![Congrès et Sénat américains : Le temps à l'appui](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/12/10341_1;1920x768.jpg)
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Congrès et Sénat américains : Le temps à l’appui
Le président américain a obtenu un appui sans limites de son Congrès la semaine dernière. Pas si sûr que cela. Un entretien avec un employé de l’ombre au Sénat nous laisse entrevoir, au-delà du discours officiel, le doute, la peur, la haine…
Baptiste Ricard-Châtelain
"Les sénateurs et le Congrès ont le pouvoir exclusif d’entériner une déclaration de guerre… Et ils ne l’ont pas fait pour l’instant."
Dave Lackey, le porte-parole de la sénatrice Olympia Snowe (Maine) depuis plus de sept ans, tient à le préciser: la permission faite au président George W. Bush "d’utiliser la force nécessaire" ne signifie pas encore que la guerre ait officiellement débuté.
Mais le pas à franchir semble bien petit. "Clairement, tous les membres du Congrès convergent comme ça ne s’est jamais vu auparavant, tel un laser sur le problème du terrorisme. Et cette lutte ne fait que commencer. Finalement, nous rebondirons, nous nous relèverons et nous combattrons."
Vous êtes favorable à une contre-attaque très musclée? "Il y a eu une réponse unanime [du Congrès] afin de donner au président l’autorité nécessaire pour répondre dès que les coupables auront été identifiés."
Ainsi, si ténu soit le dernier obstacle à franchir avant l’affrontement ultime, on découvre que l’incertitude sur l’identité de l’ennemi pèse très lourd sur la conscience de notre interlocuteur… et freinerait les ardeurs de sa patronne même si elle est dans le camp républicain, le camp de Bush. "Bien entendu, nous disposons d’indices, à ce moment-ci. Mais je crois qu’il y a encore beaucoup de travail à faire avant que nous connaissions sans aucun doute d’où est venue cette attaque. Nous avons des pistes dans ce dossier, et probablement que plusieurs sont bonnes, mais nous ne disposons d’aucune confirmation."
Et, plus que le désir de vengeance, la volonté de faire plonger tous les pays "libres" semble particulièrement importante. À de nombreuses reprises, M. Lackey insiste sur ce point, tandis que, dans le monde, de plus en plus de voix appellent à la retenue. "L’OTAN est d’accord avec ça. C’était une attaque dirigée contre les alliés. Nous devons être soudés, rester un pour protéger notre liberté et nos droits. Parce que sans cela, nous serons tous, à jamais, apeurés par la possibilité de revivre de telles attaques."
"On ne compte même plus les pertes en dizaines, en douzaines, voire en centaines de morts, mais en milliers de vies humaines. C’est une attaque qui fait paraître [celle de] Pearl Harbor bien petite. Non seulement cela mais, en plus, l’attaque n’était pas dirigée contre nos installations militaires mais contre nos civils. C’est une attaque sans précédent contre des civils et deux édifices symboliques dans notre ville la plus grande.
"C’est quelque chose qui ne peut être accepté. La sénatrice Snowe, les membres du Congrès, le président, nos alliés partout dans le monde, l’OTAN ne resteront pas figés. Nous nous battrons main dans la main aussi longtemps que nous ne pourrons garantir notre liberté et notre sécurité." Une lutte de longue haleine donc, qui devra à tout prix être soutenue par la communauté internationale.
Avec eux ou contre eux
Puis, le ton de M. Lackey, qui ne détient toutefois pas le pouvoir, rappelons-le, se durcit. "Le président et les autres devraient s’assurer qu’il est clair qu’il s’agit d’un combat dans lequel les nations seront avec nous ou elles seront contre nous. Il n’y a pas de terrain neutre quand il est question de terrorisme.
"Les pays qui abritent les terroristes abritent des fusils et des armes de destruction massive dirigées contre les États-Unis et les pays alliés de l’OTAN. Nous ne resterons pas les bras croisés. Nous les combattrons."
Une mise en garde on ne peut plus claire mais dont les fondements sont difficilement déchiffrables. Est-ce que ces propos sont totalement rationnels ou tenus sur le coup de l’émotion? M. Lackey sortait d’une cérémonie religieuse lors de notre entretien. Les cloches sonnaient encore.
En plus, il était dans l’édifice situé en face du Capitole, le siège du Congrès, lors des attentats. "J’étais avec la sénatrice Snowe en train de réaliser une entrevue avec le Washington Post. On s’est immédiatement arrêté pour regarder la télé puis elle a pris la décision de tous nous faire sortir. […] La panique s’est emparée de nous. Encore plus lorsqu’on a appris que des attaques se produisaient dans plusieurs lieux différents.
"Au même instant, un policier du Capitole nous a dit qu’en même temps que tout le monde était évacué, il y avait des informations voulant qu’un avion ne soit qu’à 20 minutes de Washington et qu’il pourrait avoir pour cible le Capitole. Ça a vraiment rendu la situation très pénible."
D’autant plus que les sénateurs et leur entourage n’auraient pas de bunker où se cacher. "Mais les membres du Congrès ont été conduits en lieu sûr. La plupart des sénateurs et des représentants sont allés dans leur maison. D’autres sont tout simplement allés dans des restaurants…"
Néanmoins, bien que tourmenté, M. Lackey doute que le conflit appréhendé puisse dégénérer. "Je crois que l’union des forces des États-Unis avec celles de l’OTAN, les alliés incluant le Canada, va [être] un succès, que nous allons vaincre ces puissances terroristes."
Que fera sa sénatrice d’ici là? "L’un des premiers objectifs sera de rehausser la sécurité dans le transport aérien." Il appert que Mme Snowe siège au sous-comité sur l’aviation.