contexte et les enjeux de la mondialisation. Outre le site de Voir (www.voir.ca/sommet) qui proposera des reportages quotidiens sur le Sommet, d’autres sites méritent le détour. En tête de liste, celui de Libération (www.liberation.com), qui, encore une fois, nous offre un dossier hyper-complet avec des rubriques originales et informatives: une sélection de liens et de livres (accompagnés d’une critique) ainsi que des archives vont vous donner le tournis tellement on y donne une quantité incroyable d’information à digérer. On y retrouve aussi une analyse du vocabulaire relié à la mondialisation (le dico) faite par le Groupe d’études et de recherche sur la mondialisation. Bref, si vous n’avez qu’un site à consulter, c’est celui-là.

À visiter également, le site des médias alternatifs (www.cmaq.net) pour un point de vue différent sur le déroulement des choses. À noter que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, avec l’appui de Reporters sans frontières et de Canadian Journalists for Free Expression, a mis sur pied un observatoire de la liberté de presse afin de s’assurer que les journalistes puissent faire leur travail librement. Allez, bon Sommet et bilan dans une semaine.

La loi du silence
L’Association canadienne des journalistes (l’équivalent de notre FPJQ) a créé le prix Code of silence (qu’on pourrait traduire par loi du silence), prix qu’elle attribuera à l’agence gouvernementale jugée la plus secrète au pays. La liste des finalistes a été établie après un vote auquel les membres du public et les journalistes ont participé. Les finalistes sont:

le ministère de l’Environnement de l’Ontario qui, à la suite de la tragédie de Walkerton, a refusé de rendre publics des documents et des rapports qui prouvaient que le gouvernement ontarien était au courant de la situation depuis plusieurs années; Santé Canada qui, depuis deux ans, a reçu plus de plaintes de la part du commissaire chargé de l’accès à l’information que n’importe quelle autre agence gouvernementale; Hydro-Québec qui, dans les dossiers de Grande-Baleine et de la crise du verglas, a gardé secrets – et, dans certains cas, détruit – des documents importants qui auraient dû être rendus publics; le cabinet exécutif de la Nouvelle-Écosse qui a dissimulé des informations et qui a opéré de façon secrète dans la vente d’une entreprise publique.

Le nom du gagnant sera connu sous peu, et un représentant de l’agence en question sera même invité à participer au congrès annuel de l’Association qui aura lieu du 25 au 27 mai à Saint-Jean, Terre-Neuve.

Chris Isaac à la télé
Est-ce un signe de l’Apocalypse? Après Bette Midler, c’est au tour du chanteur Chris Isaac d’avoir sa propre émission de télé. Selon le critique de télé du Los Angeles Times, The Chris Isaac Show (présenté sur les ondes de Showtime, une chaîne câblée aux États-Unis) est ce qui se fait de mieux à la télé depuis The Larry Sanders Show. Sous le signe de la comédie, l’émission raconte la vie, la carrière et les relations d’un chanteur dénommé Chris Isaac. On dit que le look de l’émission est kitsch, pour ne pas dire carrément hideux. S’agit-il d’un projet télévisuel audacieux ou d’un formidable véhicule publicitaire voué à l’échec? En attendant de le voir (peut-être?) au Québec, vous pouvez avoir un aperçu du ton et du style de l’émission en allant consulter le site Internet www.showtimeonline.com/chris. À quand The Céline Dion Show?