Nouveaux médias : Vive les jeux vidéo simples!
Pendant que les cinéastes défilent sur la Croisette, le créateurs de jeux vidéo se donnent rendez-vous à Los Angeles du 16 au 19 mai pour l’Electronic Entertainment Expo (E3). Cette année, le Lars Von Trier de ce festival du jeu vidéo risque d’être Ernest W. Adams…
Pendant que les cinéastes défilent sur la Croisette, le créateurs de jeux vidéo se donnent rendez-vous à Los Angeles du 16 au 19 mai pour l’Electronic Entertainment Expo (E3). Cette année, le Lars Von Trier de ce festival du jeu vidéo risque d’être Ernest W. Adams, un concepteur américain qui a décidé de s’inspirer de Dogme 95 (le célèbre groupe du réalisateur danois) pour écrire Dogma 2001 ( www.designersnotebook.com), un manifeste traitant de la création de jeux vidéo.
Ernest W. Adams risque de se faire des ennemis au E3 (www.e3expo.com), la plus grosse foire commerciale du genre en Amérique du Nord. En effet, il propose, à la manière de Dogme 95 (www.dogme95.dk), une série de dix commandements pour ramener les concepteurs de jeux à la base de leur travail, c’est-à-dire le plaisir (et non le fric). Bref, rien pour plaire aux bataillons de spécialistes en marketing du E3.
On sera en accord ou en désaccord avec les dix commandements de Dogma 2001, qui vont de l’interdiction de mettre en scène des dragons ou des extraterrestres carnivores jusqu’à l’interdiction d’utiliser des cartes accélératrices 3D. Mais un fait demeure: l’industrie du jeu vidéo a besoin d’un bon coup de pied au cul. Et ce manifeste, s’il ne risque pas d’effrayer les bonzes des grandes multinationales, a au moins l’avantage de dire tout haut ce que plusieurs pensent tout bas: les jeux vidéo sont en panne d’originalité.
S’il y a une recette pour la création d’un film hollywoodien, c’est désormais tout aussi vrai pour les jeux. Et que ce soit pour les jeux de rôle, les jeux de stratégie, les jeux d’aventures, les puzzles ou les tireurs à la première personne: aucun créateur n’arrive à révolutionner le genre. Fini le temps des jeux de garage (à la Myst), et bienvenue dans l’industrialisation des jeux où l’on produit de la 3D comme de la saucisse.
Qu’Adams s’inspire de Von Trier n’a rien d’innocent. Il y a, bien sûr, dans les commandements eux-mêmes, un monde de différence entre les deux genres. Mais, à la source, on y trouve le même souci de s’éloigner d’une quête effrénée d’artifices technologiques pour à la fois diminuer les coûts de production et se rapprocher de l’essentiel: raconter une bonne histoire.
Et si je vous disais qu’Adams n’aura pas la tâche facile au E3 cette année. En effet, Microsoft a choisi cet événement pour faire parler d’elle. La multinationale de Bill Gates y annoncera la date de sortie et le prix de sa future console X-BOX. À la une des magazines, on discutera dès lors de pixels, de bits, de mémoire vive et de disque dur. Pour faire changement!
Sur la Croisette
Parader sur la Croisette, pendant le Festival de Cannes, c’est la meilleure façon d’attirer l’attention du monde. Parlez-en à Apple qui, l’année dernière, a réussi à braquer l’attention des médias sur ses reporters Web, habillés de G3 portables, d’une webcam et d’un micro, le tout branché au Net par cellulaire.
Cette année, fini, les folies: les organisateurs du Festival ont finalement cédé à l’idée de créer une compétition officielle de webfilms, et ce, en association avec la Semaine internationale de la critique. Et vous avez jusqu’à vendredi 18 mai pour choisir le gagnant parmi les sept créations en compétition, soit: CUB, un film du Canadien Steve Whitehouse; Le Secret minceur, du Français Stéphane Ricard; The Birth of Stainboy, du réalisateur Tim Burton; The Svuotcher, des Italiens Flavio Della Rocca et Mattia Pasquini; In a Grove, du Japonais Hiroyuki Watanabe; Gotchaaa!, des Français Éric Gosselin et Fabienne Brandily; et finalement Marcelle, de Guillaume Joire.
D’accord, on ne donnera pas une Palme d’or à ces mini-métrages d’animation d’environ 4 minutes chacun. Mais c’est quand même mieux que des hommes-sandwichs high-tech paradant sur la Croisette. À visionner sur www.monsieurcinema.com
Sur la Main
Tant qu’à être dans les festivals, prenez note que vous avez jusqu’au 1er juin 2001 pour soumettre vos oeuvres aux organisateurs du prochain FCMM, qui se tiendra à la mi-octobre. Du côté des nouveaux médias, deux catégories sont ouvertes.
La première, Performance, présentera, dans le cadre de son Media Lounge, une sélection internationale de performances qui se démarqueront "par une utilisation créatrice, novatrice et significative de l’image en mouvement, du traitement numérique de l’image et du son ou des nouvelles technologies", tout en accordant une attention particulière "à tout projet explorant de nouvelles formes de narration".
Quant à la seconde catégorie, Création numérique, les organisateurs du FCMM sont à la recherche d’oeuvres interactives, de fictions, de documentaires, d’essais, d’animations, de
clips, etc. contribuant "à l’émergence d’une nouvelle esthétique du son et de l’image en mouvement". Plus d’info sur www.fcmm.com