Société

La semaine des 4 jeudis : Guerre et pets

Des documents récemment déclassifiés, provenant des services secrets américains de l’époque, rapportaient cet automne les allégations d’un obscur médecin allemand qui, l’ayant rencontré dans son insouciante jeunesse, considérait qu’Adolf Hitler était déjà un vrai dingo. Et dangereux à part ça.

Ben tiens, évident, direz-vous… On s’en doutait.

Pas tant que ça. Vous allez être surpris, car aussi étrange que cela puisse paraître, aucun diagnostic professionnel n’était venu jusqu’à présent confirmer ce que laissaient entrevoir les apparences de l’histoire.

Bon et alors… qui ça intéresse de nos jours, ces vieux machins?

Détrompez-vous, la révélation n’est pas sans intérêt, dans beaucoup de pays d’Europe périodiquement assiégés par des résurgences de national-socialisme et des tentations d’épuration ethnique. Il est important de démontrer que ces théories, eugénisme, annexion, social-nationalisme, avaient germé dans un esprit perturbé. Que les résultats apocalyptiques de ses politiques n’étaient pas strictement basés sur une logique immorale.

Est-ce à dire que, s’il ne s’était pas suicidé, les avocats de Hitler auraient pu, à Nuremberg, plaider la folie pour lui épargner la peine capitale? Les avocats de Slobodan Milosevic, qui pourrit dans les geôles du tribunal international de La Haye, pourraient-ils y être tentés?

Ils auraient, en tout cas, la partie facile, en prétendant qu’il ne faut pas avoir toute sa tête pour comploter l’extermination du tiers de la population de son propre pays.

C’est vous dire que dans le cas de Hitler la chose aurait été encore plus flagrante. Les images de l’oncle Adolph, se tapant de joie sur les cuisses en hurlant: "Encore! Gazez les tous" n’auraient probablement pas résisté à une honnête évaluation psychiatrique.

On aurait aussi sans doute, pour démontrer sa folie hors de tout doute, mentionné ses stratégies militaires erratiques. Ces assauts à l’est puis l’ouest bientôt abandonnés pour le sud ou le nord manquaient de suite dans les idées. Symptôme du crackpot mégalomane, dit-on…

Afin de démontrer que l’accusé agissait en toute conscience, et que ses crimes étaient rien de moins que prémédités, l’accusation, quant à elle, aurait sûrement appelé à la barre son témoin-vedette, le bon docteur Morell. Et celui-ci aurait pu expliquer que ce n’est pas la folie d’oncle Adolf qui changea la face du monde… et provoqua ces comportements erratiques.

Il aurait révélé une bien plus dérisoire vérité.

Médecin personnel de Hitler pendant 10 ans, Herr Morell aurait raconté de long en large comme il le fit dans l’ouvrage de Ottmar Katz (Le Médecin de Hitler, éditions France-Empire) que son patient, quoiqu’affligé de troubles nerveux, ne pouvait pas être considéré comme un vrai dingue. Et qu’il agissait par conviction. Et que si ses oeuvres manquaient de suite dans les idées, c’est que le Fuhrer était affligé de météorisme.

Bref, il flatulait… pétait, faisait sonner la grosse Bertha…

Comme tout bon Allemand, le dictateur avait été rigoureusement élevé à concilier la bienséance et les vertus de la choucroute germanique. Aussi, lorsque le gonflement sournois l’envahissait, il allait poliment lâcher son fion aux toilettes. Dans les chiottes en marbre blanc du Reichstag, l’écho de ce cri anal résonnait longtemps.

Perturbé par son mal et perdu dans ses pensées, lorsqu’il revenait du petit coin, il confondait la Crimée et l’Anatolie et envoyait ses sous-marins remonter la rivière Chaudière.

Ô combien de marins, combien de capitaines, combien de bataillons oubliés sur le front? Combien de généraux laissés à eux-mêmes, combien de plans machiavéliques interrompus par une solide séance de flatulences? De condamnés épargnés par un bon pet nauséabond?

On raconte même que si deux détonations retentirent lorsque Hitler se suicida, c’est qu’il en lâcha un dernier en appuyant sur la détente de son Walter.

Aurait-il mené la vie paisible de Jeanne Calment, bu de la tisane verte et, comme Andrée Boucher (l’actrice), effectué lui-même ses propres lavements, qu’Adolf Hitler aurait aujourd’hui 112 ans. En compagnie de Noriega, il croupirait dans une prison américaine sous respirateur artificiel et, depuis les dernières révélations, on l’aurait transféré à l’asile. N’eût été de ces providentielles flatulences, il serait maître de l’univers et nous serions tous teints en blondes, affligés d’un horrible accent que ne renierait pas Nelly Arcand. Nous l’oublions trop souvent, mieux que les hémoroïdes de Ben Laden, le pet a transformé la face du monde. Remercions donc la providence de ce désordre gastrique auquel seul l’humour bas de nos comiques rend encore justice. Ah! le président de l’ADISQ a bien raison lorsqu’il dit que rien ne vaut un bon spectacle pour oublier l’état actuel du monde… Méditons cette vérité et souhaitons-nous tous: "Pets sur la terre aux hommes de bonne volonté."