Médias : Gaga-gala Encore les motards

Gaga-gala

Quel est le meilleur moyen de partir une chicane? Essayez d’organiser un gala, et vous verrez, personne ne sera content. C’est ce qui arrive dans le milieu de la télé québécoise, où un groupe de contestataires est parti en guerre contre les Prix Gémeaux. Cette polémique ressemble d’ailleurs à un mauvais feuilleton où tous les protagonistes veulent tirer la couverture de leur côté. On accuse l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision, qui organise le gala, de favoriser la télé publique au détriment des boîtes privées, qui doivent souvent en faire plus avec moins de moyens. Devant l’entêtement de deux réseaux de télé, TVA et TQS, et de six producteurs (dont Aetios, la boîte de Fabienne Larouche, et Tabou, celle de Michel D’Astous et Anne Boyer), insatisfaits du processus de nomination, la tenue du 17e Gala des Prix Gémeaux est compromise au moment où l’on se parle.

En désespoir de cause, l’Académie a soumis la semaine dernière une offre à la Fronde pour la faire revenir au bercail. On propose de changer la façon de procéder dans le domaine de l’information, qui était le point le plus litigieux. Cela devrait satisfaire le grand patron de TQS, Luc Doyon, qui n’en revenait pas de voir que son bulletin de nouvelles avait été ignoré pour laisser la place à… L’Atlantique en direct! On veut également mettre sur pied un comité qui aura la tâche de surveiller les mises en nomination et qui pourra accueillir les plaintes quand certaines personnes se sentiront lésées. Les récalcitrants ont jusqu’à vendredi pour accepter ou refuser l’offre.

Question aux dissidents: comment peut-on récompenser tout le monde à la fois? Ce n’est pas parce que Km/h ou Histoires de filles réussissent à attirer plus d’un million et demi de téléspectateurs que ces sitcoms doivent nécessairement repartir avec un trophée. Les producteurs et les diffuseurs qui ont claqué la porte semblent aussi oublier un détail bien important: les résultats d’un gala sont toujours subjectifs, quoi qu’on fasse, et malgré toutes les précautions qu’on peut prendre. Ce sont des êtres humains qui votent avec leur bonne ou mauvaise conscience. Et ils peuvent avoir des crottes sur le coeur ou des amitiés qui teintent leurs choix. La situation aux Gémeaux n’est pas parfaite: des catégories sont floues, on laisse peu de temps au jury pour regarder les émissions soumises, certaines nominations sont particulièrement étranges. Mais nommez-moi une remise de prix qui soit totalement juste et équitable. Vous allez chercher longtemps.

Comme pour les Oscars, les nominations aux Gémeaux sont effectuées par un jury de pairs, qui votent pour ceux qui exercent le même métier qu’eux. Les monteurs votent pour les monteurs, les costumiers pour les costumiers, et ainsi de suite. Au moins, on demande à des gens qui s’y connaissent de juger les émissions. Pour ce qui est des changements, l’Académie semble ouverte à la discussion. Alors, où est le problème?

Si, vendredi, les diffuseurs et les producteurs refusent l’offre de l’Académie, cette dernière devra tout simplement annuler le gala. Il serait ridicule de fêter la télé si la moitié de ses artisans ne sont pas au rendez-vous. Le plus dommage dans toute cette histoire, c’est qu’on pénaliserait des personnes qui méritent de recevoir un trophée. Qu’on pense à des gens comme le réalisateur Louis Choquette, qui a effectué un boulot épatant sur Tabou, diffusée sur TVA. Même chose pour Louise Portal, qui donne une performance à couper le souffle dans la même télésérie. Des exemples comme ça, on pourrait en citer des dizaines. Faute de la présence de TVA ou de TQS, va-t-on remettre des Gémeaux à des séries insipides comme Mon meilleur ennemi ou Asbestos? Qu’on fasse le ménage et qu’on revienne par la suite.

Encore les motards
On est très nerveux en ce moment à Radio-Canada. Les avocats des Hells Angels, qui seront en procès sous peu, ont voulu regarder Le Dernier Chapitre (en ondes depuis mercredi), afin de voir si la télésérie de Luc Dionne pouvait influencer les membres du jury. La société d’État a refusé. À cause de cette histoire, on pourrait retarder la diffusion de L’Attentat, un documentaire sur le journaliste Michel Auger. Comme le faisait remarquer le directeur exécutif de RDI, Martin Cloutier, lors du visionnement de presse: "Les avocats des Hells cherchent toutes les raisons possibles pour éviter le procès, et diffuser de nouveaux renseignements sur l’affaire Michel Auger pourrait être considéré comme un outrage au tribunal." À moins d’un changement de dernière minute, L’Attentat sera diffusé le 12 mars, à 20 h.