La loi du profit
Société

La loi du profit

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il est toujours aussi choquant. Des compagnies en quête de profits balancent l’éthique par la fenêtre et appuient des régimes douteux. Cette fois, ces manigances se déroulent en Chine et en Afghanistan.

Selon le magazine Mother Jones, depuis quelques années, une compagnie pétrolière californienne, Unocal, désirait construire un gazoduc reliant le Turkménistan (ce pays et ses voisins ont d’importantes réserves de gaz et de pétrole) et le Pakistan (un marché de consommateurs important, tout comme son voisin, l’Inde). Pour ce faire, l’entreprise devait approcher les autorités du pays situé entre les deux destinations, c’est-à-dire l’Afghanistan, dirigé en bonne partie par les talibans. Des rencontres ont eu lieu entre les représentants de la compagnie et ceux des talibans. Un accord aurait même été signé entre les deux partis pour construire le gazoduc en échange du financement du régime des talibans, un fait confirmé par le Département américain de l’énergie mais toujours nié par Unocal. N’empêche, Unocal a vraisemblablement voulu appuyer les talibans dans le but de conclure une bonne affaire…

D’après un rapport du groupe Droits et Démocratie qui vient d’être rendu public, Nortel, le géant canadien des télécommunications qui perd des plumes ces temps-ci, contribuerait aux violations des droits humains en Chine en participant à l’élaboration d’un système de surveillance et de répression. Dans ce pays, les corps policiers et les services de sécurité ont recours à la technologie de compagnies comme Nortel pour raffiner leurs opérations de ciblage et de répression des dissidents politiques, dont les militants des droits de l’homme. La compagnie canadienne et le gouvernement chinois développent ensemble ces outils. Parmi eux, le nouveau OPTera, un réseau de fibres optiques haute vitesse, permettra aux autorités chinoises d’analyser les habitudes de navigation des utilisateurs et même de filtrer leurs messages! Les correspondances clandestines des dissidents et la visite de sites interdits par les autorités deviendront beaucoup plus ardues. En passant, la dissidence politique est une activité criminelle en Chine…