Médias : La parole aux enfants
Société

Médias : La parole aux enfants

Depuis une semaine et demie, on a l’impression que le monde s’est arrêté pour suivre les développements entourant les attentats perpétrés sur le sol américain. Dans les circonstances, parler de la couverture médiatique de cette tragédie, c’est un sujet fort banal. Qu’un réseau ait fait ceci ou cela, ça ne change pas grand-chose

Depuis une semaine et demie, on a l’impression que le monde s’est arrêté pour suivre les développements entourant les attentats perpétrés sur le sol américain. Dans les circonstances, parler de la couverture médiatique de cette tragédie, c’est un sujet fort banal. Qu’un réseau ait fait ceci ou cela, ça ne change pas grand-chose. Attardons-nous plutôt à deux initiatives toutes simples, qui ont apporté un éclairage différent sur les événements. En fait, ces deux émissions, destinées à un jeune public, ont même attiré l’attention des adultes les plus cyniques et les plus désabusés.

Tout d’abord, jeudi soir à la radio de Radio-Canada, l’animatrice d’Ados Radio, Dominique Payette, a demandé à ses auditeurs s’ils avaient remarqué une recrudescence de l’intolérance envers les jeunes d’origine arabe dans leurs écoles. La tribune a donné lieu à des témoignages émouvants d’ados qui ne comprenaient pas pourquoi, eux ou leurs amis, subissaient les foudres de leurs camarades de classe. Comme le petit Gabriel, dont le père est marocain, qui passe vraiment un mauvais quart d’heure ces temps-ci. D’une manière simple et sans aucune complaisance, l’animatrice a recueilli les commentaires et a tenté d’expliquer, par le biais d’une entrevue avec Aline, une jeune Libanaise, ce qui se passe en ce moment. Pour une fois qu’on ne prend pas les ados pour des idiots; qu’on s’intéresse à ce qu’ils ont à dire, à ce qu’ils pensent. Eux aussi s0nt marqués par ces événements; et ce seront probablement eux qui vivront avec les conséquences des actes qu’on pose aujourd’hui. Chapeau à Dominique Payette et à son équipe.

Dans la même veine, sur les ondes d’ABC, il était fascinant de regarder en fin de semaine Peter Jennings (qui a effectué un boulot admirable pendant la couverture des attentats), les manches de chemise retroussés, recueillant les commentaires d’un groupe composé d’enfants et d’adolescents de toutes les religions et de tous les milieux. Ce qui est ressorti de cette discussion: que l’Amérique est plus forte par sa diversité, qu’il faut se serrer les coudes malgré les événements. Un message positif, qu’il faisait bon entendre, surtout avec la crainte dans laquelle on vit depuis les attentats. On l’oublie peut-être, mais le meilleur moyen pour endiguer l’intolérance, c’est encore l’éducation. Ces deux émissions l’ont prouvé avec beaucoup d’éloquence.

Région sauvage
Cette année, comme l’a claironné à plusieurs reprises la vice-présidente Michèle Fortin lors du lancement de la programmation, on veut laisser la place aux régions à Radio-Canada. On ne sait pas si c’est cette obsession qui a poussé la société d’État à diffuser un téléroman aussi soporifique que Rivière-des-Jérémie (mardi à 20 h). Si l’on se fie au premier épisode, l’automne devrait être long dans ce petit bled fictif de l’Outaouais. La série, écrite par Jean-Paul Le Bourhis, ressasse encore une fois les peurs et les appréhensions de villageois face à un nouvel arrivant qui débarque de Montréal. En plus de mettre en scène des personnages caricaturaux (le "gosseux" de bois, le pilote alcoolique, la secrétaire qui voit tout…), les dialogues sont à pleurer de banalité. Quand on entend des inepties comme "Si vous n’étiez pas ici, vous seriez sûrement dans un party rave en train de boire des smart drinks", ça donne le goût de décrocher assez rapidement.

Tant qu’à aller voir ce qui se passe en région, on vous conseille plutôt L’Or, la série à gros budget de Jean-Claude Lord, qui met en vedette Marina Orsini. Cette histoire de magouilles dans le monde des mines, qui se déroule en Abitibi, à Montréal et à Shangai, n’est pas si mauvaise qu’on aurait pu le redouter. On fermera les yeux sur les scènes de cul gratuites, pour retenir l’essentiel: il s’agit d’un récit plein de rebondissements avec des personnages bien campés. Surveillez les apparitions (trop rares) de Dino Tavarone en prospecteur bourru et aigri. Rires garantis. Lundi à 21 h.

Homophobie et patins à roulettes
Au cours de la prochaine semaine, Télé-Québec diffusera deux documentaires fascinants. Le premier, Rolling (lundi à 21 h), brossera le portrait d’Ivano Gagliardo, un Suisse de 24 ans, parti de rien, qui est devenu une vedette internationale de rollerblade. Le second, beaucoup plus dur, traitera de l’homophobie qui persiste dans le monde. Bien qu’on pense, ici, que les gais et les lesbiennes sont acceptés dans notre société, le film de Lionel Bernard montre qu’il existe encore des pays où les homosexuels sont tués, conspués, traités comme des moins que rien. Du président zimbabwéen Robert Mugabe aux preachers américains, Homophobie rappelle que la tolérance est loin d’être répandue partout. Le 27 septembre, à 21 h.

La fin d’un grand journal?
CanWest a annoncé lundi qu’elle supprimera 120 postes au National Post, pour éponger quelque peu les dettes de 4 milliards de dollars du journal. Les lecteurs devront donc faire leur deuil du magazine Saturday Night, une institution de plus de 100 ans, qui était inséré depuis un an dans les pages du quotidien; de l’information locale sur Toronto; et surtout de Review, l’une des meilleures sections culturelles au pays. Que restera-t-il après cette purge? La section économique et les éditoriaux à droite. Pas certain qu’0n suivra encore.

Des nouvelles de Bruno, suite et fin
La semaine dernière, on vous parlait de l’émission de Bruno Blanchet, mais on n’a pas donné la bonne heure de diffusion: N’ajustez pas votre sécheuse sera bel et bien présenté le mercredi à 21 h, à Télé-Québec, au lieu de 20 h 30, comme on vous l’avait annoncé.