Comme beaucoup de citoyens de notre future grande ville unifiée, je ne suis pas particulièrement compétent en matière de politique municipale. Les constantes avancées de ce monde que nous tenons au bout des doigts jusque dans notre salon nous font facilement oublier que si l’aventure commence au coin de la rue, les décisions qui affectent nos vies se prennent au conseil municipal. Et hormis trois semaines de période électorale au cours desquelles les discussions se font plus intenses, il n’y a guère que les frasques d’Andrée Boucher pour défrayer la manchette des quotidiens en temps de paix.
Évidemment, avec les fusions municipales, cette année, ce fut différent.
À lui seul, ce dossier – qui semble parfois être le seul dossier de la campagne – va, n’en doutons pas, polariser l’électeur, comme il a, à toutes les échelles, polarisé la classe politique en deux camps, pro-fusion et anti-fusion, jusque sur la scène provinciale, libéraux d’un bord, péquistes de l’autre.
Dans cette élection dont les enjeux débordent des assemblées de cuisine, les symboles sont puissants. Mais tout le temps et les hurlements consacrés aux fusions ne nous auront pas pour autant appris grand-chose. Quel citoyen peut se targuer de saisir tous les tenants et les aboutissants des fusions, là où les spécialistes seront probablement confondus par les implications de la pratique courante après janvier?
Oh! bien sûr, on a parlé taxes, taxes et re-taxes. Mais ce furent chaque fois des chiffres contestés avec passion et des chiffres auxquels, de toute manière, vous le savez, on peut bien faire dire ce que l’on veut.
Avons-nous, entre-temps, perdu de vue des enjeux importants? Probablement.
Loisirs, pauvreté, logement social, culture, écologie, transport, tourisme, sécurité, rayonnement et j’en passe…
Alors passons. Ce n’est pas si grave.
Puisque de toute manière, dans cette élection, personne n’a tant qu’à moi à s’encombrer de subtiles nuances ou même de débats pour faire son choix.
Parlons simplement d’indices:
Dans le coin droit, sur les dents: Andrée Boucher ou la loi du marché.
Une élue qui confond opposants et ennemis, incapable de composer avec les membres de son propre parti ni de l’opposition.
Une élue qui semble considérer la culture comme un quant-à-soi, mal nécessaire qu’il faut endurer.
Une élue qui se désintéresse de la jeunesse tant qu’elle ne dispose pas du sacro-saint privilège de figurer sur la longue liste des payeurs de taxes.
Une figure politique qui enrage, crie et vocifère contre toute forme d’humour pratiquée à son endroit.
Une femme politique qui accuse mer et monde et même des athlètes d’élite de la région de Québec de comploter sa perte. Qui ignore qu’en démocratie, on peut voter pour qui on veut sans se faire traiter d’adorateur.
Qui grappille de petits scandales et déchire sa robe lorsque quelques conseillers municipaux d’une ville qui vit du tourisme international s’en vont faire du social à l’étranger…
Qui voudrait se faire du capital politique du fait qu’il n’y a pas assez de spots sur le pont de Québec pour éclairer la rouille. Et toutes ces rages impossibles. Si le ridicule tuait…
Soyons sérieux…
Dans le coin gauche, son opposant: poids lourd de la politique municipale, Jean-Paul L’Allier, visionnaire averti.
Qui tente d’élever le niveau du débat. Qui recherche la conciliation et non la confrontation.
Qui a remis la démocratie à l’ordre du jour après le fiasco Lamontagne.
Qui, aux commandes de la ville depuis huit ans, l’a embellie, dépoussiérée.
Qui a sorti Saint-Roch du trou où les administrations précédentes l’avaient enfoncé.
Qui a compris qu’ici, pouvoir économique et culture doivent aller de pair.
Les électeurs du 4 novembre seraient-ils assez stupides pour balayer cela du revers de la main au profit d’un vote anti-fusion? Effectivement, il en a été l’un des promoteurs.
Mais les fusions se feront, se font de toute manière. Alors pourquoi ne pas simplement choisir le meilleur maire? On juge l’homme, la femme à son oeuvre…
Les apparences qui ne sont pas toujours trompeuses.
Rien ici d’ambigu. Il s’agit pour moi d’un choix flagrant. D’un choix entre statu quo et progrès.
Entre stagnation et vision.
Entre confrontation et compromis.
Entre lubie et ambition.
Il est clair que, pour l’instant, Jean-Paul L’Allier est seul à pouvoir relever le défi de l’avancée de la nouvelle ville dans le XXIe siècle.
Votez donc pour lui.