Médias : La déprime
Société

Médias : La déprime

La déprime

Avec des cotes d’écoute à la baisse (selon les chiffres de Nielsen, TQS la talonnerait maintenant), une guerre ouverte avec les réalisateurs, et un scandale à la Normand Lester qui n’aidera sûrement pas à redorer son image, Radio-Canada connaît actuellement des moments difficiles. Bien avant cela, pour évaluer le climat de travail entre ses murs, Radio-Canada-CBC avait commandé l’hiver dernier un sondage à la firme Hay de Toronto, qui a été effectué auprès de 5050 employés francophones et anglophones. Mais voilà, après avoir révélé au compte-goutte les résultats en avril, la société d’État refuse d’en dire plus, et surtout quand il est question des employés du réseau français. Là-dessus, les dirigeants restent étrangement muets. Après avoir parcouru les quelques chiffres qu’on a laissés filtrer, il est clair que le moral n’est pas à son meilleur à la SRC. Mais que veut-on cacher au juste?

C’est l’Association des réalisateurs de Radio-Canada, en conflit de travail depuis des mois, qui a remis aux médias le contenu de cette étude. Il faut noter que l’Association a participé à l’élaboration de l’enquête. Et les résultats sont très révélateurs. Ainsi, à peine 10 % des employés sondés considèrent que le moral est bon à la société d’État; tandis que 61 % d’entre eux le qualifient de "malsain". Moins d’une personne sur cinq croit que son entreprise est bien dirigée et fait preuve d’un leadership efficace. Seulement 38 % des gens interviewés croient au respect que lui accorde Radio-Canada. De façon générale, la société d’État est perçue comme une grosse boîte lourde et bureaucratique, où les employés ne sont pas écoutés, et où la communication se fait difficilement entre la direction et la base. Bien sûr, il y a des aspects positifs: les employés apprécient la programmation de la SRC à plus de 70 %, et avouent être fiers de travailler pour la société d’État dans la même proportion.

Malgré tout, l’employé de Radio-Canada se dit déprimé, insatisfait de la gestion, non respecté… Ça ne fait pas un très beau portrait de famille. Pourtant, en avril dernier, selon Paul Cauchon du Devoir, le président de la société d’État, Robert Rabinovitch, avait écrit dans une note aux employés: "Les inquiétudes exprimées à propos de notre leadership et la manière dont la société est structurée et gérée ont été notées, et des mesures seront prises lorsque nous aurons analysé plus à fond les résultats." Or, on attend toujours d’autres résultats. Avec un rapport aussi accablant, on peut comprendre pourquoi la société d’État préfère garder le secret.

Un baume sur les plaies
Si le moral des troupes n’est pas très rose à Radio-Canada, le climat semble plus joyeux du côté de la radio. La semaine dernière, on a publié les résultats des sondages BBM de l’automne, et, surprise, la Première Chaîne a connu une augmentation de 77 000 auditeurs comparativement à l’année précédente. Et comme dirait le proverbe: le malheur des uns fait le bonheur des autres. Après les attentats du 11 septembre, le 95,1 FM a vu ses cotes d’écoute monter en flèche, surtout les différents bulletins d’information. Par exemple, Le Radio journal de 8 h est passé de 92 000 à 121 000 auditeurs. D’autres émissions ont aussi connu des hausses substantielles: Indicatif Présent, C’est bien meilleur le matin et Montréal Express ont considérablement augmenté leur moyenne d’auditeurs au quart d’heure. Il est amusant de constater qu’à part Rythme FM, tous les autres postes ont perdu du terrain. Enfin, la qualité peut être payante: ce n’est pas trop tôt.

Les mots des autres
Grosse bombe la semaine dernière dans le monde des médias: Can West, propriétaire entre autres de The Gazette et du National Post, a décidé d’imposer un éditorial commun par semaine aux 13 quotidiens de la chaîne, sauf au Post. Pourtant, il y a un peu plus d’un an, quand la famille Asper de Winnipeg avait repris le fleuron de Conrad Black, elle avait promis de ne pas intervenir dans les choix éditoriaux des rédactions: c’est ce qu’on appelle renier ses paroles d’une manière peu subtile. À la suite de cette décision, les journalistes de The Gazette ont décidé de ne plus signer leurs textes, et l’éditorialiste en chef, Peter Hadekel, est parti de son propre gré pour "relever de nouveaux défis". Ça dénote à quel point ce précédent est pris au sérieux. Même Conrad Black n’avait jamais osé s’imposer dans les pages éditoriales de ses journaux. Qu’on ne vienne pas nous dire que la concentration de presse n’a pas encore montré ses effets pervers.

Woody Holly is well and alive
Amateurs de séries B et de concepts psychotroniques, vous serez très heureux d’apprendre le retour de Woody Holly, l’animateur d’Hollywood PQ, sur les ondes de MusiquePlus. L’alter ego d’Angelo Cadet, mélange de David Letterman et de Jay Leno, présente un talk-show débile où tout le monde s’exprime en anglais avec une traduction française digne d’une mauvaise info-pub. Avec son complice Alan C. More (Alain Simard dans la vraie vie), il propose des entrevues et des sketchs (surveillez les aventures du pauvre Joe Maximum), qui tombent quelquefois à plat. Cette semaine, on pourra apercevoir Stefie Shock et la photographe Heidi Hollinger. Bon, les deux complices ne manquent pas de bonnes idées, mais on se serait passé des nombreuses blagues de cul, généralement de très mauvais goût. Dans le même style, on préfère quand même Le coeur a ses raisons, la tordante parodie de soaps américains préparée par Marc Labrèche et son équipe. Début: le 15 décembre, à 21 h.