![Nouveaux médias : Oeuvre au noir](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2012/01/9488_1;1920x768.jpg)
![Nouveaux médias : Oeuvre au noir](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2012/01/9488_1;1920x768.jpg)
Nouveaux médias : Oeuvre au noir
Carlos Soldevila
L’humeur du Web est au noir. Depuis la crise des point com, il y a bien eu ici et là quelques nostalgiques de la première heure qui se sont dit: "Eh bien, c’est tant mieux! Qu’ils crèvent tous! Nous allons revenir à l’idée première d’Internet: un Internet non commercial, fait avec peu de moyens et sans intérêt pour le profit." Le problème, c’est que ce Net-là n’existe plus que dans les souvenirs d’une génération qui s’est fait prendre au jeu de l’utopie et de la révolution.
D’accord, les arrivistes en quête de millions ont plié bagage; quelques vieux utopistes résistent encore dans leur coin et une nouvelle génération de rêveurs se pointe le bout du nez. Mais malgré cela, tout indique que les grosses méchantes compagnies sont bel et bien là pour rester. Au train où vont les choses, on pourrait même dire que ce sont les seules qui pourront se permettre le luxe de rester.
Quand un eToys.com, un marchand de jouets sur le Net, a fait faillite, on a à peine versé une larme. Quand Napster s’est fait acheter, on en a versé deux: une pour la révolution musicale ratée, et l’autre pour la fin du libre accès. Quand toutes ces jeunes pousses attirées par l’appât du gain se sont retrouvées sans le sou, on s’est dit que c’était bien mérité (après tout, on les a tous un peu enviées, ces entrepreneurs avec leurs lofts et leurs Porsche Boxter). Mais quand les pionniers de l’information indépendante sur le Web ont commencé à perdre des plumes, quand leurs sites se sont mis à fermer ou à être engloutis par de grandes corporations, on a compris que c’était la fin d’une époque. Comme quoi, même s’ils attirent encore de nombreux lecteurs, les premiers magazines indépendants du Web ont désormais du plomb dans les pixels. Tellement qu’ils piquent du nez les uns après les autres.
En peu de temps, une série de pionniers du Web se sont éteints, laissant nos signets sans réponse. Automatic Media, éditeur des webzines Suck.com, Feed.com et du tout nouveau babillard Web Plastic.com, a dû placer une pancarte "À vendre" sur ses sites. Et il y a Salon.comqui s’est déjà mieux porté… L’Hexagone n’est pas en reste: il y a eu Nouvo.com, et c’est désormais l’excellent Transfert.net qui éprouve de sérieuses difficultés financières. Au Québec, à part quelques livres comptables sur les tablettes de Quebecor, on ne retrouve plus grand-chose de l’esprit de Netgraphe. Il reste le réseau Branchez-vous! (qu’on peut désormais appeler Branchez-vous-sur-le-respirateur-artificiel.com), qui vivote après une entrée boursière ratée, alors que la Bourse était en pleine dégringolade. Et le Groupe Électrogène, qui résiste grâce à la formule d’abonnements, mais dont le site Le Lien multimédia, réservé aux seuls membres payants, se consacre davantage maintenant à l’industrie qu’à autre chose, reléguant le meilleur de lui-même à sa version imprimée (l’excellent magazine Convergence).
Si l’humeur du Net indépendant est au noir, il n’est pas mort pour autant. Indymedia.org et quelques autres sites se démarquent de leurs prédécesseurs par leur ton beaucoup plus radical. On a pris l’indépendance au mot au lieu de vouloir trouver des niches spécialisées à l’odeur de conformisme branché. Pour ce qui est de la durée, gage de réussite, elle ne sera vraisemblablement réservée qu’aux grands conglomérats de l’information qui peuvent, encore, se permettre de perdre quelques millions de dollars sans devoir tirer la plogue.
MP3 Pro
C’est cette semaine que sera dévoilé le nouveau format de compression musicale MP3 Pro. Réalisé par Thomson Multimedia et le Fraunhofer Institute (instigateurs du format MP3 actuel), le MP3 Pro proposera une qualité sonore plus proche de celle du CD tout en diminuant de moitié la taille du fichier informatique qui portera son nom. Donc, un son de meilleure qualité qui se téléchargera deux fois plus vite. Rien pour rassurer la RIAA (Recording Industry Association of America) ou les consommateurs… En effet, si les lecteurs MP3 actuels pourront décoder les MP3 Pro, tout indique que votre désormais vétuste lecteur devra se contenter de cracher des décibels de mauvaise qualité. Autrement dit: si vous venez de débourser 400 dollars pour le dernier lecteur MP3 portatif, ou pour un lecteur DVD permettant la lecture de MP3, eh bien, vous venez de sauter dans le mauvais train technologique sans pouvoir acheter de billet de retour. À suivre.
Audiogalaxy
Vous en avez marre de ne plus rien trouver qui vaille sur Napster? Essayez le site Audiogalaxy.comSi, comme Napster, ce site offre de ne télécharger que des pièces libérées de droits d’auteur, il propose, en revanche, grâce à un moteur de recherche, de trouver les sites qui vous permettront de télécharger gratuitement les pièces qu’Audiogalaxy ne peut garder sur ses propres serveurs. Une façon originale de contourner l’industrie qui saura plaire aux nostalgiques.