Sommet des Amériques : L’album-souvenirs
Du 19 au 22 avril, en plein coeur d’une saison tardive, Erick Labbé, notre photographe, a parcouru et vécu dans sa ville assiégée cet unique Sommet des Amériques.Ce parcours difficile, entre violence, humour et tendresse, devait témoigner des excès de la militance et de ce que les résidants de Québec allaient subir sous le régime temporaire de l’État policier. Ce fut le cas.
Du 19 au 22 avril, en plein coeur d’une saison tardive, Erick Labbé, notre photographe, a parcouru et vécu dans sa ville assiégée cet unique Sommet des Amériques.
Ce parcours difficile, entre violence, humour et tendresse, devait témoigner des excès de la militance et de ce que les résidants de Québec allaient subir sous le régime temporaire de l’État policier. Ce fut le cas.
Mais parmi ces photos, certaines montrent quelque chose de plus grave: une ville empoisonnée par les gaz et frappée par les balles "inoffensives" de quelques tireurs professionnels venus d’ailleurs, et des mesures répressives qu’aucune manifestation ne justifiait.
Une ville où la présence de 34 touristes suffit pour asphyxier du haut des airs tout un quartier. Et des citoyens qui ne méritent plus que des excuses pour ce printemps perdu. Parions qu’elles ne viendront jamais. En attendant, photos…
REVENDICATION LITTÉRAIRE
Au sein des revendications de toutes trempes, cet amateur de littérature contemporaine, bien connu des milieux contre-culturels, grand fan de Houellebecq et Ingrid Caven, affiche ses préférences. Incroyable mais vrai, quelques journalistes étrangers lui demanderont le plus sérieusement du monde: «But why do you hate this Paul Ohl?» La presse se nourrit de n’importe quoi…
RAVE ÉVEILLÉ
Jeudi soir, fraternité et musique sous les viaducs de l’Ilot Fleurie. Des milliers de militants bougent sur un air de militance. Bush et Chrétien n’étaient pas invités.
LA CHUTE DU MUR
L’image fera le tour du monde. Symbole de toutes les fractures, Seattle et Prague, la clôture inexpugnable s’effondre comme fétu de paille. Aucun militant n’ira plus loin dans le périmètre. Ils sentent que les risques d’y laisser carrément leur peau sont bien trop grands.
ÂGE DE PIERRE
Vendredi après-midi, le mur est tombé; on a repoussé les militants jusqu’à la rue Turnbull. Une fois le nuage de gaz retombé, on constate que les dégâts causés par ce premier assaut auraient pu être très sérieux.
PAUSE SYNDICALE
Sans leur casque et leur attirail, ces policiers de la SQ, véritables têtes de Turc, retrouvent pendant quelques minutes, sous le masque, le visage humain de la fraternité et du charme…
BLACK BLOC AUX YEUX BLEUS
"No picture!", crie cette fille aux yeux bleus cachée derrière son masque à gaz sous l’uniforme officiel du Black Bloc. Ses compagnons d’armes s’apprêtent à incendier un conteneur qui sera poussé jusqu’aux barricades
SEND IN THE CLOWNS
Visibilité exceptionnelle pour Vicente Fox auprès de l’homme de l’Ouest dans la course à la vente d’énergie et au cheap labor. En conférence de presse, l’ex-président de Coca-Cola taxera les manifestants présents à Québec d’enfants gâtés qui ne devraient pas se plaindre… puisque, contrairement à bien des Mexicains, ils ont, eux, des toits et mangent à leur faim…
POTUS MOVING
L’arrivée officielle de l’homme le plus puissant du monde se déroule sans histoire et sans surprise. Mais quelques minutes après, comme s’il était attendu, la vraie contestation, particulièrement celle des Américains à Québec, se déclenche. Madame Bush sera des cocktails féminins pendant que ces messieurs discutent. Merci Aline de nous recevoir à Québec, crieront en coeur les femmes des chefs d’État.
WHO LET THE DOGS OUT?
Chaque clébard voyage dans sa propre cage, identifiée à son nom. Comment négliger Bill, Bob, Killer et Rex, les meilleurs amis de l’homme (en uniforme), parmi l’étalement des moyens de répression policière? Rex n’aura servi à rien, mais il fallait bien sortir le chien…
WAG THE DOG
Dimanche matin, sortis de leur refuge, madame et son chien ne reconnaissent plus
le coin de la Basse-Ville.
AU GRÉ DES VENTS
Les étroites rues du Faubourg Saint-Jean-Baptiste offrent aux forces de l’ordre l’occasion parfaite de décharger leurs armes à satiété. Pris dans ce piège à manifestants, celui-ci choisit la fuite.