![Médias : Poudre aux yeux](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/12/10733_1;1920x768.jpg)
![Médias : Poudre aux yeux](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/12/10733_1;1920x768.jpg)
Médias : Poudre aux yeux
Frédéric Boudreault
Depuis deux semaines, impossible d’ouvrir la télé ou les journaux sans entendre parler des attaques à l’anthrax. Si les médias sont habitués à annoncer des attentats visant diverses organisations, cette fois-ci, ce sont eux qui subissent les foudres des terroristes, et d’une manière fort insidieuse, puisque ces derniers se servent du courrier. Comme les salles de rédaction reçoivent chaque jour des centaines de lettres et de colis, il est donc facile de paniquer.
Aux États-Unis, où la menace est bel et bien présente, on sent la paranoïa envahir les employés des journaux et des réseaux de télé. Il faut dire que presque tout le monde a été touché là-bas: NBC, ABC, CBS, New York Post, Washington Post et même le très sérieux National Enquirer ont reçu des lettres contenant des traces d’anthrax. Après avoir demandé une entrevue sur les règles de sécurité au New York Times, le journal, par le biais de son directeur des relations publiques, Toby Usnik, nous a envoyé deux pages complètes de mesures prises pour éviter une possible contamination. Deux pages! Et on ne badine pas avec les précautions: en plus d’être soumis à des rayons X, tout le courrier est passé au peigne fin. On met de côté tout ce qui semble louche: les enveloppes sans adresse de retour, mal identifiées ou tachées sont immédiatement envoyées à la poubelle. On suspecte même les lettres où figurent les mots "personnel" et "confidentiel". Ça montre à quel point cette menace est prise au sérieux.
Vous pensez qu’ici, on vit le même sentiment d’urgence? Eh bien, détrompez-vous, ce n’est pas du tout le cas. Selon toutes les personnes interviewées dans les salles de rédaction, l’alarme est loin d’être déclenchée. À part des mesures simples comme le port de gants de plastique et une vigilance accrue, on n’a pas sorti l’arsenal lourd pour contrer un éventuel geste terroriste. Même à La Presse, dont les locaux ont été évacués jeudi dernier à la suite d’une mauvaise blague, on ne semble pas s’en faire outre mesure. Puisqu’on n’a vécu aucun cas au Québec, ni au Canada, pourquoi se faire de la bile? Et, comme l’a lancé une préposée à la réception du Journal de Montréal, "on est habitués à traiter du courrier envoyé par des gens spéciaux, comme des prisonniers ou des malades mentaux". Vu sous cet angle, il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter!
De mauvaises filles à Télé-Québec
On peut dire que Bad Girl, le documentaire réalisé par Marielle Nitowslaska a fait couler beaucoup d’encre. Inspiré par le livre Interdit aux femmes de Pascale Navarro et de Nathalie Collard, Bad Girl pénètre dans les coulisses de la porno au féminin. Initialement prévu à l’antenne de Télé-Québec le printemps dernier, le directeur de la programmation Mario Clément l’avait retiré de l’horaire, jugeant que ce documentaire était beaucoup trop hard pour sa station. Et cela, même si des deniers publics avaient été investis dans la production. Finalement, Clément est revenu sur sa décision, et on a reprogrammé Bad Girl pour cet automne.
Après avoir visionné la chose, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, surtout quand on la compare à une émission comme Sex Shop, qui ne se gêne pas pour montrer crûment partouzes, sadomasochisme et autres parties de jambes en l’air. Le documentaire se base plutôt sur des entrevues avec des stars du porno et avec quelques penseurs, dont Benoîte Groult, Bernard Arcand, la réalisatrice Catherine Breillat et l’écrivaine Virginie Despentes. Une chose est certaine: les voyeurs n’y trouveront vraiment pas leur compte. Samedi à 23 h 45, sur les ondes de Télé-Québec.
Espèce rare
Aux États-Unis, ça fait cinq ans qu’on se dilate la rate en regardant Spin City, une sitcom se déroulant dans le milieu de la politique municipale. Voilà que TVA diffuse maintenant une chose rare dans le paysage télévisuel québécois: Si la tendance se maintient (jeudi à 21 h, à TVA), une satire politique. Bien que les intentions de l’auteur Martin Forget (Km/h) soient nobles, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. En fait, le problème majeur de Si la tendance se maintient, c’est que les références sont beaucoup trop évidentes. Le premier épisode commence avec un lecteur de nouvelles souhaitant que le vieux premier ministre meure enfin, ce qui alimenterait son bulletin. Une référence au décès de Pierre Elliott Trudeau? À un moment donné, pendant sa campagne électorale, le candidat Alain Gagnon se ramasse avec un bonnet de plastique sur la tête, au grand plaisir des photographes. C’est Gilles Duceppe qui doit être heureux de se voir ainsi transposé. Par ailleurs, les comédiens sauvent quelque peu la mise, dont Maude Guérin et Jacques Godin, tout à fait savoureux. Dans le rôle d’un plouc qui doit se faire élire, Michel Côté est presque touchant dans sa naïveté. Comme la satire politique est un genre encore peu exploité au Québec, on ne se plaindra pas le ventre plein.
Langue dans le vinaigre
Petite note en terminant à l’intention des lecteurs de nouvelles. À la suite du triste meurtre perpétré samedi à l’afterhour Aria, ces derniers ont étalé d’une manière flagrante leur manque de connaissances. En fait, c’était presque amusant de les voir se dépêtrer dans ce langage qu’ils ne saisissent pas. Excusez-moi, mais un rave, ce n’est pas la même chose qu’un afterhour. On a même entendu, sur les ondes de LCN (qui remporte la palme de l’ignorance), une journaliste parler "d’un endroit où l’on ne sert pas d’alcool". Encore une fois, les réseaux de télé prouvent qu’ils sont complètement déphasés. Ah, les affaires de jeunes…