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Médias : Dédé Fortin: un an déjà
Pour souligner l’anniversaire de la triste disparition d’André Fortin, leader des Colocs, MusiquePlus et Musimax présentent deux documents inédits. Le premier, Le 2116, est un film de 90 minutes qui se penche sur ses talents de cinéaste et qui met en lumière son immense créativité.
Nathalie Collard
Pour souligner l’anniversaire de la triste disparition d’André Fortin, leader des Colocs, MusiquePlus et Musimax présentent deux documents inédits. Le premier, Le 2116, est un film de 90 minutes qui se penche sur ses talents de cinéaste et qui met en lumière son immense créativité. Pas de doute, André Fortin était un grand artiste. (MusiquePlus, 10 mai, 18 h).
À 20 heures, Musimax présente une musicographie de Fortin, taillée sur le modèle habituel: entrevues avec les parents, les amis, le gérant, etc., entrecoupées d’images d’archives (nombreuses, car Fortin avait donné beaucoup d’entrevues).
Les témoignages sont touchants (en particulier celui de sa soeur Doris et de son amie Cha Cha) et pertinents (comme de Jimmy Bourgoing, un ex-coloc); et le document se termine sur un bon flash: faire chanter un petit bout de Tassez-vous de d’là par les personnes interviewées.
Cela dit, malgré ses qualités, le portrait ressemble à la musicographie de Renée Martel, qui ressemblait à la musicographie de Michèle Richard, qui ressemblait à la musicographie de Michel Rivard, etc. Elles sont tous faites dans le même moule. C’est comme si, au le troisième sous-sol de MusiquePlus, il y avait une grosse machine à fabriquer des musicographies. On lui donne un nom (Dédé Fortin), on appuie sur un bouton, et la machine se met en marche : scrounch, scrounch, scrounch, et quelques jours plus tard, une musicographie sort à l’autre bout.
Et puis, il y a la voix de la narratrice. Toujours la même. Une voix faussement enjouée qui vous annonce sur le même ton une naissance, un décès ou une promotion chez Brault et Martineau. Une voix insignifiante qui lit des textes insignifiants du genre: "Après la pause, Les Colocs vendent 150 000 albums et Dédé devient de plus en plus vulnérable…"
Autre faiblesse de l’émission: l’absence des fans. On ne cesse de répéter que Dédé Fortin était un gars près des gens, du "gars de la rue". Or, ce "gars de la rue" est étrangement absent. On aurait aimé l’entendre parler de Dédé, de la façon dont il touchait le coeur et l’âme des gens, qu’ils vivent à Pointe-Saint-Charles ou à Outremont.
Bref, alors que Dédé Fortin était férocement original, ce document, lui, manque de personnalité. La formule des musicographies devrait laisser une plus grande marge de manoeuvre aux réalisateurs, et leur permettre ainsi d’accoucher de documents plus personnels et plus audacieux, à l’image des personnalités qu’ils célèbrent. Cela dit, le portrait vaut quand même le détour, surtout à cause du personnage, tragique et bouleversant. À voir ce soir (10 mai) à 20 h sur Musimax.
André Pratte à La Presse
Lors de la sortie de son livre Les Oiseaux de malheur (un essai sur les médias), il y a deux ans, André Pratte déclarait ceci au journal Voir: "Malgré la passion, il y a une certaine routine qui s’installe. On écrit un papier en sachant qu’il ne changera rien dans le monde et qu’il sera oublié dès le lendemain. Le jour suivant, tout est à recommencer. Une fois que tu as fait cela pendant 10 ans, quelles sont les avenues qui s’offrent à toi? C’est très personnel mais moi, je ressens ça profondément. J’ai 42 ans et je suis dans une impasse professionnelle. Ma carrière à La Presse est à toutes fins pratiques finie. J’ai une sécurité d’emploi, je pourrais continuer pendant 20 ans, mais je m’ennuie pour mourir. Qu’est-ce que je vais faire?"
Ô surprise, voilà que monsieur Pratte vient d’être nommé éditorialiste en chef de La Presse en remplacement d’Alain Dubuc qui, faute d’avoir été choisi pour ressusciter Le Devoir, ira insuffler un peu de vie aux pages du quotidien Le Soleil, à Québec.
Cette nomination marque la fin d’un long purgatoire pour monsieur Pratte qui avait publié, il y a quelques années, une chronique assez maladroite critiquant le propriétaire de son propre journal, Paul Desmarais. La direction de La Presse avait "tabletté" le journaliste qui s’était depuis spécialisé dans la recension d’études universitaires.
Auteur prolifique si on le compare à d’autres collègues de la rue Saint-Jacques, André Pratte a également publié une biographie de Jean Charest ainsi qu’un essai percutant sur le mensonge en politique: Le Syndrome de Pinocchio, qui avait provoqué une véritable levée de boucliers au sein de la classe politique. On peut dire sans se tromper qu’André Pratte est un puriste, nostalgique de la vieille école du journalisme (ses modèles se nomment Claude Ryan et Edward R. Murrow).
On pourra constater l’impact de son arrivée au sein de l’équipe éditoriale au cours des prochaines semaines.
Le Festival de Cannes à TV5
Vous n’êtes pas sur la Croisette avec Nicole (Kidman), Nanni (Moretti) et les autres? Consolez-vous en regardant la télé. Jusqu’au 20 mai, TV5 va ajuster sa programmation au rythme du 54e Festival de cinéma. Parmi les émissions spéciales qui valent le détour, TV5 l’invité, une édition quotidienne de 12 minutes présentée à 10 h 15 en direct de Cannes, ainsi que Les Mots de minuit, quatre émissions spéciales de 90 minutes présentées les 10, 15, 17 et 19 mai à minuit 15 (rediffusion le lendemain à 12 h 15, sauf pour l’émission du 19). Enfin, Écrans du monde présentera deux émissions spéciales consacrées à Cannes: le jeudi 17 mai à 20 h 30, et le jeudi 24 mai à 20 h 30. Bon festival!