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Pape star
Oubliez Area 2, le Ozzfest et le Vans Warped Tour. Dans exactement une semaine, c’est par centaines de milliers que la jeunesse de plus de 150 pays converge à Toronto pour le festival des festivals de l’été: les Journées Mondiales de la Jeunesse mettant en vedette nul autre que le représentant du Christ en ce bas monde, le pape Jean-Paul II.
Le méga-événement, qui a lieu à peu près tous les deux ans, a déjà attiré 4 500 000 fidèles à Manille en 1995, un million à Paris en 1997 et deux millions à Rome en 1999. L’édition Toronto 2002 de LolaPAPEalooza devrait cependant être une des performances les plus intimes du pontife depuis la création des JMJ, en Argentine, en 1987. "Nous croyons avoir une participation d’environ 500 000 personnes s’il fait beau et si les gens se lèvent assez tôt", estime René Laprise, directeur adjoint des communications pour les JMJ. Ce qui ne devrait pas être un trop gros problème à Toronto.
Selon M. Laprise, c’est la moins grande concentration de catholiques en Amérique du Nord, l’immensité du continent et, bien entendu, les événements du 11 septembre qui expliquent l’achalandage modeste à ce qui pourrait être une des dernières performances live de JP II en Amérique du Nord.
Pour vendre l’événement à la génération MusiquePlus, les évêques du Canada ont mis sur pied une campagne publicitaire inspirée "des concerts rock mettant en vedette des mégastars!" (dixit le site Web officiel commandité par Hydro One et Breyers All Natural Ice Cream). Comme tout bon festival, les JMJ comportent deux ou trois grands événements en présence du pape, entourés d’une série d’activités off-JMJ allant des séances d’enseignement spirituel jusqu’aux parties de base-ball des Blue Jays.
Les obligatoires crayons, porte-clefs et autres cossins aux couleurs officielles du Saint-Siège seront bien entendu en vente. Pour transporter leurs souvenirs, les pèlerins inscrits reçoivent d’ailleurs gratuitement un "sac du pèlerin" fabriqué par Corcan, une agence du gouvernement fédéral qui prépare les détenus à réintégrer le marché du travail en leur faisant coudre des sacoches pour 6,90 $ de l’heure.
S’ils ont tous certainement très hâte de se procurer Lumière du monde, "le tout premier album de musique catholique contemporaine internationale" de l’histoire, les pèlerins comme Nathalie Caron, étudiante en psychologie et membre du comité jeunesse des JMJ, vont surtout à Toronto pour voir le pape. "Le pape, ce n’est pas n’importe qui, c’est le représentant du Christ sur Terre. C’est aussi quelqu’un d’admirable qui se tient debout."
Mais justement, il est de moins en moins souvent debout, le pontife. Accablé de plusieurs maux, Jean-Paul II se déplace physiquement très peu. Même les défilés en papemobile, qui avaient fait le bonheur des Montréalais en 1984, ont été réduits au minimum. Un ascenseur a été installé pour l’aider à monter sur scène à Downsview Park, site des principaux événements, et ses déplacements sur celle-ci sont assurés par une plate-forme mécanique semblable à celle utilisée par Yoda dans L’Attaque des clones, mais avec des roulettes.
Plusieurs médecins et un équipement médical sophistiqué seront à la disposition du pape. Mais selon le caporal Michèle Paradis, chargée de communications pour la GRC, il s’agit des mêmes installations mises à la disposition de tous les dignitaires étrangers en visite au Canada. "La reine doit venir au mois d’octobre et nous allons mettre le même équipement à sa disposition. Écoutez, si le président des États-Unis peut s’étouffer en mangeant un bretzel, n’importe quoi peut arriver à un dignitaire en visite."
Les JMJ ne débutent officiellement que la semaine prochaine, mais plus de 46 000 représentants de la belle jeunesse catholique romaine mondiale arrivent au pays dès aujourd’hui. Près de la moitié d’entre eux ont choisi de passer leur première semaine au Québec et à Montréal, histoire de s’amuser… pardon, histoire de visiter un peu avant de prendre la route de l’Ontario.
Depuis des mois, tous les diacres et marguilliers de la province travaillent d’arrache-pied à l’organisation de BBQ et de parties de soccer spirituellement saines afin d’occuper les jeunes, mais Huguette Fortin, du comité organisateur, assure qu’on ne fera pas d’histoires avec ceux qui pourraient être soumis à d’autres tentations. "Bien sûr qu’ils ont le droit d’aller faire le tour des bars! Il y a même des paroisses qui ont prévu de les diriger vers la rue Saint-Denis parce que c’est certain que c’est bien tentant."
Ce qui promet d’être beaucoup plus intéressant, c’est la messe du 21 juillet qui doit avoir lieu au parc Jeanne-Mance, en même temps que les tam-tams. "Ça va ajouter une autre couleur à l’événement spontané que sont les tam-tams", explique Alain Mongeau, organisateur des activités sur le Plateau. Celui qui va partager la Parole s’appelle Martin Lagacé, un ancien musicien punk, pilier des Foufounes électriques qui s’est converti et qui est devenu prêtre. Est-ce qu’on tentera de protéger les croyants des autres eucharisties de rites moins catholiques qui circulent parfois au parc du Mont-Royal? "Il n’y a pas d’avertissement spécial, à ce que je sache. Nous n’avons rien demandé." (Georges Boulanger)