Médias : Par la bande
Société

Médias : Par la bande

Depuis quelques années, dans le domaine des médias, on parle beaucoup de convergence entre les différents supports, afin de profiter le plus possible des ressources disponibles.

Depuis quelques années, dans le domaine des médias, on parle beaucoup de convergence entre les différents supports, afin de profiter le plus possible des ressources disponibles. Pourquoi, quand on diffuse un reportage à la télé, ne pas afficher les renseignements sur le site Internet du réseau, ou en alimenter un texte écrit dans le journal, par exemple? À l’ère des énormes conglomérats médiatiques qui se servent de ce prétexte pour presser le citron au maximum (nommons, à tout hasard, Quebecor), il est intéressant de découvrir un exemple positif, qui semble avoir porté fruit.

Et il est amusant de constater que le changement se trame du côté de Radio-Canada, une boîte qui n’est pourtant pas reconnue pour son sens de l’avant-garde. Grâce à l’impulsion d’un homme de radio avec de la vision, Sylvain Lafrance, et d’un gars qui ne manque pas de bonnes idées, Hugues Sweeney, on lançait, il y a tout juste un an, le site de l’émission de radio Bande à part. Le mandat était large: il fallait rejoindre les jeunes de 12 à 30 ans, un public qui ignore généralement la société d’État, tout en offrant une vitrine pour la musique émergente. Une initiative sans précédent, qui semble en voie de causer une mini-révolution. "On est un laboratoire, explique le réalisateur du site, Hugues Sweeney. Avec les ressources qu’on a, on veut faire avancer les choses, on veut essayer de trouver de nouvelles façons de transmettre de l’information."

Avec beaucoup de débrouillardise, la petite équipe (12 personnes au total) a donc décidé de créer un contenu différent, plus étoffé que celui qu’on trouve normalement sur Internet. Le site bandeapart.fm s’avère une mine de renseignements sur les groupes en marge, en plus de diffuser des dizaines de spectacles et de reportages sur les grandes tendances dans la musique underground, et 2500 pièces numérisées sur les cinq stations Web créées pour l’occasion. Cet automne, on ajoutait également une émission de télé (animée par Catherine Pogonat) sur les ondes d’ArTV, un truc vivant et dynamique, qui contraste avec la programmation plutôt ronflante de la nouvelle chaîne.

Et l’initiative prend de plus en plus d’ampleur. On espère maintenant casser l’image très montréalaise de Bande à part pour faire découvrir les différentes régions du Québec, par le biais de plusieurs reportages. "On veut donner une impulsion, un coup de pied aux gens en dehors des grands centres pour qu’ils nous envoient leur matériel, pour qu’ils puissent se faire entendre", souligne Hugues Sweeney. On prépare également, pour le mois de mars, un gros lancement en France, où le projet de Bande à part n’a pas encore d’équivalent. Grâce à des partenariats (entre autres, le magazine Longueur d’ondes et la radio Mov’), on espère maintenant faire connaître des groupes de toute la francophonie.

Il y a aussi une retombée inattendue au projet: Bande à part amène une bouffée d’air frais dans les corridors de Radio-Canada, où les changements se font souvent à pas de tortue. "On est prêt maintenant à donner une chance aux jeunes, à les former. Les techniciens de la station ne sont pas aussi fermés qu’on pouvait le croire, c’est en train de faire évoluer les choses", lance le réalisateur. Mais ceci n’est que la pointe de l’iceberg, puisque les possibilités avec Bande à part sont encore infinies, selon Hugues Sweeney. Espérons que Pierre Karl Péladeau ne lise pas cette chronique.

La misère des riches
Ça va mal dans les médias américains. Après Mademoiselle et The Industry Standard, c’est maintenant au tour de Talk, le magazine lancé à grand renfort de publicité il y a deux ans, de cesser prochainement ses activités. Ce n’est pas vraiment une surprise, car la publication n’a jamais réussi à se trouver un créneau. Même si Talk devait s’intéresser à des sujets pouvant, éventuellement, se transformer en film ou en livre, personne n’a embarqué dans cette série d’articles souvent banals. Après avoir côtoyé les plus riches de ce monde, la toute-puissante éditrice Tina Brown doit se trouver un nouveau boulot. Quel revirement de situation!

Une centième Sortie
En 1998, quand Canal Vie a mis en ondes Sortie gaie, plusieurs se sont interrogés sur la pertinence d’une émission exclusivement consacrée aux questions gaies et lesbiennes. Bien qu’elle offre son lot de reportages clichés et manque quelquefois de polémique, on ne peut nier son rôle de rassembleur dans la communauté homosexuelle, surtout quand on entend les nombreux témoignages qui ponctuent la centième émission, qui sera diffusée le 7 février à 22 h. Animé par un André Montmorency particulièrement ému, ce spécial d’une heure, enregistré dans le lounge du Sky, accueillera Janette Bertrand, l’une des premières personnes à avoir parlé ouvertement d’homosexualité dans ses courriers du coeur publiés dans les années 50; Alex Perron, le "fif" des Mecs Comiques; l’animateur Michel Jasmin; l’ex-conseillère municipale Louise Roy; et Mado Lamotte, qui délaissera ses bitcheries pour interpréter une chanson de Charles Aznavour. Un spécial qui fait réfléchir.