Ou s'en vont les manifs?
Société

Ou s’en vont les manifs?

Il fallait peut-être s’y attendre. L’escalade des moyens d’intervention des policiers, conjuguée aux rassemblements de manifestants de plus en plus importants, est devenue un cocktail explosif. Résultat: au Sommet du G8, à Gênes en Italie, un jeune manifestant italien de 23 ans, Carlo Giuliani, a été tué par un policier. Un incident déplorable. Et c’est sans compter la descente surprise et répressive de la police italienne au centre de coordination anti-mondialisation Genoa Social Forum (92 arrestations et une quarantaine de blessés). D’un côté comme de l’autre de la barricade, une réflexion profonde est de mise. Les groupes de manifestants doivent-ils continuer à tolérer et ne pas dénoncer les plus radicaux? Ces derniers emploient-ils des moyens légitimes? Les forces de l’ordre et les gouvernements doivent-ils permettre le déploiement de tels moyens répressifs, aussi impressionnants que provocants?

De toute évidence, les sommets prendront désormais deux tendances. La première, c’est celle du premier ministre Jean Chrétien: il désire tenir la prochaine rencontre du G8 dans un coin perdu des Rocheuses, donc tenir les sommets à l’abri des manifestations et des regards tellement indiscrets de la société civile… Autre exemple, la rencontre à venir de l’Organisation mondiale du commerce se tiendra au Qatar, un pays isolé près de l’Arabie Saoudite. Le tout, afin d’éviter les débordements. Est-ce un moyen de mettre fin à la violence?

La seconde, c’est celle du président français Jacques Chirac: il souhaite que des organisations non gouvernementales, du moins des groupes de la société civile, prennent part à ces sommets, au même titre que les dirigeants politiques ou même les chefs d’entreprise. Une initiative intéressante ou naïve?

Une chose est sûre: malgré tous les événements qui viennent de se dérouler, le mouvement antimondialisation, qui gagne sans cesse des adeptes depuis Seattle, ne s’évanouira pas de sitôt. À moins que le vent tourne. Mais ça…