![Attentats du 11 septembre : Ce qu'il en reste](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/09/13672_1;1920x768.jpg)
![Attentats du 11 septembre : Ce qu'il en reste](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/09/13672_1;1920x768.jpg)
Attentats du 11 septembre : Ce qu’il en reste
Nous avons demandé à des personnalités de tous les horizons ce qu’il fallait, à leur avis, retenir des événements du 11 septembre. Vox pop.
Catherine Morency, François Gariépy, Isabelle Porter, Propos recueillis par David Desjardins
Jean Charest
, chef de l’opposition provinciale
"Les événements du 11 septembre nous ont rappelé d’une cruelle façon à quel point ce qui se passe ailleurs dans le monde affecte nos vies. La pauvreté, la guerre, les conflits… Même si on a parfois l’impression que les choses sont revenues à la normale depuis, il y a certaines choses qui ne seront plus jamais pareilles: qu’on pense aux frontières, à la façon que nous avons de gérer la sécurité, etc. Ce sont des choses qui vont nous suivre très, très longtemps. Et puis, il y a la menace d’une guerre avec l’Irak qui nous pend au-dessus de la tête. C’est quelque chose de très inquiétant."
Pauline Marois, ministre des Finances du Québec
"J’en garde un sentiment de tristesse que de tels événements puissent se passer dans nos sociétés. Toujours aussi cette même nécessité pour moi d’être solidaire avec le peuple américain. Et en même temps, ça doit nous faire réfléchir à ce qu’on doit faire pour éradiquer la violence, ce qui ne passe pas nécessairement par une approche qui est elle-même violente comme celle de M. Bush, qui veut s’attaquer à l’Irak. Quand je vois à côté les réactions du peuple américain lui-même, de ses leaders intellectuels et moraux qui disent "non", ça me rassure. Parce que je ne pense pas qu’on va régler le problème du terrorisme de cette façon-là. Je ne dis pas qu’il faut être angélique, mais je pense que la meilleure lutte qu’on peut faire au terrorisme, ça va être la tolérance, l’aide aux pays en émergence et le support aux plus pauvres."
Monseigneur Maurice Couture, archevêque de Québec
"Il y a deux courants de pensée qui se démarquent quand vient le temps de revenir sur le 11 septembre. D’une part, la pensée dominante très appuyée par les États-Unis qui passe par une obsession de la sécurité. On l’a vu aux JMJ lorsque les autorités refusaient des visas à des jeunes parce qu’ils venaient de pays où il y avait de la bisbille interne. Ils avaient peur que des terroristes les infiltrent. (…) Les moyens extrêmes qu’on prend pour réagir sont à l’image de notre réalité. Dans le monde d’aujourd’hui, tout est extrême: le sport extrême, tous les produits extrêmes qu’on retrouve dans la publicité. Tout est extra quelque chose. C’est fascinant. On est extrême dans tout, on veut renverser les tabous. Ça fait partie de notre mentalité collective et ça a été encouragé par les événements du 11 septembre. (…) À l’inverse, il y a des questions plus profondes à se poser. Pour éviter que ça se reproduise, il faudrait peut-être s’asseoir et essayer de réfléchir à des solutions."
Gil Courtemanche, journaliste et auteur
"Les États-Unis, qui étaient depuis longtemps un pays ignorant, en sont devenus un complètement paranoïaque, ce qui représente un danger immense pour le reste de la planète. Je crois que nous avons tout à craindre d’une société qui s’enlise dans un isolationnisme extrême, rompant tous les ponts qui pourraient les mener à une conscience sociale humanitaire. Aussi, la manière dont le Canada a suivi le gouvernement américain comme un petit enfant sage relève de la pure intoxication."
Daniel Boucher, auteur-compositeur-interprète
"Le plus grave, c’est qu’on n’a pas assez questionné notre mode de vie au lendemain de cet événement. C’était l’occasion par excellence de le faire et on n’en a même pas été capable. Ça nous est arrivé dans la face! On a préféré parler des conséquences à un paquet de niveaux, mais le mode de vie occidental, nord-américain, la façon dont on respecte ou non les autres humains sur terre, on n’en a pas parlé, de ça. C’est très décevant."
Anne-Marie Losique, animatrice
"Je retiens deux choses, d’abord que la confusion chez les gens est encore plus grande qu’au lendemain des attentats du 11 septembre. Aussi que les médias américains m’ont totalement dégoûtée, en titrant "America on War" ou "On the Road to War" pour des séries de reportages qui duraient des semaines… J’ai parfois l’impression de vivre dans un monde surréaliste, nous vivons à une époque de chaos politique et c’est pourquoi on n’a aucune idée de la suite des événements."
Daniel Pinard, animateur et cuisinier
"Je n’ai jamais entendu une question aussi prévisible, mais le questionnement est pertinent dans la mesure où l’on se demande si le monde a changé depuis ce surprenant 11 septembre dernier. Non, je ne crois pas que le monde ait changé, ça n’a permis que d’accentuer les causes de tout cela… Et c’est pourquoi on peut affirmer qu’Oussama semble avoir gagné… On vit une situation tragique, l’inculture musulmane (le monde arabe au complet traduit moins de bouquins par année que la Grèce par exemple) est à ce point indécente qu’elle ne trouve rivale que dans la culture des mangeurs de hamburgers… Et malgré tout cela, je vous prédis qu’il y aura du sirop d’érable l’an prochain!"
Fred Fortin, auteur-compositeur-interprète
"Finalement, à part de faire monter la tension, ça n’a pas changé grand-chose. Les Américains ont montré qu’ils n’ont pas beaucoup d’humilité, qu’ils sont peut-être un peu trop fiers. Et c’est normal que ce soit arrivé puisque les Américains persécutent ces peuples depuis des années; ils appuient Sharon en faisant semblant de condamner les actions d’Israël et ils entretiennent des guerres qui sont très lucratives pour eux. Toujours la logique du cash. Au Canada, on suit, on n’a pas d’opinion parce qu’on est économiquement dépendants et que c’est l’économie qui dicte ce qu’on en pense. La santé du monde dépend donc d’une logique capitaliste. C’est pas très beau à voir. Qu’il n’y ait pas de valeurs humaines au delà des races, des religions et des frontières, c’est triste quand même."
Normand Lester, journaliste
"On se souviendra du 11 septembre 2001 comme de l’un des jours les plus marquants de l’histoire, au même titre que la chute de l’Empire soviétique et l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Il faut noter que dans le second cas, comme dans celui du 11 septembre, les Américains se sont fait prendre par surprise. Ils ont un tel sentiment de supériorité qu’ils sont parfois moins vigilants et bien qu’ils se soient promis de ne plus jamais se faire prendre, qu’ils aient investi des sommes incroyables d’argent dans la création d’un réseau de renseignements, 60 ans plus tard, ils se sont fait avoir à nouveau. Mais cette fois, c’est encore plus grave, car leurs ennemis les ont frappés au coeur même du pays. Les perspectives sont bien sombres pour le siècle qui commence avec les menaces d’attaques aux armes biologiques et chimiques alors qu’on n’a arrêté aucun dirigeant de l’organisation d’Al-Qaïda, malgré la collaboration des services secrets du monde entier. Ce qui est un échec pour les États-Unis."
Neil Bissondath, auteur et professeur
"Comme je me suis toujours intéressé à l’histoire, qui est malheureusement marquée depuis des lustres par les attentats et le terrorisme, les événements du 11 septembre m’ont bien sûr choqué, mais ne m’ont pas surpris outre mesure. Après Israël, l’Irlande du Nord, l’Espagne et tant d’autres lieux, les États-Unis sont devenus le terrain d’une réalité que trop peu de gens considèrent comme universelle. Ainsi, je crois que les individus n’ont pas répondu à ces événements par une réflexion poussée, et que la question du terrorisme ne provoquera pas les changements prévus par certains dans les mentalités."