Médias : Sport extrême
Société

Médias : Sport extrême

Au cours du week-end, vous avez peut-être aperçu cette horrible photo du journaliste américain Daniel Pearl, détenu en otage depuis le 23 janvier au Pakistan, accroupi avec un fusil pointé vers sa tête. Voulant interviewer à Karachi le chef d’un groupe islamiste radical, Pearl est visiblement tombé dans un guet-apens, et depuis, on ne sait pas s’il est encore en vie. Malgré l’indignation internationale, l’appel de sa conjointe enceinte de six mois et même l’intervention de Muhammad Ali, le sort du reporter du Wall Street Journal est toujours incertain au moment d’aller sous presse.

Ce n’est pas d’hier que le métier de journaliste comporte son lot de risques, mais leur sort passe malheureusement souvent sous silence, à moins d’un énorme coup d’éclat. En général, ce ne sont pas des Supermen de l’info qui sont persécutés de la sorte. On ne parle pas ici de casse-cou prêts à tout pour obtenir un scoop, mais bien de gens qu’on envoie dans la mêlée pour qu’ils fassent leur boulot d’une manière honnête, en bravant les difficultés, afin de renseigner le public le plus objectivement possible. Sans vouloir banaliser cette triste histoire, il reste que la situation vécue par Daniel Pearl n’est que la pointe de l’iceberg. Tous les jours, plusieurs journalistes partout dans le monde sont séquestrés, torturés, emprisonnés ou carrément exécutés à cause de leur travail. Un petit coup d’oeil sur le site de l’organisme français Reporters sans frontières (www.rsf.org) s’avère fort révélateur: depuis le début de l’année 2002 (on parle d’une trentaine de jours seulement), trois reporters ont déjà été tués, et plus d’une centaine croupissent derrière les barreaux. Quand entendons-nous parler de tout cela?

Encore aujourd’hui, la liberté d’expression coûte souvent très cher; qu’on pense au Zimbabwe, par exemple, où le président Mugabe tente de faire passer une loi selon laquelle les journalistes devront demander une accréditation gouvernementale pour exercer leur métier. Bonjour l’objectivité! Sinon, ceux-ci sont passibles d’une lourde amende, et c’est sans compter la répression dont ils sont victimes depuis quelques années. En Colombie, les cartels de la drogue s’attaquent directement à la presse: plus d’une quarantaine de journalistes sont morts depuis 10 ans. En Algérie, on élimine les libres-penseurs qui osent défier le gouvernement. Des exemples comme ceux-ci, on pourrait en lister une tonne. Il faut maintenant espérer que le triste sort réservé à Daniel Pearl sensibilisera tout le monde à cette réalité inéluctable: le journalisme est encore et toujours un sport dangereux. Même en 2002.

Des Masques réjouissants
Entre les Olivier, les Félix, les MétroStar et tutti quanti, on ne peut pas dire que les éditions précédentes de la Soirée des Masques aient marqué l’histoire des galas au Québec. Cette remise de prix pour les artisans du théâtre rimait plus souvent qu’autrement avec ennui. Cette année, surprise, on a administré tout un coup de barre. On ne reviendra pas sur les nombreuses incongruités parmi les mises en nomination (mon collègue Luc Boulanger en a longuement traité la semaine dernière), mais le ton léger et amusant du gala contrastait avec celui des années précédentes. Grâce à l’humour et au sens de la répartie des animatrices Andrée Lachapelle et Sylvie Drapeau, on est resté à l’écoute, sans changer de poste pour suivre la "Soirée des Casques", pour reprendre la blague qu’elles ont lancée en référence au Super Bowl. En fait, il n’y a eu aucune minute de répit lors de cette huitième édition des Masques: on espère que les concepteurs des autres galas étaient eux aussi devant leur poste. Enfin, on sent que les Masques ont trouvé une personnalité. Après huit ans, il était à peu près temps.

Jeux sans frontières

C’est vendredi soir que commence le grand marathon des Jeux olympiques sur les ondes de Radio-Canada et de RDS. Pour les deux prochaines semaines, oubliez vos émissions préférées, elles disparaîtront pour laisser l’antenne aux compétitions de Salt Lake City. Mais si l’on se fie à un sondage publié il y a deux semaines, peu de gens resteront collés devant leur écran pour suivre les performances de nos athlètes canadiens. À peine 40 % des Québécois interrogés ont affirmé qu’ils regarderaient les compétitions olympiques, comparativement à 50 % des Canadiens. Espérons, pour les réseaux, que le désastre de Nagano ne se répétera pas. À cause des mauvaises conditions climatiques, les organisateurs avaient annulé plusieurs compétitions de ski, si bien que les diffuseurs avaient dû retransmettre de palpitantes parties de curling. Rien pour aider les cotes d’écoute.