Le Parti québécois a perdu deux comtés dans la dernière partielle. Sa majorité dans ceux conservés s’élève à plus ou moins 500 voix! Jonquière, le comté de Lucien Bouchard, est tombé aux mains du Parti libéral. Catastrophe symbolique? Catastrophe tout court, que l’on s’emploie à minimiser; c’est comme si Ottawa votait pour Gilles Duceppe. Et cela n’annonce assurément rien de bon pour l’option souverainiste du gouvernement. Si ceux-là n’en veulent plus, imaginez les Fidéens, les Trifluviens, les Outremontais… et criez: "Vive le Québec vide…"
Au matin du mardi 2 octobre, tout le monde s’accordait, Gilles Baril le premier, pour admettre que cette défaite dépendait de plusieurs facteurs aggravants.
Le désintéressement des Québécois pour l’option souverainiste…
L’absence de qualité d’écoute de la part de l’actuel gouvernement…
Des politiques franchement impopulaires… et tutti quanti.
Et pourquoi pas l’usure du pouvoir? Cet état pré-putréfactiel qui se sent de loin comme la carcasse d’un vieux putois accroché en juillet sous le traîneau du père Nowelle. Qui dégage comme le dessous de bras d’un p’tit vieux alité dans la section des soins de longue durée d’un hôpital déficitaire… depuis que Jean Rochon l’a décidé.
Tout le monde? Non, un petit Gaulois nommé Bernard Landrix résiste encore. Car Dieu sait pourquoi, comme le journaliste Michel Auger incapable de se souvenir du visage de son agresseur, l’acharné en chef du parti et accessoirement premier ministre du Québec est incapable de se rendre compte que, peu à peu, il creuse sa propre tombe. Pourtant, l’homme est intelligent. Ce doit être un traumatisme ancestral. Un blackout inconscient. Ou un relent de sa jeunesse gauchiste.
Ainsi a-t-on appris mardi que monsieur Landry, commentant les résultats de ces partielles, ne le prenait pas personnel.
Il a bien raison, le colonel Sanders n’égorge pas lui-même ses poulets et, comme se charge de le lui rappeler régulièrement l’opposition, sa responsabilité ne peut être qu’aussi limitée que sa légitimité dans la mesure où il n’a jamais été élu dans ses nouvelles fonctions.
Dans Jonquière, Lucien Bouchard vivait un état de grâce permanent, une sorte de sanctification sacrificielle que rien ni aucune politique ne venait sévèrement entamer au fil des ans.
Il en va tout autrement de Bernard Landry qui, déjà bien avant son accession au fauteuil de premier ministre, restait pour beaucoup le ministre des Finances honni qui avait plongé des milliers de Québécois dans une misère plus que passagère en visant subitement le déficit zéro. En faisant glisser son parti vers la droite. En finançant immodérément des entreprises comme GM ou Kenworth, histoire de sauver les apparences. En créant des emplois artificiels supra-subventionnés de toutes pièces afin de faire reculer de quelques fractions de point les catastrophiques statistiques sur le chômage.
Mais j’exagère; peut-être Landry a-t-il simplement mis les Québécois le nez dans le caca hérité d’années de bombance de cette vie à crédit qui fut l’une des spécialités du Parti libéral durant Bourassa. Peu importe, de toute manière, le Québécois n’aime pas ça.
Suite.
Toujours lors du même post mortem, monsieur Landry expliquait: "Nos politiques [sont] bonnes en soi, mais la population les comprend mal." Et d’ajouter qu’il "fallait les expliquer".
Read my lips. On pourrait tout aussi bien dire: "Chers électeurs, vous n’êtes pas d’accord! M’en fous. J’AI raison, mais vous n’y comprenez rien, bande de tarlats. On va vous rentrer ça dans la tête…" Méchante arrogance… Non?
Notre chef d’État-fantôme avait même une étrange théorie (qu’il développera assurément au fil des prochains jours) selon laquelle les attentats du World Trade Center ont eu une incidence sur le moral de ses partisans. Por qué? Voudrais bien savoir quel est le rapport.
À moins que le fait que le mot Canada ait été prononcé plus qu’à l’habitude durant les dernières semaines ou que la solidarité dont ont fait preuve de nombreux Québécois envers leurs voisins du sud les ait détournés de leurs velléités indépendantistes? Si ce genre de considération devait être prise en compte dans l’analyse du résultat de ses partielles, je ne vois pas pourquoi on n’exterminerait pas tous les papillons d’Argentine puisque, selon la théorie des fractals, un seul battement d’ailes du bel insecte peut finalement provoquer un ouragan à l’autre bout du monde. Ben oui, on rit comme on peut.
Désolé de me répéter, mais au lieu d’évoquer opportunément des notions de sécurité… financière, monsieur Landry ferait mieux de prendre en compte les réactions épidermiques des Jonquiérois et bientôt des habitants de tous les bleds du Québec face aux fusions forcées. Là-bas, on enrage encore plus là-dessus que ne le font les bons bourges de Sillery qui l’attendent de pied ferme pour venger une augmentation de taxes de 100 piastres par année. On rira des seconds qui décidément n’ont pas de penchant pour la solidarité sociale, mais on comprendra les premiers, ces Jonquiérois qui vont fusionner dans une grande entité nommée ville de Saguenay. Comment vous sentiriez-vous si, possédant quelque connaissance en vieux français, on vous traitait de Vil-Saguenéen?