John Lee Hooker (1917-2001)
Société

John Lee Hooker (1917-2001)

Le patriarche bleu est mort. Le trépas du "King of the Boogie" ne confirme qu’une chose: John Lee Hooker était une figure mythique du blues il l’incarnait, le personnifiait.

C’est dans le sous-prolétariat du ghetto de Black Bottom à Detroit, durant les années 40, qu’on a vu sa grande singularité: le côté hypnotique de sa musique, les riffs de guitare obsédants, la semelle du chanteur frappant sur une planche placée là exprès, et une voix tendue à la sensualité exacerbée. Champion des ventes de "race records", il a donné au blues des titres comme Boogie Chillen, Boom Boom, Dimples, toutes des musiques à la fois électriques et "down home".

La gloire épanouie des années 70 et 80 lui a permis de créer un nouveau personnage, celui de patriarche du blues, homme de sagesse et d’expérience. Montréal l’accueillera au Soleil Levant de Doudou Boicel et au CEPSUM en 1980, lors d’un marathon blues organisé par le FIJM, qui le réinvitera en 1992. Le disque de la rédemption, The Healer, aura permis que le blues terrien du vieux griot se retrouve tout en haut de l’affiche. Il vécut paisiblement ses dernières années dans sa maison de Redwood City, dans la baie de San Francisco, entouré de trophées, disques d’or et photos-souvenirs, entre le tournage d’un clip et celui d’une pub.

John Lee Hooker aura vu ses efforts récompensés au terme d’un demi-siècle d’une vie de bluesman incroyablement fertile, accédant au rang de millionnaire à l’âge où d’autres prennent habituellement leur retraite.