![La Dernière Mission du Nipigon : La croisière s'amuse](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/09/13868_1;1920x768.jpg)
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La Dernière Mission du Nipigon : La croisière s’amuse
Trente-huit ans après sa mise à flot, le destroyer-escorte canadien HMCS Nipigon sera sabordé au large de Sainte-Luce-sur-Mer près de Rimouski en juillet 2003. Mais avant de disparaître dans l’abîme de l’estuaire du golfe Saint-Laurent à tout jamais, le Nipigon devra remplir sa dernière mission: servir de lieu à une fête techno. Du jamais vu. À l’abordage!
François Gariépy
Une histoire qui finit bien
Nommé en l’honneur de l’affluent du nord de l’Ontario qui se jette dans le lac Supérieur, le destroyer Nipigon est maintenant la propriété de la Société des récifs artificiels de l’estuaire du Québec qui l’a récemment acheté au coût de 209 331 $ à l’armée canadienne par l’entremise d’une soumission publique. Le navire pesant 3420 tonnes et mesurant 371 pieds (113 mètres) sera englouti l’an prochain à 100 pieds de fond pour devenir un récif artificiel, idéal pour la pratique de la plongée sous-marine de niveau intermédiaire et avancé. Le lieu exact du sabordage est situé à environ un demi-mile marin de l’Empress of Ireland. Gisant à plus de 145 pieds de fond, l’Empress est devenu avec les années très dangereux pour les plongeurs téméraires qui osent encore s’y aventurer. La récente acquisition consolide donc la position de capitale océanographique du Québec pour la ville de Rimouski. Attendus de partout, les touristes-plongeurs y viendront pour observer la faune et la flore aquatique luxuriante des eaux froides du Saint-Laurent dans une structure propre, sécuritaire et adaptée à la plongée sous-marine, un sport en pleine croissance. "Cela fait plus de cinq ans que nous travaillons sur ce projet qui deviendra un moteur économique important pour la région", affirme M. Pierre Marchand, chargé de projet pour la Société des récifs artificiels de l’estuaire du Saint-Laurent.
La dernière mission
Le destroyer de la classe Annapolis de la marine canadienne, commissionné le 30 mai 1964 et finalement retiré le 2 juillet 1998, n’aura jamais fait la guerre. Juste avant d’être retiré, le Nipigon a été notamment utilisé pour la récupération des débris du vol 111 de la Swiss Air tragiquement disparu en septembre 1998 au large des côtes de Terre-Neuve. Pour sa dernière mission, celle du samedi 21 septembre, 508 personnes (plus le personnel nécessaire à la tenue de l’événement) sont attendues pour danser et fêter au son de platinistes, musiciens et artistes multimédias soigneusement sélectionnés pour l’occasion. "En plus d’un chapiteau sur le quai pour recevoir les convives, trois autres chapiteaux seront installés sur le pont principal (qui servait aussi de piste de décollage aux hélicoptères), pour former une immense salle avec les hangars, qui recevra un imposant système de son de 40 000 watts jumelé à des écrans géants ainsi qu’à un savant concept d’éclairage qui mettra en valeur l’architecture unique de style militaire du Nipigon…" explique Jérôme Mongrain, l’un des organisateurs de La Dernière Mission.
Ce rave s’inscrit donc dans la lignée des événements techno tenus dans des installations et bâtiments ayant appartenu à l’armée, à l’instar de Evolution Radar One qui a lieu chaque année dans une base autrefois quasi secrète de l’armée américaine située à Saint-Sylvestre de Beauce, à la différence que l’événement ne sera jamais répété. "C’est évident que le fait que le bateau sera coulé ajoute à l’excitation des participants, c’est ce qui nous a motivés, mon équipe et moi, à franchir les innombrables étapes pour réunir les différentes autorisations nécessaires à la tenue d’un tel événement… Mais maintenant que les différents paliers de décideurs nous ont donné leur accord, que nous avons trouvé un assureur pour cette nuit unique (aucune compagnie d’assurances de Rimouski n’a accepté de couvrir La Dernière Mission…), nous voilà prêts pour ce qui sera assurément l’un des plus beaux raves jamais organisés au Canada!" L’arrivée-surprise des musiciens et D.J. par bateau est prévue juste avant minuit, heure où les fêtards sont invités à monter sur le Nipigon.
La sécurité avant tout
Il n’est pas rare que d’anciens navires militaires soient vendus pour devenir des récifs artificiels. Plusieurs destroyers canadiens ont déjà été coulés en Nouvelle-Écosse, en Colombie-Britannique et au large de San Diego en Californie. Ce qui l’est plus, c’est de tenir un rave sur un navire militaire avant de le couler. En fait, jamais un rave ou une simple fête n’a été répertorié pour souligner le sabordage d’un navire de guerre au Canada. C’est pourquoi 21 policiers militaires en tenue civile assureront la sécurité à bord et deux équipes de plongeurs veilleront aussi sur les passagers à partir d’embarcations de type Zodiac qui patrouilleront autour du Nipigon durant toute la nuit. "Après tout, un navire de guerre n’est pas un endroit conçu pour faire la fête, alors rien n’est laissé au hasard…" souligne Jérôme Mongrain.
Couler de source
Le sabordage du HMCS Nipigon (l’acronyme HMCS veut dire Her Majesty Canadian Ship) se fera selon les préoccupations écologiques propres à notre époque. Ainsi, le destroyer sera totalement dégarni de ses moteurs et agents potentiellement polluants comme les fils de cuivre, les résidus d’hydrocarbures et autres polluants, avant d’être remorqué au large pour une dernière fois. Le navire sera coulé à l’aide d’explosifs spécifiquement choisis pour découper le métal de la coque au niveau de flottaison. Le Nipigon sombrera d’abord par la poupe, pour finalement couler en un peu moins de cinq minutes. Initialement prévu pour cet automne, le sabordage du destroyer est maintenant confirmé pour l’été prochain, juste avant la saison des plongeurs, soit d’août à novembre, période propice à la plongé sous-marine à cause de la visibilité optimale sous l’eau en cette période. "Le dynamitage marin est une activité hautement légiférée; le simple transport de ces matières dangereuses nécessite des mois de préparation. C’est pourquoi nous avons dû remettre à l’an prochain le sabordage du Nipigon", confirme Pierre Marchand.
Après avoir accueilli pas moins de 3173 visiteurs cet été au quai de Rimouski, le Nipigon vous attend donc pour sa Dernière Mission, le samedi 21 septembre avec Mateo Murphy, DJ Run, YMO, Therry Lejeune, Eric Morno, Sonicwave, Snoopy, Sideburnz, Loop, Timewave et le V.J. Salmon Boy. Tangage et roulis assurés.