Nouveaux médias : MUTEK: la bourse ou la vie
Société

Nouveaux médias : MUTEK: la bourse ou la vie

Il n’y a pas que les start-ups qui trouvent que les temps sont durs. Dans les coulisses des principaux événements en nouveaux médias à Montréal, ça commence même à sentir la soupe chaude. Confrontés plus souvent qu’autrement à l’immobilisme des organismes subventionnaires, les tenants des nouveaux médias luttent pour leur survie. Et si Ex-Centris et Daniel Langlois tiennent à bout de bras plusieurs événements du genre à Montréal, tout indique que leur patience a des limites.

L’événement MUTEK (www.mutek.ca), lancé l’année dernière par Alain Mongeau (voir section musique), et appuyé par Daniel Langlois, est l’un de ceux-là. Première constatation quant à la programmation de cette année: beaucoup de musique électronique et peu, ou pas, de multimédia. "MUTEK, c’est un événement qui a énormément de potentiel, dit Alain Mongeau, directeur de l’événement et responsable du volet Nouveaux Médias au FCMM. Si on avait les moyens de faire tout ce qu’on veut, on y trouverait des conférences sur la culture numérique, des installations sonores et un magazine multimédia complet sur le Web. Mais on n’est que deux personnes et demie qui travaillons à ce festival! Le réseau est là, mais il y a des limites à ce que tu peux demander aux gens de faire gratuitement."

Pour Alain Mongeau, MUTEK est le premier événement montréalais issu directement de la culture numérique. Et si l’on peut sentir l’effervescence internationale autour de MUTEK (plus de 500 billets vendus sur le Web), les organisateurs se butent ici à une incompréhension presque généralisée. "On a au moins un train de retard par rapport à l’Europe, dit Mongeau. On se heurte à des institutions qui prennent trop de temps à réagir: elles commandent des études internes et on a le temps de mourir trois fois en attendant les résultats. Ça pose une question fondamentale: comment les nouvelles cultures peuvent-elles émerger au Québec?"

Pour financer cette édition de MUTEK, seuls le CACUM (Conseil des Arts de la Communauté Urbaine de Montréal) et le FILM (un organisme de Daniel Langlois) ont choisi de signer des chèques. Et l’avenir de l’événement n’est pas rose, puisque tout indique que le FILM, et Daniel Langlois, pourrait tirer la "plogue" si l’événement ne trouve pas d’autre financement que le sien. Une situation "normale", de l’avis d’Alain Mongeau, "puisque Ex-Centris ne peut pas continuer à faire cavalier seul indéfiniment". Et si vous croyez que le volet Nouveaux Médias du FCMM est à l’abri, détrompez-vous. Seul Patrimoine Canada aurait investi dans les nouveaux médias au FCMM, selon Alain Mongeau. Pour le reste, c’est le volet films et vidéos, et quelques commanditaires, qui permettent au FCMM de garder son Media Lounge en vie.

Ajoutez des problèmes similaires pour l’événement Elektra et pour la Société des arts technologiques (cette dernière joue son va-tout cette année dans ses nouveaux locaux); et voilà qu’on découvre la fragilité de l’avenir des nouveaux médias à Montréal. À côté des millions de dollars consentis aux cités du multimédia et du commerce électronique, la culture numérique montréalaise semble donc vouée à demeurer sur le respirateur artificiel pour encore un bon bout de temps. À moins que quelqu’un, quelque part, finisse par s’ouvrir les yeux sur tout un courant culturel dont Montréal est devenue, au fil des ans, une plaque tournante internationale incontournable.

Astral et la radio
Astral Media et son réseau Radio Énergie ont lancé cette semaine trois nouvelles chaînes de radio exclusivement sur le Web, soit Énergie Hip Hop, Énergie Rock et Énergie Dance. Bonne nouvelle, donc, pour tous ceux qui apprécient l’écoute musicale sur le Web, puisqu’on y retrouvera à la fois de l’info sur les artistes, des extraits de vidéoclips, etc. On y présentera des segments live de quatre heures, qui seront reproduits en boucle pendant 24 heures. (www.radioenergie.com).

Malheureusement, ces trois chaînes innovatrices ont été affublées du nom "e-radio". Ce n’est pas que la faute à Astral, ils sont nombreux à avoir fait comme elle, mais je veux profiter de l’occasion pour vous dire que j’en ai marre. Ça veut dire quoi au juste, e-radio? Electronic radio? Entre vous et moi, même une vieille radio à ampoules datant de la Deuxième Guerre mondiale était électronique! Énergie radio, peut-être? Pourquoi pas Radio-e, tant qu’à y être?

À force de mettre des "i" et des "e" devant tous les mots du Petit Robert, les spécialistes en marketing veulent prouver quoi au juste? Que la nouvelle économie se résume à mettre une lettre "branchée" devant un mot? Qu’on fait du neuf avec du vieux? Bref, le "i" n’est sûrement pas là pour "intelligent". Et le "e", c’est pour épais?

Britney Spears
Après les poupées Britney, les pubs pour Pepsi et le cinéma, voilà que l’icône de la pop prépubère se lance dans le jeu vidéo. Enroute Inc. (www.enroute.com), une firme de Californie, prépare ainsi pour l’an prochain Experience Britney, un DVD interactif pour différentes consoles de jeu. Y figureront des scènes de sa dernière tournée internationale, et on aura la possibilité d’aller se promener en coulisses, le tout dans des panoramiques interactifs à 360 degrés. Évidemment, on y trouvera aussi plein de jeux mettant en vedette Britney. Si on ne connaît pas encore la teneur de ces jeux, on peut les imaginer: "Aidez Britney à retrouver son nombril"; ou l’autre, plus éducatif: "Aidez Britney à compter ses sous".