Qu’y a-t-il de comparable entre Céline Dion et le conflit israélo-palestinien?
De prime abord, la défaite de la pensée critique.
Jamais aura-t-on assisté au Québec à autant d’à-plat-ventrisme et d’aliénation de la critique que durant les années qui menèrent Céline Dion au sommet de l’industrie.
Prolifique, la diva de Charlemagne accouchait à répétition d’albums aussi banals et ennuyeux qu’atrocement répétitifs. Mais cette accumulation de défauts – qui en d’autres temps auraient sauté au visage de la critique et n’auraient pas été tolérés chez d’autres – étaient occultés par le succès. Comme si fortune et réussite excluaient le jugement.
Cela s’explique. Quel commentateur, quel critique n’éprouverait pas un peu de gêne à passer pour un élitiste méprisant parce qu’il n’apprécie pas la petite fille de chez nous dont la réussite rejaillit sur "tout nous autres", comme le disait ce pauvre Lucien Bouchard? Entre cela et passer pour un traître à la nation, il n’y a qu’un pas.
Effet d’entraînement… Dans cet environnement pressurisé, la profession de journaliste, au lieu de s’inscrire en faux avec son lectorat, préfère survivre dans les refuges de la déontologie et rapporter les faits.
Or, aujourd’hui, 12 disques d’or ou 10 morts dans un attentat suicide sont traités de même manière par l’information-sans-risque qui ne génère plus que des images-spectacles.
Quand, où, comment… mais ensuite? Préfère-t-on laisser aux lecteurs, aux spectateurs le soin de se faire une opinion?
L’intention serait belle, mais elle resterait fondamentalement fallacieuse.
Quand on pense aux soins que dépensent les faiseurs d’opinion à manipuler l’information avant même qu’elle ne parvienne sur CNN ou Radio-Canada.
L’interdiction faite par Israël aux observateurs étrangers de visiter des camps de réfugiés, la volonté des Palestiniens d’exhiber à tout vent leurs victimes, mais de dissimuler le sort qu’ils réservent à leurs traîtres, dépecés, sans procès, comme des animaux sur la place publique en sont de bons exemples.
Cette fois-ci, si éditorialistes et critiques en sont venus à camper aux frontières du silence, ce n’est pas la faute des tenants du chantage ni des terroristes locaux qui incitent ceux qui ne sont pas d’accord avec une opinion à visiter des salles de presse avec des armes.
Cela relève de l’impossibilité morale d’enraciner ses positions en suivant le fil des événements.
Bien sûr, comment ne pas remarquer l’iniquité des forces en présence en Palestine? Comment ne pas déplorer le colonialisme forcé auquel se livrent les Israéliens?
Comment ne pas rétorquer aux partisans de l’éradication du terrorisme que le terrorisme ne naît pas de rien?
Que la définition de ce terme aurait aussi bien pu s’appliquer aux méthodes utilisées dans les années 50 par un petit pays qui a dû mener contre les Anglais une guerre farouche avant de fonder l’État d’Israël.
Comment ne pas remarquer l’état de misère prévalant dans les camps de réfugiés de Palestiniens tandis que prolifèrent d’immenses trafics d’influence et d’armes avec l’Amérique? Comment ne pas déplorer les gestes de provocation d’Ariel Sharon qui ne condamne qu’à demi-mot ses propres extrémistes?
Comment? C’est simple. Malheureusement, en regardant droit dans les yeux ces centaines de musulmans fanatiques dont l’interprétation du Coran cautionne le sacrifice humain et la sauvagerie, qui ne songent qu’à casser du juif. En entendant la femme d’Arafat affirmer qu’il n’y a pas de plus grand honneur que de sacrifier ses enfants pour la cause nationale.
Serait-il possible que, même en temps de paix totale, avec la meilleure des bonnes volontés, en baissant les bras, les Israéliens se feraient massacrer jusqu’au dernier par les populations environnantes?
À cet effet, il est assez bouleversant de constater qu’une bonne part des sites Internet qui exposent les authentiques exactions de la police israélienne sur des populations palestiniennes abritent aussi des sites de révisionnistes qui nient l’holocauste et encourageant les attentats suicide.
On pourrait continuer comme cela pendant longtemps. Ce serait aller au delà de ma désespérance.
Alors, comment dans de telles circonstances prendre position? Vous serez, j’en suis sûr, nombreux à vouloir nous l’expliquer sans violence.