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Médias : Le travail à la chaîne
Le nom de John Kricfalusi ne vous dit peut-être pas grand-chose; mais si l’on parle de Ren and Stimpy, du vidéoclip pour la chanson I Miss You, de Björk, et de la compagnie de production Spumco, vous le situerez beaucoup mieux.
Frédéric Boudreault
Le nom de John Kricfalusi ne vous dit peut-être pas grand-chose; mais si l’on parle de Ren and Stimpy, du vidéoclip pour la chanson I Miss You, de Björk, et de la compagnie de production Spumco, vous le situerez beaucoup mieux. Avec ses lunettes énormes aux montures brunes et son air de nerd, c’est un gars avec une grande gueule, qui n’a pas peur de donner son opinion sur le domaine dans lequel il oeuvre depuis 20 ans.
Originaire d’Ottawa, Kricfalusi a commencé sa carrière à l’emploi de Hanna-Barbera et de Ralph Bakshi (Fritz the Cat). Au départ, il a travaillé sur des dessins animés pour les enfants, "des choses immondes avec des morales ridicules", comme Mighty Mouse, Heckle and Jekcle et les Jetsons. Mais c’est en 1990 qu’on découvre son imaginaire bien particulier avec l’arrivée du Ren and Stimpy Show, qui a révolutionné le monde de l’animation par le biais de farces scatologiques mettant en valeur pets, vomissures et autres fluides corporels. Rien n’arrêtait Kricfalusi, et cette détermination a ouvert la voie à bien d’autres, qu’on pense à South Park ou à Beavis and Butthead. En ville pour présenter son dernier bébé, Les Déchiqueteurs (The Ripper Friends), qui sera diffusé sur les ondes de Teletoon (vendredi à 19 h), l’homme n’est pas tendre envers ses héritiers. "Je n’écoute plus ce qui se fait aujourd’hui, ça me donne envie de vomir. Ce ne sont que de pâles copies."
En fait, Kricfalusi en a gros sur le coeur quant à la façon dont on fabrique maintenant les dessins animés. Aujourd’hui, l’animation a perdu son côté artisanal: c’est une business comme une autre, où l’on produit des émissions à la chaîne, sans le moindre souci pour le scénario, les personnages ou les dessins. Ce qui fait bondir un gars comme Kricfalusi, véritable amant des vieux cartoons. "L’animation est devenue une grosse machine qui n’applique que des recettes. Je ne regarde que des vieilles choses, parce que tout est meilleur. Par exemple, The Simpsons, ce n’est pas un dessin animé, c’est une sitcom. Ça fait 10 ans qu’ils sont habillés pareil, qu’ils vivent le même genre de situations. Si les personnages n’évoluent pas, pourquoi continuer cette série, alors?" Et que pense-t-il de South Park, où l’animation semble être assurée par un enfant de cinq ans? "C’est comme une émission de radio, Matt Stone et Trey Parker [les créateurs de South Park] ne font que des blagues verbales, ce qui est triste. Il y a plusieurs façons de créer une blague: on peut se servir de l’image, de la personnalité des personnages, du slapstick, ce qui permet de varier le ton. Encore une fois, ce n’est pas un dessin animé."
Pourtant, à écouter le premier épisode des Déchiqueteurs, son hommage pas très sérieux aux superhéros de son enfance, The Fantastic Four, on a l’impression que Kricfalusi s’est quelque peu ramolli. Pas de blagues scatologiques ni de situations causant des haut-le coeur, ces quatre "vrais gars" semblent bien gentils comparativement aux déconnages de Ren et de Stimpy. Selon le créateur, la raison est fort simple: "Je n’avais pas assez de peinture pour les choses dégueulasses." Pardon? "Tu sais, pour préparer ce genre de scènes, ça demande beaucoup de détails, donc plus de peinture. Pour la première saison, je n’avais pas assez d’argent. Avec le succès des Déchiqueteurs, je vais pouvoir prendre ma revanche au cours de la deuxième année." Connaissant la réputation de Kricfalusi, on peut donc s’attendre au pire. Cachez les enfants.
La loi du cochon
Ce n’est pas juste dans l’animation que la production à la chaîne fait grincer des dents. Au Québec, à l’heure des mégaporcheries et de la mondialisation, l’industrie porcine est devenue une grosse machine qui doit fournir des cochons à la tonne, et ce, le plus rapidement possible. Mais quel est l’impact de ces techniques sur l’environnement? Après avoir soulevé un tollé au moment de sa sortie en salle, Bacon, le film sera diffusé sur les ondes de Télé-Québec, le 12 novembre, à 20 h. Un peu comme L’Erreur boréale, le documentaire d’Hugo Latulippe a frappé là où ça faisait mal: les producteurs de porc, dépeints comme des capitalistes sauvages, ne l’ont pas trouvé drôle du tout. D’ailleurs, après la diffusion du film, Anne-Marie Dussault animera un débat d’une heure sur la question, en présence du réalisateur. On espère que les coups ne seront pas trop cochons…
On tire la plogue
La semaine dernière, on vous disait tout le bien qu’on pensait de Citizen Baines, diffusée le samedi, à 21 h, à CBS. Comme les réseaux de télé américains sont souvent injustes et que leurs dirigeants n’hésitent pas à jeter rapidement aux ordures une émission si elle ne remplit pas ses promesses de cotes d’écoute, on a annoncé pour samedi la fin de cette merveilleuse série. Profitez-en pour apprécier ou pour découvrir les péripéties de cet ancien sénateur revenant à la vie ordinaire après une défaite électorale. Quel monde cruel!