![Le monde en 2025 : Le début d'un temps nouveau?](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2012/01/9982_1;1920x768.jpg)
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Le monde en 2025 : Le début d’un temps nouveau?
À quoi ressemblera le monde en 2025? Vivrons-nous dans l’espace? À quand les voitures volantes? Ce sont quelques-unes des questions que les "lologues" de la World Future Society se sont posées lors de leur grand-messe annuelle, à Minneapolis.
Steve Proulx
Photo : Mathieu Bélanger
Depuis 1966, les membres de la World Future Society tentent de prédire l’avenir. Un exercice de style qui, selon eux, "guide l’humanité vers les bons choix à prendre pour décider aujourd’hui dans quel monde nous voulons vivre demain". Humbles préoccupations.
Lorsqu’on sait que le voyage sur la Lune s’est organisé en neuf ans et que le boum du Web n’a pris que sept ans à se réaliser, on se demande comment on vivra en 2025, dans 24 ans seulement. On risque d’avoir de sérieuses surprises. Probablement…
"Probablement" a été le mot le plus entendu à Minneapolis. Parce que le "futurisme" est la science de l’inobservable. Pour un scientifique, étudier ce qui n’existe pas ne peut se faire sans dangers. Il arrive encore qu’on se trompe à propos d’observations tangibles, comment ne pas se méprendre à propos du futur? D’où l’utilisation abusive du rassurant "probablement": "Nous vivrons probablement ainsi, nous mangerons probablement cela, etc."
Lors de cette fiesta de futuristes, en marge des "probabilistes", d’autres participants abordent l’avenir sans équivoque. On traite le futur d’un point de vue spirituel, cosmique, presque dogmatique… Drôle de mélange. D’un côté, c’est le festival des probabilités et, de l’autre, on se tient par la main pour faire de la méditation collective. Qu’ils soient ésotériques, scientifiques, moralistes ou alarmistes, les scénarios futuristes sont aussi variés que l’imagination humaine est fertile…
Si la tendance se maintient…
Comme 2025 est une date assez rapprochée, il est simple de prédire à quoi ressemblera le monde… si la tendance se maintient. Joseph C. Coates, un éminent futuriste présent à Minneapolis, déclarait: "Les grandes tendances d’aujourd’hui vont probablement affecter plusieurs petits aspects de nos vies." Il est indubitable que le vieillissement des baby-boomers changera le marché du travail et le domaine de la pharmacologie. D’un autre côté, le fait que le télétravail occupera plus de 40 % de la population active risque de modifier notre façon de nous vêtir (investissez aujourd’hui dans le marché du pyjama!), de consommer et de voyager.
En passant, oubliez les visions futuristes des films de science-fiction. Nous ne vivrons pas dans l’espace, nous ne serons pas tous habillés de la même façon et nous ne mangerons pas de pilules pour dîner. En fait, contrairement aux clichés hollywoodiens, le futur ne sera pas en totale discontinuité avec le passé. Regardez dehors: il y a encore des "matantes" qui se coiffent comme dans Ma sorcière bien-aimée, et des "mononcles" qui roulent en "minoune". On ne réinventera pas le monde en 25 ans! Les cultures et les sociétés de 2025 seront décorées de références aussi "multitemporelles" qu’elles le sont aujourd’hui. Si vous avez vu le film Thomas est amoureux, c’est probablement celui qui propose l’image la plus plausible d’un avenir rapproché: multiculturalisme, recherche d’appartenance, découverte sexuelle, écologie Internet, tout y est! Regardons comment certains grands domaines devraient évoluer, lors des prochaines décennies…
Génération post-moderne
Ceux qui sont nés entre 1975 et aujourd’hui régneront en maîtres en 2025 puisqu’ils formeront la population adulte, celle qui vote, qui travaille et qui paie des taxes. Selon J. C. Coates, parmi les valeurs des post-modernes, "le travail est la moins importante, et le divertissement, la plus importante. Les amis prennent plus de place alors que la famille perd quelques points, tout comme la religion."
D’ailleurs, comme près de la moitié de la population active travaillera à partir de la maison, les banlieues et les régions rurales devraient connaître un boum sans précédent, puisque tout ce beau monde n’aura plus vraiment besoin de se rendre à l’usine…
Le pouvoir rose
Toujours dans le monde du travail, le XXIe siècle sera le siècle des femmes.Des études en ressources humaines révèlent que les femmes, de par leurs atouts innés, battent les hommes sur tous les plans en ce qui a trait aux aptitudes recherchées chez les cadres supérieurs ou le personnel exécutif. Toujours selon J. C. Coates: "C’est un fait biologique: les femmes sont meilleures sur le plan des relations interpersonnelles, elles s’intéressent davantage aux gens et ne sont pas coincées dans un modèle de pouvoir dictatorial. Elles fonctionnent sur un modèle tout à fait différent." À quand la première femme à la tête des États-Unis?
Sex and the city
Le sexe? Parlons-en! En 2025, 60 % de la population mondiale vivra dans des centres urbains. Or, la ville est l’endroit où l’expérimentation et la diversité des comportements sexuels surviennent. C’est le phénomène des quartiers gais… Mélangeons des villes de plus en plus populeuses avec des moyens de communications évolués (Internet) et l’ouverture grandissante des jeunes face aux questions sexuelles: l’expérimentation n’est pas sur le point de s’arrêter! Il est aussi prouvé que l’activité sexuelle commence plus tôt (les jeunes ont leur première relation sexuelle vers 13-14 ans) et se termine plus tard (grâce à de belles inventions comme le Viagra). Cette plus longue période d’activité sexuelle est propice à l’émancipation et tout ceci ne risque malheureusement pas de diminuer le nombre de personnes qui contracteront, un jour ou l’autre, une MTS.
Le transport intelligent
Du sexe, passons à la voiture, puisque les deux se vendent de la même façon. Les autos hybrides existent déjà et devraient connaître un franc succès dans un avenir rapproché. La propulsion hybride utilise deux formes d’énergie: l’essence, pour prendre de la vitesse, et l’électricité, utilisée pour maintenir une vitesse de croisière. La diminution d’émission de gaz carbonique dans l’atmosphère, grâce à ces nouveaux véhicules, devrait aider à réguler quelque peu le réchauffement terrestre.
Quant à l’automobile de 2025, elle risque plutôt d’être un "robot autonome voué aux transports des individus". Cette migration se fera probablement de façon très progressive; mais il est indubitable que tous, un jour, auront une voiture qui pourra recevoir des commandes vocales et se diriger à l’aide du GPS. "Ramène-moi à la maison, Chevy!" Cette voiture sera sécuritaire, puisque tous ses systèmes de détection d’obstacles seront au moins trois fois plus rapides que le réflexe humain.
Dans le domaine des transports en commun, la grosse innovation est probablement le train ultra-rapide à lévitation magnétique (maglev). Ce type de train peut atteindre des vitesses allant jusqu’à 400 km/h. Comme beaucoup de personnes utilisent la voiture pour de longues distances, le maglev risque d’imposer une sérieuse compétition…
Consommation: le siècle des bits
Comment ne pas parler des technologies de l’information? Le développement continu du Web et du eCommerce fera naître un phénomène assez particulier: on consommera moins d’atomes (objets physiques) et plus de bits (objets numériques): logiciels en réseau, transactions boursières en ligne, films à télécharger, etc. C’est évident: le commerce électronique va changer complètement notre façon de magasiner, de négocier et d’acheter. D’ailleurs, d’après Adam Smith, le père du capitalisme, le commerce électronique serait la condition manquante à la loi de la concurrence pure et parfaite: nous avions déjà un grand nombre d’acheteurs et un grand nombre de vendeurs, le eCommerce apporte l’information qui permet à tous les acheteurs de connaître l’ensemble des prix proposés pour un même produit…
L’éducation
Pour J. C. Coates, "le système actuel est un désastre: il n’est pas capable d’atteindre des standards raisonnables en éducation. Il faut que l’école se réoriente pour apprendre aux jeunes des choses qui seront plus en mesure de leur servir, dans le futur". Coates propose d’ailleurs des cours de biologie, d’histoire et de langues dès le premier cycle du primaire. Selon lui, 30 % des actuels professeurs devraient être renvoyés… "Dumb people are teaching smart people", dit-il. Sans commentaires. L’école du futur devra aussi gérer des élèves de plusieurs nationalités et de plusieurs cultures.
Pour le bien de vos gènes
Le plus gros changement qui affectera le monde de la santé est sans aucun doute la génétique. Lorsque le projet du génome humain sera complété, il sera désormais possible de connaître la nature même de toutes les maladies. Mais il y a un pas technologique à franchir avant de pouvoir toutes les guérir…
De plus, obtenir un diagnostic sur son état de santé se fera à l’aide d’appareils domestiques. On traitera les maladies en fonction de sa propre carte génétique. Par exemple, si l’on connaît l’ADN d’un individu dès sa naissance, il sera possible de savoir que cette personne devrait être atteinte d’un cancer vers l’âge de 50 ans. Tout au long de sa vie, on lui administrera donc des médicaments très précis pour éviter justement de contracter ce cancer. De plus, grâce à l’ingénierie des tissus, des organes synthétiques devraient aussi apparaître: la peau artificielle existe déjà, on aura du sang artificiel et, dans un avenir plus éloigné, des organes artificiels (coeur, poumons, reins).
De la viande sans viande
Au XVIIIe siècle, 70 % de la population active travaillait dans le domaine de la production alimentaire. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un maigre 3 %. Pourtant, peu de gens (en Amérique) souffrent de malnutrition… Les technologies qui entrent dans la production alimentaire se sont évidemment développées et notre prochaine entrée dans l’ère spatiale apporte de nouveaux problèmes qu’il faudra résoudre. Lors d’un long voyage sur Mars, par exemple, il sera impératif de pouvoir produire de la bouffe de façon locale. Vladimir Mironov, président de Cardiovascular Tissue Technologies, propose une façon originale de "fabriquer" de la viande. La recette: on prend quelques cellules animales mélangées à un scellant (comme du collagène) pour créer des microsphères. Ces microsphères seront placées dans un bio-réacteur où elles pourront se multiplier et former, ultimement, de la viande! Selon Mironov, "la création de tissus n’est pas de la manipulation génétique: nous ne fabriquons pas de nouvelles espèces, nous recréons simplement une copie exacte d’un tissu animal". Le jour n’est pas venu où l’on acceptera de manger ce type de viande, mais ça fera quand même partie de notre futur…
World Future Society: www.wfs.org
Time Capsule: www.futurepkg.com