Médias : Mariage de raison? Fin de parcours
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Médias : Mariage de raison? Fin de parcours

Mariage de raison?

On voyait la situation se profiler depuis quelque temps, mais là, c’est officiel: la guerre est ouverte. Et la semaine dernière, les ennemis se sont finalement installés dans leurs retranchements. Pour faire de la télé au Québec, on devra négocier avec trois ou quatre gros conglomérats, sinon, on devra passer son tour.

D’une part, il y a Quebecor, qui possède en son giron TVA, Vidéotron, Le Journal de Montréal, et une pléthore de magazines. On trouve également Bell, qui vient de mettre la main, avec la participation de Cogeco, sur TQS, en plus de contrôler RDS et CTV. Les chaînes spécialisées sont l’apanage d’Astral, qui détient aussi un énorme réseau de stations de radio. À ce tableau vient maintenant de s’ajouter un nouveau joueur avec l’annonce de l’association de Radio-Canada et des Éditions Gesca, qui publient entre autres La Presse et Le Soleil, pour la production de la nouvelle émission de cuisine de leur chroniqueur bouffe, Ricardo Larrivée.

Le mariage entre Gesca et Radio-Canada était pourtant prévisible. L’automne dernier, insatisfaite de la couverture de sa programmation dans les téléhoraires, que possède en grande partie TVA, Radio-Canada s’était associée à Gesca pour en lancer un nouveau, Voilà , une décision qui avait soulevé l’ire dans le monde des médias. Voilà que La Presse récidive en s’intéressant à la production télé, grâce aux bons conseils d’André Provencher, patron des Éditions Gesca, qui était auparavant directeur de la programmation à TVA.

Orpheline jusqu’à présent dans cette bataille, il semble bien que Radio-Canada ait finalement choisi son camp, même si l’on affirme le contraire des deux côtés. Est-ce que la société d’État avait vraiment le choix, si elle ne voulait pas manquer le bateau? Bien qu’il ait clamé la semaine dernière qu’il n’excluait pas la possibilité de collaborer avec d’autres chaînes, entre vous et moi, André Provencher serait plutôt mal vu d’aller vendre ses concepts à TVA, c’est-à-dire à son concurrent direct. Pensez-vous sérieusement que Pierre Karl Péladeau pourrait acheter une émission produite par La Presse

De toute façon, il n’est pas certain que le patron de Quebecor voudrait même négocier avec Gesca. En plein milieu d’une tempête interne, il est évident que PKP a la mèche courte ces temps-ci. La sortie virulente qu’il a faite la semaine dernière en est un bon exemple. Il ne s’est pas gêné pour accuser Bell d’utiliser ses profits dans la téléphonie locale pour financer ExpressVu, son service de télé par satellite, lui qui essaie par tous les moyens de vendre Illico, la télé numérique par câble. Sans aucun doute, la bataille est commencée, et elle ne sera pas propre.

Sérieusement, à la lumière des derniers événements, comment peut-on espérer une télé diversifiée et vivante si sa destinée se retrouve dans les mains des quatre mêmes personnes? Surtout avec notre ami Pierre Karl, qui n’arrête pas de vanter la fameuse synergie, qui lui permet d’ailleurs de mettre sa copine, Julie Snyder, en couverture de son Journal de Montréal. Le scénario alarmiste que l’on craignait semble prendre forme sous nos yeux, sans que personne ne s’en offusque pour autant. Où se trouve la ministre de la Culture, Diane Lemieux, quand il est temps de prendre position dans ce genre de dossier? Devant l’apathie générale des décideurs, le pire serait-il à venir?

Fin de parcours
Avec le printemps qui revient, c’est également la fin de la saison télévisuelle. Plusieurs séries feront leur dernier tour de piste, dont la sublime La Vie, la vie, qui se terminera, à notre plus grand regret, ce lundi. Après 39 épisodes qui ont révolutionné le petit écran, l’auteur Stéphane Bourguignon a promis de boucler la boucle en beauté. Comment Vincent, Marie, Simon, Jacques et Claire, les cinq personnages qui nous ont tant touchés, vont-ils terminer leur course? Espérons que les adieux ne seront pas trop difficiles…

Et jeudi prochain, on pourra enfin découvrir le fameux secret de la psychologue Anne Fortier, dans le dernier épisode de Fortier. Après trois ans, il était à peu près temps. Mon petit doigt me dit que le personnage interprété par Sophie Lorain va finalement venger l’agression sexuelle dont il a été victime il y a une vingtaine d’années. Mais connaissant la facilité de Fabienne Larouche à brouiller les pistes, peut-être que mon petit doigt se sera trompé… À suivre!