Les attentats du 11 septembre n’en finissent plus d’avoir des conséquences lourdes sur la politique internationale.
Cette semaine, le président Bush présentait aux Américains son plan d’actions préventives contre les nations pirates qui hébergent ou financent le terrorisme. Ce qui veut dire en clair que messieurs les anglos songent à frapper les premiers .
Au sommet de cette liste, l’Irak, l’Iran, le Soudan, la Libye, la Corée du Sud, la Palestine et… Cuba sont donc devenus passibles de prendre missiles de croisière et autres bobinettes intelligentes sur la gueule.
Quoi qu’il soit chic et de bon ton chez une certaine intelligentsia de gauche déconnectée d’inclure désormais les USA parmi la liste officieuse des nations terroristes, je ne peux m’empêcher de penser que, pour ces pays de misère, incapables de se débarrasser de leurs grotesques dictatures, un petit coup de main bien ciblé ne serait pas une mauvaise affaire.
On peut bien accuser l’Amérique de crime économique, arguer que ses dirigeants ne sont pas des modèles pour les démocraties, n’empêche, il faut en buter du condamné à mort, en déverser des hectolitres de gaz moutarde avant d’atteindre les scores pharamineux obtenus par Saddam sur ses populations kurdes du nord de l’Irak.
En faire péter des avions de passagers, en buter des femmes flics et des ambassadeurs, en liquider des frères de sang et des ministres pantins avant de remporter le prix Nobel de la mégalomanie.
En manger des grosses pilules roses pour perdre la raison au point de revendiquer l’héritage de Kim Il Soon, craquepotte héréditaire qui affame sa propre population pour la plus grande gloire du cadavre décomposé du communisme d’État.
En faire péter des martyrs de la révolution, en annuler des élections, en perdre de la crédibilité et multiplier les appels à la paix bidons que personne n’écoute avant d’être logé-nourri gratuit de langues de canaris chez Allah et Yasser, son prophète.
Exception.
Ici, dans ce pays où l’été est porté disparu, les Québécois nourrissent une affection particulière, une petite ferveur pour Cuba.
Bastion du romantisme révolutionnaire soixante-huitard jadis symbolisé par les posters stroboscopiques de Che Guevara scotchés dans les sous-sols humides, le paradis des Antilles s’exporte maintenant via la musique de pépés sympathiques qui peuvent enfin s’offrir un dentier ou deux aux frais de Ted Turner.
C’est bien connu, Cuba vend des cigares, du soleil, des plages et des amours sans lendemain aux touristes d’ici.
Sans présumer de la valeur de ces liens cancérigènes, que les fréquentations y soient à rabais s’explique peut-être par l’unilatéralité du trafic touristique. Oh! ce n’est pas faute de bon vouloir de la part de la population, mais dans ce pays où trouver une tranche de viande relève de l’exploit, on y pense désormais à deux fois avant d’aller servir de jambonneau aux requins en traversant la mer des Antilles en baignoire.
Père de la révolution, Castro a peut-être sauvé l’île de la corruption sordide et d’une misère semblable à celle d’Haïti, mais voici que, sentant le spectre de la mort se poser sur lui, le dictateur impose à sa population trois jours intensifs de signatures pour organiser un référendum garantissant le "caractère immuable du communisme" dans l’île. Inutile de dire qu’il faut être profondément débile pour croire qu’une telle loi puisse lui survivre, mais Castro est dans son droit. Selon la constitution cubaine, 10 000 pétitionnaires suffisent pour réclamer des référendums nationaux ayant force de loi.
Alors, que sont devenues les 1120 signatures de courageux qui ont demandé le mois dernier l’organisation d’un vrai référendum sur le droit de vote, la liberté d’association, d’expression à Cuba?
Le dictateur a dû en faire de la litière pour ses chats.
Personne ne songerait à bombarder Cuba, mais ces braves bêtes seront bien les seules à se plaindre de constipation lorsque, comme Gainsbourg, nous chanterons à l’annonce de chacun de ces départs: "Je serai content quand tu seras mort, vieille canaille."