Le changement dans la continuité
Dans son livre The Friendly Dictatorship, publié l’année dernière, le journaliste du Globe and Mail Jeffrey Simpson déplore le fait que le Canada est devenu de facto un pays à parti unique: "Une saine démocratie implique la possibilité de remplacer le gouvernement en place si on le juge nécessaire, ce qui ne semble pas le cas aujourd’hui", écrit-il.
Or, avec l’annonce du premier ministre Jean Chrétien à l’effet qu’il quittera son poste en 2004, il semble bien que la donne ne changera pas. Les sondages démontrent même une hausse des intentions de vote pour le Parti libéral du Canada… La voie est désormais tracée (ou presque) pour Paul Martin.
Et quel legs nous aura laissé Jean Chrétien, ce politicien Teflon sur lequel aucune crise, aucun scandale ne colle? Voilà ce que nous disait Jeffrey Simpson lors d’une entrevue à la fin de l’année dernière au sujet de notre premier ministre: "Après 40 ans en politique, il n’a rien dit de mémorable à part sa formule préférée: le Canada est numéro un. Le leitmotiv de Chrétien est de ne jamais engager le pays dans de grands débats d’avenir. Regarder en avant impliquerait d’admettre des problèmes, et cela entraînerait des débats qu’il risquerait de ne pas contrôler." Quel héritage!