Ça ne tourne pas rond
New Delhi, Inde – Avec la venue prochaine de la Coupe mondiale 2002, Voir a accompagné une équipe de jeunes activistes de la Marche mondiale contre le travail des enfants, constatant l’état de la situation des enfants tisseurs de ballons de football à Meerut et Jalandhar. Jai Singh, guide et activiste local, n’a pas peur des forces armées du Cachemire voisin, mais plutôt des producteurs de ballons de football qui ont déjà attaqué sa famille à maintes reprises. Durant toute notre visite, le chauffeur était armé pour notre protection.
Le Pakistan, l’Inde et la Chine sont les plus grands producteurs de produits sportifs au monde. Des milliers d’enfants, pour aider leurs parents à compléter les commandes, travaillent dans leur maison. Bien que plusieurs d’entre eux aillent à l’école, un grand nombre se voient forcés de remplacer leur crayon par l’aiguille.
Des familles entières doivent travailler pour atteindre le salaire minimum quotidien d’une personne en Inde, soit 68 roupies (Rs), ou environ 2,30 $. Elles reçoivent 10Rs par ballon terminé, soit environ 0,33 $ canadien. À titre de comparaison, un repas pour enfants chez McDonald coûte entre 55Rs et 65Rs, une journée de salaire pour toute la famille.
Parmi les enfants que nous avons rencontrés, Geeta, qui estime avoir entre 10 et 12 ans, cachant ses mains en dessous de ses aisselles, raconte qu’elle passe le plus clair de son temps à tisser des ballons: "Je ressens constamment de la douleur aux mains. C’est comme si elles brûlaient. Je ne peux rien faire d’autre. Je dois aider ma soeur à terminer la commande quotidienne."
Le Secrétaire général de la FIFA (Fédération internationale de football), Michel Zen-Ruffinen, a fait parvenir une lettre à l’organisation de la Marche mondiale, précisant que les ballons et les équipements d’arbitres spécifiquement reliés à la Coupe mondiale 2002 sont fournis par Adidas et seront conformes aux lois internationales du travail.
Dans cette correspondance, datée du 7 décembre dernier, M. Zen-Ruffinen affirme "qu’il n’est pas juste de dire qu’il n’y a pas de système de contrôle mis en place, par contre nous avons initié des discussions avec nos partenaires dans les dernières deux semaines pour améliorer cet aspect du projet".