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Un cycliste high-tech se balade le long d’un champ de Canola sur fond de musique techno. Derrière, une voix off vous explique que la réduction de notre consommation d’énergie passe par le développement de ces organismes génétiquement modifiés (OGM) qui ont si mauvaise réputation qu’on les appelle poliment biotechnologie.
Voyez pas le rapport? Voyons donc, les amis, c’est parce que les ti-légumes et les céréales modifiés exigent moins d’espace et moins d’engrais pour pousser.
Au diable les vitamines et la contamination, l’avitaminose et les allergies, mangeons-en, de la merde rentable… À quelque chose malheur est bon. Les p’tits pois carrés vont enfin rentrer dans les boîtes d’allumettes. Ne rouleront plus sur la table quand le Titanic tangue et fait naufrage.
Le spot se termine par une invitation: si vous voulez en savoir plus sur les biotechnologies… contactez… bla bla bla… suivi d’un numéro de téléphone.
On va vous y expliquer qu’avec le transgénique, l’écologie rencontre enfin les contraintes du rendement.
Allons donc, les OGM sont aussi écologiques que Ben Laden est bon chrétien!
D’abord, permettez-moi au passage cette digression paranoïaque:
Fin des années 80. Dans ses messages télévisés, Énergie nucléaire du Canada invite ceux qui veulent en savoir plus long sur l’usage du nucléaire à contacter ses services.
L’histoire nous apprendra quelques mois plus tard qu’il s’agissait d’un piège, d’une toile d’araignée. Une manière subtile de ferrer le poisson. Le croiriez-vous, ceux qui ont contacté Énergie nucléaire du Canada pour demander de l’information étaient mis sous enquête… par cette espèce de succursale de police fédérale qu’était en fait la société de la Couronne. Une bonne partie de son budget de promotion servait à débusquer les militants et opposants au nucléaire cachés au sein de ceux qui demandaient de l’information.
Maintenant, quand on sait les précautions prises par Ottawa pour dissimuler ses premières cultures transgéniques dans les Maritimes, ça ne donne pas envie de prendre le téléphone, et de passer pour un dangereux criminel avide de renseignements.
Permettez-moi de vous proposer une autre adresse.
Greenpeace vient tout juste de publier la troisième édition de son petit Guide des produits avec ou sans OGM. Puisque Santé Canada fait littéralement manger de la merde à la population en refusant obstinément d’imposer l’étiquetage obligatoire, il s’agit de la seule référence en la matière.
Voici en vrac quelques marques connues bourrées de cochonneries transgéniques; quand on sait que l’innocuité des OGM n’a jamais été prouvée, il y a de quoi se laisser crever de faim…
Les plats Cuisine minceur (ou l’art de rester mince et biologiquement modifié)
Les pizzas Delissio (c’est pas du resto, c’est du chimio)
Les vinaigrettes Kraft
Les aliments Choix du président
La grande majorité des soupes Campbell…
Les sauces Primo et Hunt
Les gâteaux Sarah Lee
Les aliments pour bébé Nestlé!
Le Similac (lait maternisé pour nourrisson!!)
Les biscuits Leclerc et Mc Cormick
La margarine Fleischmann
Les biscuits Christie et Nabisco (Monsieur Christie…)
Le pain Gadoua, Gai-Luron, Western et Bon Matin (pauvre Lise Dion)
Les sauces Knorr
Le beurre d’arachide Kraft
Et même les produits congelés (couscous, grec, thaï apparemment bio du Commensal).
S’ajoutent sans surprise à cette liste les croustilles prémoulées en usine Pringles, dont une étude récente affirmait qu’à l’instar des autres chips, elles étaient potentiellement cancérigènes…
Enfin, étrangement, les Doritos obtiennent une bonne note de passage tandis que toutes les bières de Robert Charlebois sont exemptes de tout OGM.
On imagine les enjeux de l’étiquetage devant la liste de tous ces géants…
Le petit Guide des produits avec ou sans OGM, de Greenpeace, est maintenant disponible à notre bureau de Québec, au 470, de la Couronne, moyennant une minuscule contribution volontaire à l’organisation écologique.
Passez le prendre.
Mais ne vous surprenez pas si ensuite, en rentrant chez vous, Bobo l’ourson, Potato-de-la-purée-de-pommes-de-terre-Sheriff et le Bonhomme Pillsbury, affublés de fausses lunettes et de moustaches postiches, vous suivent discrètement dans la rue.