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Médias : La mort vous va si bien
Frédéric Boudreault
Depuis quelques années, la chaîne payante HBO a mis à l’antenne quelques-unes de meilleures séries diffusées à la télé, qu’on pense à The Sopranos, à Sex and the City et à Curb your Enthousiasm. Maintenant, c’est au tour de Six Feet Under, série écrite par Allan Ball (American Beauty), de causer une véritable commotion dans le monde de la télévision. Et il y a de quoi: toute l’action se déroule dans une entreprise de pompes funèbres à Los Angeles. Après un succès monstre cet été, on propose enfin la version française: Six Pieds sous terre, sur les ondes de Super Écran.
Serait-on rendu cynique à ce point qu’on apprécie les péripéties d’une famille de croque-morts? Dans Six Feet Under, on se retrouve à des années-lumière de l’image que l’on se fait de cette profession. Si le sujet peut sembler, de prime abord, ennuyeux, Ball a pondu une série cinglante et lucide, en se servant de ce sujet particulièrement tabou comme point de départ. En fait, la mort devient ici un prétexte pour réfléchir sur la vie et, surtout, pour fouiller les secrets cachés d’une famille dysfonctionnelle, les Fisher.
Dès la première séquence, le père (Richard Jenkins) meurt dans un accident de voiture, et c’est le début d’une remise en question difficile pour tous les membres de cette famille: la mère névrosée (Frances Conroy, toute en retenue); le fils aîné revenant au bercail (Peter Krause); l’autre fils, un homosexuel refoulé (Michael C. Hall); et l’ado en pleine rébellion (Lauren Ambrose). Conçu selon une forme narrative similaire à celle de Sex and the City, chaque épisode débute par la mort d’une personne, ce qui sert de catalyseur à une réflexion plus globale sur un sujet en particulier. Si la forme peut agacer dans le premier épisode, qui est entrecoupé régulièrement par de fausses publicités sur des produits funéraires (!), cela se replace rapidement dès la deuxième heure, où l’on s’attache à ces personnages à la fois tordus et touchants. Est-ce que Six Pieds sous terre constituerait la meilleure raison pour vous abonner à Super Écran? Vous pouvez toujours demander à un ami de vous enregistrer toutes les émissions. Dès le 5 octobre, à 20 h.
Le flambeau est (finalement) passé
Enfin, les membres de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision ont compris. À la lumière du dernier Gala des prix Gémeaux, qui a vu le couronnement de séries novatrices et modernes comme Fortier, Tag, La Vie, la vie et Infoman, on sent que le vent a tourné. Même s’il reste encore des relents de conservatisme dans le choix du jury et des décisions incompréhensibles, on a senti une volonté de récompenser autre chose que des téléromans de cuisine et des séries à la facture académique. De plus, tout le monde est reparti gagnant de cette remise de prix. Les surprises de la soirée: Céline Bonnier pour son interprétation dans Tag (est-ce pour racheter l’oubli de Lawrence Arcouette?); Sylvie Moreau pour sa Catherine (une excellente comédienne, sauf qu’on ne l’a pas récompensée pour le bon rôle); et les deux Gémeaux bien mérités de La Vie, la vie. Et, pour une fois, on ne s’est pas ennuyé à la maison. Merci à Marc Labrèche pour le discours le plus délirant de l’année; et à Normand Brathwaite pour son animation dynamique, malgré un départ plutôt lent.
Dernière chose sur les Gémeaux: on parlait la semaine dernière de la volonté de Bell de transformer ses pubs en oeuvres d’art, voilà qu’on en est même rendu à inviter le beau-frère de Monsieur B pour prendre part à un hommage. Quelle est la prochaine étape? Tant qu’à pousser la logique, pourquoi ne pas confier l’animation d’un gala en entier à Monsieur B et à sa petite famille? Imaginez le coup d’argent pour l’Académie et, de plus, ce serait sûrement plus drôle que tous les porte-parole de compagnies qui se relaient au micro.
Le petit Québec
Le téléroman: témoin de notre évolution sociale et culturelle? C’est la prémisse à la base de Téléromans P.Q., une série de 10 épisodes qui prendra l’affiche du Canal D. Du Survenant au Monde de Charlotte, le téléroman a suivi les grandes tendances de la société québécoise; et ce, des années 50 jusqu’à aujourd’hui. Si l’on peut passer outre à son côté didactique et à sa réalisation convenue, Téléromans P.Q. constitue une véritable mine de renseignements. Les explications et les témoignages des artisans sont passionnants, surtout ceux traitant de la famille, thème capital dans l’univers du téléroman, qui fait l’objet d’un épisode au complet, le 13 octobre. On verra d’ailleurs que bien du chemin a été parcouru depuis les premiers épisodes des Plouffe, en 1954. Aujourd’hui, la famille traditionnelle a fait place à d’autres réalités: les mères monoparentales, les couples homosexuels, les adoptions internationales, les familles reconstituées; tout cela se reflète inévitablement dans nos séries actuelles. Maman Plouffe doit se retourner dans sa tombe. Dès le 6 octobre, à 20 h.
Triste retour
Grosse déception du côté de la rentrée télé chez nos voisins. On attendait beaucoup (peut-être trop) du retour d’Ellen DeGeneres, mais le nouveau bébé de la comédienne et scénariste n’a pas été à la hauteur des espérances. Malgré quelques personnages secondaires colorés et le fait qu’on parle de son orientation sexuelle à toutes les deux répliques, The Ellen Show (vendredi à 20 h, CBS) ne révolutionnera pas la formule de la sitcom. Pour l’aider à écrire, Ellen a fait appel à de vieux routiers de la télé comme Mitchell Hurwitz (The Golden Girls): malheureusement, ça sent la boule à mites. Meilleure chance la prochaine fois.