De Bouchard à Landry
Société

De Bouchard à Landry

Sur la scène politique provinciale, les Québécois ont appris à connaître un nouveau premier ministre: Bernard Landry. Arrogant et suffisant, selon JEAN-MARC FOURNIER, compétent et consciencieux, selon ANDRÉ BOISCLAIR, le successeur de Lucien Bouchard ne laisse personne indifférent.

Jean-Marc Fournier

, député de Châteauguay, whip en chef de l’opposition officielle, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, Parti libéral du Québec

"Si on avait à choisir un moment de transition qui a marqué le passage de Bouchard à Landry, c’est l’épisode des chiffons rouges où on a découvert quel serait le style Landry: un style de combat. Et avec Bernard Landry, on est passé à un climat perpétuel de chicane.

"En chambre, ça se résume à un mot: arrogance. Bernard Landry a ce qu’il qualifie de qualité et que je qualifie de défaut: il n’a aucun doute. Pour lui, c’est la certitude. Et quand vous êtes tellement sûr d’avoir raison, vous n’écoutez plus, vous perdez le contact. […] Je pense que la différence entre Bouchard et Landry est cette arrogance, cette suffisance, cette absence de doute qui fait que l’État devient un bulldozer qui n’écoute plus les gens.

"Outre les chiffons rouges, c’est aussi avec lui le retour des astuces et des obsessions grandissantes de souveraineté. On a vu avec lui l’État au service de la cause: on a vu des publicités qui tentent de faire croire que le gouvernement est en action et qui, au départ, devaient coûter 5 millions. Avec la quantité de publicités qu’ils passent à la télé, à la radio et qu’ils affichent ou bien ils ont dépassé leur budget ou bien ils ont eu un bon deal!

"Bernard Landry est rendu à presque un an comme premier ministre désigné et aux dernières élections les libéraux ont eu plus de votes que les péquistes. […] Ça ne pourra pas continuer comme ça jusqu’en 2003, il y a un déficit de légitimité qui devient de plus en plus aigü au fur et à mesure que le temps passe."

André Boisclair, député de Gouin, leader adjoint du gouvernement, ministre d’État à l’Environnement et à l’Eau, Parti québécois

"Il n’y a pas eu de malaise [dans la transition de Lucien Bouchard à Bernard Landry], Bernard Landry est l’un des hommes politiques les plus appréciés. Au contraire, il a réussi à consolider les forces au Parti québécois. Dans mon comté, c’est 300 nouveaux membres qu’on est allé chercher…

"Bernard Landry, c’est l’homme de l’assurance tranquille, de la sérénité forte. […] Je pense qu’il a un ton différent, une assurance différente [de Lucien Bouchard]. Voyez le débat qui règne sur la propagande fédérale, voyez le débat qu’il fait au fédéral sur la santé…

"C’est le bon homme au bon moment: au moment où la confiance économique des Québécois est ébranlée, Bernard Landry est l’homme de l’économique, du développement régional, c’est l’homme de l’emploi. […] Il a été aussi à certains égards l’homme de la réconciliation: je pense à l’affaire Michaud, aux Orphelins de Duplessis, je pense à l’entente signée avec les Cris…

"Dans mon cas particulier, je pense que c’est la première fois que je vois un ministre qui affiche un parti pris vert: c’est la première fois qu’il y a un ministre de l’Environnement qui est ministre d’État. Il est d’ailleurs le seul premier ministre des provinces canadiennes qui a plaidé la ratification du protocole de Kyoto.

"Il a un taux de satisfaction de 56 %, que veut-il de plus comme légitimité? Et c’est un des hommes politiques extrêmement bien perçus. […] Bernard Landry réussira là où Daniel Johnson a échoué, à plaider la modernité sur le fond et à l’incarner dans de nouvelles figures politiques."