Médias : Dans les petits pots les meilleurs onguents…

On saura bientôt si le CRTC permet à Quebecor d’acquérir le réseau de télévision TVA. Le contraire serait étonnant. Mais l’achat de TVA ne signifie pas la fin des problèmes de Pierre-Karl Péladeau. Car dans la guerre que se livrent les chaînes de télé au Québec, les grosses boîtes comme TVA sont à la croisée des chemins. L’avenir est aux chaînes spécialisées, prédisait-on.

Eh bien, la prédiction s’est concrétisée. C’est vrai aux États-Unis, où les grands réseaux comme ABC, CBS et NBC sont en mode panique devant la popularité de petites chaînes câblées comme HBO. C’est aussi vrai au Québec, où les chaînes de télé Astral, pour ne nommer qu’elles, sont devenues au cours de la dernière année des joueurs incontournables sur l’échiquier télévisuel québécois.

Il y a quelques semaines, l’animateur de talk-show Conan O’Brien lançait ce gag sur les ondes de NBC: "Le réseau CBS a décidé de retirer l’émission Diagnosis Murder. Ils se sont rendu compte que le téléspectateur moyen de l’émission était mort il y a quatre ans…"

Ce gag en dit plus long que bien des études de marché à propos des conséquences du vieillissement de la population sur la télé généraliste. Les jeunes délaissent les grands réseaux au profit de petites chaînes spécialisées comme WB ou UPN aux Etats-Unis, ou Télétoon et Vrak-TV ici. Et les canaux comme Séries + et Canal Vie, avec leur programmation taillée sur mesure, occupent une place de choix dans les sondages.

Leur stratégie: dans un environnement où les chaînes se multiplient, mieux vaut offrir un produit ciblé qu’un éventail trop large d’émissions pour tous les âges et tous les goûts.

Cet été, si vous regardez la télé, c’est encore une fois du côté des chaînes spécialisées que vous risquez de prendre votre pied.

Par exemple, il n’est pas trop tard pour découvrir Six Feet Under, l’excellente série de HBO (encore eux!) diffusée sur The Movie Network. Vous n’êtes pas abonné? Appelez l’ami qui vous enregistrait The Sopranos. La série vaut résolument le coup. On s’attache rapidement aux membres de la famille Fischer, des embaumeurs dysfonctionnels qui doivent faire face (eux aussi) à la globalisation des marchés. L’aîné fuit ses responsabilités, son frère n’ose pas révéler son homosexualité et leur cadette (qui conduit un corbillard vert fluo) traverse sa crise d’adolescence à fond la caisse.

Pour ceux qui aiment les comparaisons, disons que c’est un croisement entre The Addams Family et Thirtysomething. Un véritable coup de foudre.

De son côté, Super Écran va diffuser Cache ta joie (les samedis à 20 h 30), l’adaptation française de Curb Your Enthusiasm, la sitcom bizarre de Larry David, créateur de Seinfeld. On y retrouve l’obsession des détails insignifiants qui a fait le succès de Seinfeld, mais Larry David est beaucoup moins charismatique et beaucoup plus noir que Jerry. La sitcom vaut tout de même le détour pour son ton singulier. Personnellement, je préfère l’originale sur The Movie Network.

Enfin, au cours du mois d’août (aucune date officielle n’est encore connue), la chaîne A&E va s’aventurer dans l’univers traditionnellement masculin du talk-show avec The Sandra Bernhard Experience. Diffusé pendant cinq soirs, il s’agira, selon ses créateurs, d’un talk-show anti-talk-show qui ne sera pas enregistré devant public et qui ne servira pas de véhicule promotionnel pour Hollywood. Le rêve, quoi!

La stand-up comic américaine, bien connue pour son franc-parler (et ses supposées histoires d’amour avec Madonna), dit vouloir donner son opinion sur tout et recevoir des invités qui ont des choses à dire comme Sean Penn et Courtney Love. A&E va-t-elle se mettre à dos les habitués des biographies de Liza Minnelli et du colonel Custard? C’est à surveiller.

Jump the Shark: musique
Si la télé ne comble pas vos temps libres durant l’été, il reste toujours Internet. Il y a quelques semaines, je vous parlais de Jumptheshark.com, un site Internet qui identifie à quel moment une émission de télé pointe du nez et devient mauvaise. Les créateurs de Jump viennent de s’associer au magazine Rolling Stone pour créer un site identique portant sur la musique. On y analysera les raisons à l’origine du déclin d’un groupe ou d’un artiste : drogue, début d’une carrière solo, vieillissement, défense de nobles causes (écologie, famine ou autre) ou, tout bêtement, la mort. Personnellement, j’en ajouterais une autre: artiste ou groupe ayant commencé à composer des chansons pour des films de Disney. C’est résolument un killer.

L’adresse du site: www.rollingstone.com/games/jumptheshark

Sur ce, je vous souhaite d’excellentes vacances. On se retrouve au mois d’août.