Médias : Mon ami Pierre-Karl
Société

Médias : Mon ami Pierre-Karl

Première leçon de relations publiques: quand vous avez un problème d’image, trouvez rapidement un moyen pour la  changer.

Première leçon de relations publiques: quand vous avez un problème d’image, trouvez rapidement un moyen pour la changer. La popularité de Bernard Landry est en baisse? On se paie une campagne de pub. Le message de Jean Charest ne passe pas? Arrangez-vous pour qu’il participe à un talk-show. Maintenant, c’est au tour de Pierre-Karl Péladeau, le controversé patron de Quebecor, de se servir de ses propres ressources de magnat des communications pour redorer son blason, quelque peu terni depuis l’achat de Vidéotron. Au cours de la dernière semaine, on l’a sorti de sa tour d’ivoire pour le présenter au bon peuple dans toute sa simplicité.

À commencer par un tête-à-tête accordé le 10 octobre à un Paul Arcand très solide dans les circonstances, qui n’a pas eu peur de poser les bonnes questions à PKP, même si ce dernier signe son chèque de paie. Par la suite, reprenant une vieille méthode éprouvée par les politiciens, on a vu PKP avec son charmant bébé sur la une du magazine 7 Jours, où l’on annonce en grande pompe une "entrevue exclusive". À grands coups de clichés ("Je suis un bon père de famille, blablabla…") et de photos où on le voit tout sourire dans un wetsuit, on tente de faire découvrir l’homme derrière Pierre-Karl-le-gros-méchant: le gentil businessman humain et sensible, qui apprécie le ski nautique et Emmanuel Kant. Une opération-charme que Mister Burns des Simpsons n’aurait pas dédaignée.

Quand ça va mal dans une entreprise, quand les actionnaires sont nerveux devant les pertes enregistrées, quand on vient de mettre à la porte des milliers d’employés, pourquoi ne pas occulter le tout sous une tonne de cosmétiques? Vous voyez cet homme, oui, il a pris de sales décisions depuis un an, mais, comme vous, il rentre à la maison le soir pour s’occuper de sa petite fille, il aime fumer le cigare devant un bon feu de foyer, il adore la bouffe italienne et le film 1900 de Bertolucci. Ce businessman est un homme comme les autres: maintenant, pouvez-vous oublier tout ce qu’il a fait? Franchement, dans les circonstances, cette entreprise de glorification s’avère peu subtile et, surtout, de très mauvais goût.

Mais il suffit d’un petit mensonge pour faire ressortir le côté noir du "bon gars". Jeudi soir, Luc Chartrand, journaliste à Radio-Canada, nous a offert un moment vraiment jouissif. Même si le patron de Quebecor a assuré, pendant son entrevue à TVA, qu’il n’y aurait pas d’autres mises à pied, Vidéotron remerciait le lendemain une dizaine d’employés. Évidemment, pour prouver cette contradiction, Chartrand a inséré un extrait de l’émission Arcand. Il n’y a rien de plus amusant que de prendre quelqu’un les culottes baissées. Et vlan pour les relations publiques!

Chaise musicale
Sans être encore le nirvana, on sent que Montréal ce soir, animé par Raymond Saint-Pierre, a repris du poil de la bête depuis quelques semaines. L’ancien correspondant à l’étranger semble plus à l’aise dans son nouveau rôle, malgré le fait qu’il soit encore "barouetté" d’un bout à l’autre de la ville chaque soir. Au moment où un début de chimie commençait à s’installer entre l’animateur et Pascale Nadeau, on annonçait vendredi, au moyen d’un communiqué de presse laconique, que cette dernière (reléguée au second plan après l’arrivée de Saint-Pierre) était mutée à RDI pour lire les bulletins de nouvelles de l’après-midi. À Radio-Canada, on ne parle pas d’une rétrogradation, mais bien que "dans les circonstances actuelles (…), il était important de nommer un chef d’antenne qui assurera un lien continu au fil de la journée". Cette décision rappelle étrangement celle de TVA, qui a profité de la tourmente autour des attentats pour tirer la plogue de son émission du retour, Trafic. Rien de mieux que des événements tragiques pour régler le sort des patates chaudes…

Derome high-tech
Dès dimanche, on propose un nouveau concept d’émission d’information à Radio-Canada. À 5 sur 5 (dimanche à 11 h), on recueillera les questions du public sur les sujets brûlants d’actualité par le biais du téléphone, du télécopieur, du courrier électronique et de caméras posées dans divers endroits (salon de coiffure, taxi, centre commercial…), et on tentera de répondre à tout cela en utilisant toutes les ressources disponibles à la société d’État. C’est le très swinguant Bernard Derome qui s’occupera de l’animation. Il faut voir si ce concept, alléchant sur papier, passera bien la rampe.

Crise de la trentaine
Juste un petit mot en passant sur Cauchemar d’amour (jeudi à 20 h, sur TVA), cette série suivant deux pauvres trentenaires (Marina Orsini et Pierre Brassard) incapables de trouver l’âme soeur. Avez-vous eu la désagréable impression de regarder une version humoristique de La Vie, la vie? Sur le plan de la réalisation, on pourrait presque crier au vol, puisqu’on a repris quelques trucs de la série de Radio-Canada, dont les plans en accéléré de la ville. Malheureusement, les textes de Sylvie Bouchard et d’Anne-Lise Carette n’ont pas la finesse de ceux écrits par Stéphane Bourguignon, ce qui fait qu’on s’intéresse vaguement à ces personnages. Chose impardonnable dans le monde du téléroman.

Mauvaise position
Après avoir écouté la première de Je regarde, moi non plus, le nouveau talk-show coquin de TVA, on se demande bien pourquoi on a engagé Renée-Claude Brazeau pour parler de sexe. À plusieurs reprises, elle a clamé qu’elle était mal à l’aise avec ce sujet, ce qui est bizarre venant d’une chroniqueuse qui doit en discuter pendant toute une année… En terminant, Brazeau a même lancé: "Je trouve ça compliqué, les positions sexuelles. J’ai toujours pratiqué la position du missionnaire et regardez, j’ai deux beaux enfants." Espérons qu’elle pourra varier son menu après son passage à cette émission.