![Breuvages biologiques : Boisson d'eau douce](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2012/01/9754_1;1920x768.jpg)
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Breuvages biologiques : Boisson d’eau douce
Suivant l’engouement pour les "produits santé", l’entreprise québécoise Internova inaugurait le 31 mai dernier, à Val-Bélair, une usine de breuvages biologiques. Faits à base de soya et de céréales ou de riz, ceux-ci se veulent une alternative au lait et au jus.
Denoncourt Frédéric
En parallèle (ou en réaction) au combat contre la malbouffe (néologisme que l’on doit à José Bové) en alimentation, impliquant les OGM et les produits chimiques utilisés en agriculture, ou encore les hormones de croissance ou antibiotiques injectés à certains animaux de boucherie, est apparue dans de nombreux pays, depuis quelques années, une demande croissante en faveur d’aliments sains ou biologiques. L’appellation biologique (à ne pas confondre avec celle d’aliments naturels, notion qui demeure floue), rigoureusement définie, réfère à des normes précises; les aliments doivent, entre autres, être exempts d’OGM, de résidus d’insecticides, d’herbicides ou d’engrais chimiques.
Oscillant à l’heure actuelle entre 20 et 25 % au Québec, au Canada et en Europe, l’augmentation annuelle de la demande pour les produits biologiques pourrait atteindre les 40 % aux États-Unis et au Japon au cours des années à venir. En dollars, cela représente, pour le marché québécois, des ventes de 100 millions $ en 1999; aux États-Unis, ce chiffre atteignait les 9 milliards $ pour la même année, alors que pour l’Europe, c’est 30 milliards $ de recettes qui furent enregistrées en l’an 2000.
C’est dans cette mouvance que s’inscrit l’implantation de l’usine de breuvages biologiques, que l’entreprise Internova inaugurait récemment à Val-Bélair. Offerts en 18 saveurs différentes, ces breuvages faits à base de riz ou d’un mélange de soya et de céréales, tels le sarrasin, le migué ou la marante, sont déjà disponibles dans la plupart des magasins d’aliments naturels de la région de Québec. Le président d’Internova, Michel Gilbert, se montre confiant quant au succès du produit. "Conscients que les gens sont de plus en plus soucieux de leur santé, nous produisons des aliments dits fonctionnels, c’est-à-dire qui ont une valeur nutritive allant au-delà des fonctions nutritionnelles de base, en favorisant le bien-être à long terme. Par exemple, les phyto-oestrogènes contenus dans le soya favorisent la régularité hormonale et peuvent aider à temporiser les effets néfastes de la ménopause et de l’andropause, tout en contribuant à réduire, chez les femmes, l’incidence du cancer du sein et, chez les hommes, celle du cancer de la prostate. Pour ce qui est des breuvages au riz, les propriétés hypoallergéniques de la céréale en font un aliment quasi universel, que tous peuvent consommer."
La diététicienne Johane Simard, de Alimage, voit d’un bon oeil l’arrivée de ces nouveaux produits et corrobore en bonne partie les propos de M. Gilbert quant aux vertus préventives de ces breuvages. "Le lait, pour un, subit beaucoup de transformations de nos jours, ce qui fait que des gens développent des intolérances; on craint même qu’il ait une incidence sur le cancer de la prostate. Dans ce contexte, ces breuvages alternatifs sont bienvenus. Les plus nourrissants seront à coup sûr ceux combinant le soya et les céréales, car, dans le cas des aliments végétaux, on doit combiner céréales et légumineuses pour avoir une protéine complète, alors que les produits animaux sont complets en eux-mêmes." Madame Simard tient à rappeler que la clé demeure la variété et la modération en alimentation.
M. Gilbert enchaîne en nous assurant que le produit n’aura rien à voir avec l’huile de foie de morue d’antan. "Les breuvages seront savoureux, on ne veut pas que les gens aient l’impression de prendre un médicament. Ils seront disponibles en plusieurs saveurs, allant du café à l’amande à la pêche-poire, en passant par la vanille française et plusieurs autres." Pour ce qui est de la consistance, n’ayez crainte, le produit devrait être comparable au lait 2 %, nous assure M.Gilbert.
Aussi, la garantie biologique offerte s’étend-elle au-delà de la sélection des aliments de base, incluant l’ensemble du processus de production? "Tous nos procédés de fabrication sont certifiés biologiques. Aucun produit chimique ou synthétique n’entrera dans l’usine et si, par malheur, il s’y trouvait des rats, ils seraient capturés avec des cages."
Prévisions périphériques
Par ailleurs, on devine sans peine les immenses besoins en eau d’une telle usine, qui prévoit en consommer autour de 50 millions de litres annuellement. Est-ce que cela aura une incidence sur le réseau public d’aqueduc? "Non, car nous nous approvisionnerons à même la source du mont Bélair, dont l’eau est d’une qualité inégalée en région; c’est d’ailleurs ce qui a motivé le choix du site. Un camion-citerne fera la navette entre la source et l’usine, où on remplira des silos de 90 000 litres", nous dit M.Gilbert.
Sur le plan des emplois créés, 25 personnes y travaillent en ce moment, mais la croissance projetée laisse entrevoir de nouvelles embauches. "Nous augmenterons considérablement notre capacité de production d’ici la fin de l’année ou le printemps prochain, ce qui fait qu’une dizaine de postes seront à combler; ce seront des emplois très spécialisés et très bien rémunérés."
En ce qui a trait au marché visé, les ambitions sont relativement modestes au départ quant à son étendue; il inclut le lucratif marché américain (46 %), le Québec et le Canada (40 %) et les Caraïbes (14 %). L’entreprise tentera éventuellement de percer les marchés japonais et européen. D’autre part, M. Gilbert tient à rappeler que la plupart des produits de base, que ce soit le soya ou le sarrasin, proviennent du Québec. "Aussi, on prévoit que nos besoins à venir entraîneront une hausse de 5 000 âcres au Québec, ce qui équivaut à environ 9 ou 10 fermes." Sur la question des revenus appréhendés de cette entreprise, notre interlocuteur a préféré demeurer discret.
Du côté du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Arthur Marcoux nous apprend qu’il existe actuellement, au Québec, 700 producteurs ou entreprises certifiés biologiques qui se partagent les 2 % de marché. "Les dernières statistiques, datant de 1999, indiquent que le marché des produits biologiques représentait 100 millions $ au Québec, mais aujourd’hui, c’est encore plus, car le Québec a joint la vague et l’engouement de la population est réel." Néanmoins, les marchés étrangers, souvent plus lucratifs que le marché domestique, sont très attrayants pour les producteurs. "Une des caractéristiques de l’agriculture québécoise est que la plupart de ses produits sont exportés sur les marchés américain et européen, alors qu’inversement, nous importons un très haut pourcentage de ce que nous consommons." Reste à savoir si la tendance s’infléchira un peu avec l’arrivée de ces nouveaux produits.