![Banques en ligne : Dignes d'intérêts?](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/09/13618_1;1920x768.jpg)
![Banques en ligne : Dignes d'intérêts?](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/09/13618_1;1920x768.jpg)
Banques en ligne : Dignes d’intérêts?
Confieriez-vous vos économies à une banque entièrement virtuelle? Si la plupart des personnes répondent par la négative, ING DIRECT – seule institution financière du genre qui vient tout juste de s’installer au Québec – a pourtant réussi à attirer 600 000 Canadiens et dispose de plus de 6 milliards d’actif. Si la méfiance reste de rigueur et que beaucoup craignent les failles du système, la tendance semble peu à peu se frayer un chemin grâce à des incitatifs financiers bien concrets.
Yasmine Berthou
Le monde merveilleux du virtuel et des autoroutes de l’information abrite désormais des institutions financières 100 % électroniques. Ici, pas de caissier pour vous accueillir, pas de guichet automatique pour retirer de l’argent, juste un écran d’ordinateur et vous. En un simple clic de souris, vous pouvez donner des ordres de virement à un banquier sans visage qui s’exécutera sur-le-champ. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la confiance des clients était au rendez-vous. Seulement voilà, un certain nombre d’entre eux se heurtent à cette vision futuriste des institutions financières en se demandant où va leur argent et où est l’arnaque.
"J’ai pas mal hésité avant d’ouvrir un compte d’épargne. Internet me semblait plutôt intéressant et moderne, avoue ainsi Geneviève, publicitaire de 29 ans. Et puis le fait de ne pas pouvoir parler à quelqu’un de visu m’a refroidie." La jeune femme s’est donc rabattue sur une banque traditionnelle où les conseillers la reçoivent dans leurs bureaux, un café à la main et un sourire accroché aux lèvres.
Même son de cloche chez Sam, entrepreneur de 38 ans: "Je n’ai aucune confiance dans la sécurité des transactions informatiques. On sait que n’importe qui peut s’introduire dans un ordinateur, alors comment voulez-vous être sûr que personne ne profitera de certaines failles pour piller vos comptes?" Aucun argument ne semble avoir de prise sur cet habitant de Québec et ce n’est donc pas demain la veille qu’ING DIRECT, la seule banque électronique présente au Canada, le comptera parmi ses clients.
Martin Beaudry, directeur général des ventes chez ING DIRECT, comprend la réticence des Québécois. "Cette hésitation est vraiment liée à Internet et non pas à la notion de banque. La plupart des gens sont encore méfiants quand il s’agit de faire affaire dans le Web. Les fraudes ou tentatives de fraude font partie de la réalité bancaire et toutes les banques en font les frais. S’agissant d’ING DIRECT, comme Internet est l’un de nos canaux de communication privilégiés, alors nous prenons des mesures probablement encore plus serrées que celles développées par les autres banques. C’est notre life line (ligne de vie) et nous ne pouvons pas nous permettre d’erreur. Heureusement, les choses évoluent rapidement. J’en tiens pour preuve le nombre de nos clients qui ne cesse de croître." Depuis mai dernier, ING DIRECT peut en effet s’enorgueillir d’avoir déjà attiré près de 15 000 consommateurs dans toute la province.
Les taux d’intérêt de 2,5 % des comptes épargne-placement, cinq à huit fois supérieurs à ceux des Caisses et des autres banques, ne sont pas étrangers à cette réussite. "Le client type est soit une personne d’un certain âge faisant affaire avec nous par téléphone, soit une personne appartenant au groupe des 35-55 ans, dont le revenu moyen est de 50 000 dollars et plus par année et dont le niveau d’éducation est un peu plus élevé que la moyenne", précise ainsi Martin Beaudry.
Pour accroître encore son assise, la première banque virtuelle installée au Québec devra pourtant relever un principal défi: question gros sous, il n’est pas facile de placer son argent dans un simple ordinateur connecté à Internet. La plupart des individus aiment pouvoir compter leur argent et flatter leur bas de laine, pas question alors de se contenter de simples chiffres alignés sur un écran d’ordinateur. "On se demande vraiment où va l’argent et puis aussi si nos économies sont garanties en cas de faillite, par exemple", ajoute Geneviève.
Une banque comme les autres
Pour la rassurer, Martin Beaudry précise qu’ING DIRECT est "une banque à charte canadienne sous réglementation fédérale. Les comptes d’épargne-placement ING DIRECT sont donc protégés par la Société d’assurance-dépôts du Canada au même titre que ceux des autres institutions financières au pays. Donc, individuellement, nos clients ont la même couverture de 60 000 dollars par compte. S’il y avait une faillite, en notant que vous ne dépassez pas ce montant, la société d’assurances vous rembourserait". Et si vous en aviez plus, ING Groep – 15e institution financière au monde (le groupe représente plusieurs fois la Banque Royale) dont le siège social est à Amsterdam et qui gère plus de 900 milliards $ d’actif – "serait en mesure, j’imagine, de rencontrer toutes ses obligations, tente de rassurer le directeur des ventes. Dans le cas contraire, elle aurait beaucoup à perdre, ce d’autant qu’elle est dans le domaine des assurances depuis des dizaines et des dizaines d’années".
L’argument semble en avoir rassuré quelques-uns qui, comme Claude, avocat au Barreau de Québec, ne seraient pas inquiets "de faire affaire avec une banque électronique parce que votre placement est couvert par l’assurance-dépôts. Je serais plus inquiet si j’étais Desjardins et la Banque Nationale. Ça ne les mettra pas en faillite, mais elles vont perdre de l’épargne stable, c’est écrit dans le ciel".
À la Banque Nationale (BN), on joue pourtant la note du "pas de problème". Denis Dubé, chargé de communication, indique ainsi que la BN "présente à la fois des succursales classiques et des services électroniques. Les consommateurs veulent avoir accès aux services de base: Internet, téléphone, etc. pour certains types de transactions rapides et faciles. D’un autre côté, ils veulent parler à des gens et obtenir des conseils précis. Nous offrons de plus en plus de produits de plus en plus complexes, d’où l’importance d’avoir des succursales pour établir une relation de confiance personnelle entre les clients et les conseillers financiers." Il conclut finalement: "La Banque Nationale offre le meilleur des deux mondes." Pas un mot en revanche sur les 600 000 Canadiens qui ont déjà placé 6 milliards d’actif chez ING DIRECT depuis son arrivée en sol canadien en 1997.
Malgré ces chiffres impressionnants, ING DIRECT a bien conscience de la méfiance, très ancrée dans l’esprit des gens, et pour la contrer, le groupe a décidé de mettre sur pied un Café des finances, qui ouvrira cet automne à Montréal. "C’est un petit endroit où les gens vont pouvoir prendre un café et rencontrer du personnel d’ING DIRECT. Cette petite équipe pourra passer du temps pour leur montrer comment se servir d’Internet, ou comment téléphoner et transiger avec le numéro 1 800", explique Martin Beaudry. Il rappelle toutefois que "c’est justement parce que nous n’avons pas d’infrastructures que nous offrons des taux d’intérêt sur l’épargne qui sont jusqu’à cinq fois supérieurs à la moyenne des taux des banques ou des Caisses. Cela permet aussi d’offrir des taux plus bas pour les prêts hypothécaires, des marges de crédit sans garantie, des prêts pour investissement dans les comptes REER…"
Ce café va toutefois offrir à ING DIRECT le visage qui lui manque. Comme quoi le point faible de la banque électronique réside bien dans sa nature même. Denys, ingénieur de 25 ans, rappelle d’ailleurs que "tout ce qui est en rapport avec Internet est réputé pour être court et incertain – les chutes de WorldCom et autres Vivendi Universal ont confirmé cette idée – alors qu’une banque doit être synonyme exactement du contraire". ING DIRECT a semble-t-il encore un long chemin à parcourir…
Pour plus d’information:
www.ingdirect.ca ou 1 866 ING DIRECT (1 866 464-3473)