Nouveaux médias : Portail de la haine

Après l’affaire de vente aux enchères d’objets nazis sur un site de Yahoo!, voici que les Français répliquent en s’en prenant à Front14.org, un portail raciste américain qui offre, en plus de nombreux liens vers des sites racistes, un service d’hébergement Web pour Blancs seulement.

Front14.org, qui s’autoproclame "the best of online hate" (le meilleur de la haine en ligne), gère une quinzaine de sites aux idées bien arrêtées. La page centrale de Front14.org, en plus d’une photo de famille typiquement aryenne, propose un court texte expliquant sa philosophie corporative: "Plusieurs personnes blanches n’ont ni le temps ni l’énergie pour héberger leur propre site et c’est pourquoi ils s’inscrivent à Geocities, Angelfire, etc. Mais ces services d’hébergement gratuits (qui vous bombardent de publicité) ont adopté un politique anti-Blancs agressive. C’est pourquoi nous proposons une solution de rechange pour les Blancs qui sont fiers de l’être, afin de servir leurs intérêts." Parmi les sites hébergés gratuitement par Front14.org, on trouve, Whitepowermusic.com, White Order, White Racialist Women, Blood and Honour, National Socialist Movement et, bien sûr, des tonnes de liens vers des sites tels que le National Knights of the Ku Klux Klan.

On le comprendra, les groupes antiracistes n’ont pas tardé à fourbir leurs armes. Déjà, en Suisse, un petit groupe nommé Les Enfants de l’Holocauste a réussi à convaincre les principaux fournisseurs de services Internet de filtrer le site Front14.org. Samuel Althof, des Enfants de l’Holocauste, reconnaît dans un article paru dans le quotidien Libération que les filtrages n’empêchent pas de bloquer systématiquement l’accès à des sites tels que Front14.org: "C’est vrai que le filtrage ne permet pas de bloquer complètement l’accès au portail de la haine. Mais ce qui est important, c’est que la volonté politique des autorités s’exprime pour dire que cette propagande nauséabonde doit être interdite. Et c’est important que les opérateurs privés prennent leurs responsabilités."

En France, le groupe J’accuse et six autres organismes ont repris le flambeau suisse en s’en prenant à Front14.org devant le tribunal de grande instance de Paris. Les accusés sont l’AFA (Association française des fournisseurs d’accès) et l’hébergeur américain de Front14.org.

Si l’affaire fait couler autant d’encre de l’autre côté de l’Atlantique, on est en droit de se demander pourquoi les groupes antiracistes d’ici demeurent aussi silencieux sur le sujet. Parce que faute de réussir à fermer ce site, ils pourraient à tout le moins soulever le débat concernant la censure sur le Net. Faut-il, d’ailleurs, censurer ce type de sites ou plutôt pencher du côté de la liberté d’expression tous azimuts telle que défendue par des groupes américains comme le très respectable Electronic Frontier Foundation (www.eff.org)?

Le débat est lancé sur notre site Web.

Filtrer la porno
La porno sur Internet, si elle se retrouve rarement au banc des accusés, est néanmoins aussi l’objet de multiples tentatives de filtrage. La semaine dernière, les dirigeants de Google ont voulu faire état de leurs travaux sur le sujet.

L’objectif de Google: permettre aux usagers de filtrer les photographies à contenu pornographique. Résultat? Plus que mitigé, selon les experts qui ont fait l’essai d’une version non définitive d’un nouveau moteur de recherche pour images seulement.

Le problème, c’est que de nombreuses images à caractère pornographique réussissent à se frayer un chemin vers votre ordinateur, même quand vous essayez un mot-clef qui n’a rien à voir avec la porno! "Le filtre enlève beaucoup d’images pour adultes, mais nous ne pouvons garantir que tous ces contenus seront filtrés à 100 %", peut-on lire sur le site de Google. De plus, ce filtre ne "fonctionne" (ou pas) que dans la langue de Shakespeare…

Filtrer la musique
Un filtre Internet, ça ne marche pas? Ne posez surtout pas la question aux dirigeants de Napster! Le filtre qu’ils ont installé sur leurs serveurs pour empêcher le téléchargement de pièces musicales soumises aux droits d’auteur est tellement efficace que Napster a tout simplement été vidé de son contenu!

Selon Webnoize, une firme de recherche indépendante, les usagers de Napster partageaient en moyenne 220 pièces en février dernier. Aujourd’hui, le nombre de pièces partagées par chaque utilisateur est tombé à… 1,5! De plus, des 1,57 millions d’utilisateurs l’hiver dernier, Napster n’attire plus, en moyenne, que 320 000 usagers. Le logiciel de filtrage développé et utilisé par Napster s’attarde autant au nom des fichiers musicaux qu’aux propriétés acoustiques propres à chacune des pièces.