Test de coupe-bordures : Gazon maudit: le retour

Objet de discorde lorsqu’il est utilisé au petit matin et symbole sonore des banlieues verdoyantes, le coupe-bordure est l’outil par excellence des perfectionnistes. Grâce à Christian Nadeau, de chez Équipement Benoît Bilodeau à Lévis, nous avons pu en tester trois types conçus par la compagnie Stihl, "qui a des détaillants partout dans le monde", précise notre vendeur expert. Trois modèles aux fonctions distinctes, tous poussés aux extrêmes limites…

Fouettons et draguons
Âme esseulée de la saison estivale ou infatigable dragueur, sachez que vous ne faites qu’un avec votre taille-bordure et que, dès lors, il peut être un précieux atout dans votre quête amoureuse.

1) Il est vrai que le fait d’être relié au port d’attache de votre maison, tel un bambin à sa mère par le cordon ombilical, peut nuire à vos entreprises de charme. Par contre, le doux ronron du moteur instaure une ambiance fort propice à la conversation. Sa grande légèreté vous permettra aussi de partager le plaisir de la tonte avec le sexe opposé. Recommandé aux écolos et aux partisans de l’égalité en toute tâche.

2) Modèle de drague tout terrain, sa corde de démarrage est toute indiquée pour augmenter la masse musculaire, tandis que son niveau de bruit permet d’exploiter la richesse de vos cordes vocales. Par ailleurs, grâce à sa grande mobilité, vous pourrez aller courtiser sans ennui sur les terrains voisins. Le favori du play-boy.

3) Le choix des amateurs de testostérone. Son poids ne favorise pas nécessairement les plus belles poses plastiques, mais met instantanément vos muscles en relief. Prévoir l’apprentissage du langage des signes, en raison du bruit du moteur, et doubler la quantité d’eau de Cologne, pour contrer les fortes odeurs de CO2.

Choco-lait fouetté
Appareil multifonction, le taille-bordure est trop mal connu pour son apport à la cuisine quotidienne. Nous avons décidé de corriger cette injustice et de tester les différents modèles en analysant leur aptitude à faire de bons laits au chocolat. Rappelons qu’après une tonte de gazon, toute boisson fouettée à l’aide d’un taille-bordure est une excellente source de chlorophylle.

1) Son capot de protection permet de contrer les éclaboussures et d’acquérir une remarquable stabilité lors du travail. Aucun grumeau n’a été décelé lors du filtrage au tamis. Assurément le plus fin et le plus subtil des mélangeurs extérieurs.

2) S’est bien débrouillé aussi, avec un lait au chocolat assez homogène. On déplore cependant la présence de grumeaux et de résidus au fond du bol. Son capot étant petit, on se doit d’être très prudent pour éviter les éclaboussures.

3) Imitant les violents coups d’ailerons d’un moteur hors-bord, le semi-pro s’avère beaucoup trop puissant et difficilement maniable. Même la plus petite intensité ne permet pas un bon contrôle sur la qualité du mélange. À n’utiliser qu’avec un imperméable.

Parcours cartonné
Ce test consiste à établir le ratio puissance-précision de chaque taille-bordure en lui faisant tailler un tracé accidenté, dessiné sur une boîte de carton.

1) Affichant une certaine lenteur (22,49 secondes), mais également une grande méticulosité, le modèle électrique a déchiqueté le tracé avec amour et précision. Idéal pour les minutieux.

2) Nettement plus rapide (15,20 secondes) et plus vorace, l’occasionnel a déployé une puissance effarante qu’on ne lui soupçonnait guère. De plus, ses actes d’une grande violence se sont déroulés avec une précision étonnante. Un bel équilibre force-finesse.

3) C’est le Jaws du tracé. S’il est vrai qu’il n’est pas toujours précis, on ne peut que rester béat devant sa soif de destruction. Même après son carnage de 9,5 secondes, l’appareil réclamait un nouveau tracé à anéantir. À garder hors de la portée des enfants.

L’omelette
Test avec lequel il est possible d’évaluer les capacités auxiliaires de l’engin. En cette époque où la multiplicité des usages d’un outil semble primordiale, ce test nous apparaît comme essentiel. Chaque appareil doit battre deux oeufs assez efficacement pour pouvoir en faire, vous l’aurez deviné, une omelette.

1) La plaque protectrice, bien qu’elle protège des éclaboussures, empêche les fils de nylon d’atteindre le fond du cul de poule, obstruant aussi la vue et obligeant le jardinier devenu cuisinier à incliner ce modèle électrique pour parvenir à ses fins.

2) Appareil idéal pour le Jean Soulard qui sommeille en vous, presque aussi maniable qu’une mixette, le FS 45 est sans aucun doute, et ce, malgré une légère odeur d’essence, l’outil parfait pour les émulsions, les mélanges à crêpes et les oeufs brouillés.

3) Tout de même maniable, ce modèle nous semble un peu trop stéroïdé pour la cuisine. Sa palette de protection étant de dimension minimale, le contenu du bol ne manquera pas d’éclabousser les jambes de l’utilisateur, rendant toute forme de cuisine en plein air périlleuse.

Le mur du son
Y a-t-il plus agressant comme bruit typiquement estival que celui qu’émettent ces satanés coupe-bordures? Se fiant au volume d’un lecteur de DC portable et aux toutes aussi bruyantes élucubrations de Mononc Serge, ce test a pour but d’évaluer le degré de pollution sonore des engins qui est, comme le souligne Christian Nadeau, régi par des lois excessivement sévères au Canada… Fort heureusement!

1) L’ajustement du volume placé au niveau 7, on peut très bien entendre Mononc se plaindre d’une panne de camion aux confins des désertiques prairies canadiennes. Avec ce modèle, vous pourrez poursuivre vos relations de bon voisinage en toute quiétude.

2) À 8 3/4, le bruit du petit moteur à deux temps est enfin enterré par les cris de désespoir du très caustique Mononc. Soutenable, le son de voiture de kart qu’émet l’engin risque cependant de vous brouiller avec vos voisins les plus rapprochés. À éviter le dimanche matin avant 10 h.

3) Idéal pour sonner l’alarme en cas d’attaque nucléaire ou, plus simplement, pour exaspérer tout le quartier, ce modèle fait un boucan d’enfer qu’un lecteur de DC poussé au maximum n’arrive pas à faire oublier. Idéal pour les gens qui vivent à la campagne ou pour les emmerdeurs de banlieue.

Appréciation générale
1) Outil idéal pour la finition post-tondeuse, le FSE 60 est parfait pour les menus travaux et la réduction des quelques herbes folles qui se croyaient jusqu’alors intouchables. Presque sans vibration, sans odeur et très silencieux, il est cependant peu puissant, manque de force brute dans les zones vierges et de finesse dans la cuisine. Pour usage occasionnel.

2) Bien balancé, léger, sexy, le FS 45 sort grand gagnant de tous les tests, de la finition aux travaux herculéens en passant par la cuisine en plein air avec une aisance déconcertante. À la ville comme à la campagne, cet outil nous apparaît comme le compagnon idéal de l’amant de la pelouse appréciant le parfum à forte teneur en octane et huile.

3) Réservé à ceux qui, une fois le travail commencé, ne peuvent simplement plus s’arrêter, le FS 75 est destiné aux Terminators des hautes herbes. D’une puissance incroyable pour un modèle semi-professionnel, ce coupe-bordure crée une certaine dépendance chez l’utilisateur qui, s’il ne peut s’en servir à d’autres fins en raison d’une trop grande force, se sentira grisé par le bruit, la maniabilité et la capacité de destruction de l’engin. Sublime violence.