Il était une fois un Africain sans le sou qui débarquait de son Afrique natale, celle-là même qu’on dit si pauvre et en déroute. Il voulait immigrer dans l’un des "plus meilleurs" pays du monde.
C’est ainsi que par un glacial lundi matin de février, il a dû prendre le bus et le métro, à Montréal. Ciel d’Afrique et pattes de gazelle, ça ne se passe pas comme ça chez nous!
Curieux, il s’est engouffré dans le métro, se sentant bien perdu dans un de ces interminables couloirs. C’est là qu’il a croisé le mendiant. Alors là, se dit-il, ça ne se passe vraiment pas comme prévu! Il s’est arrêté devant le mendiant, l’a salué, et a mis la main au fond de sa poche. Le mendiant attendait et se méfiait: que pouvait bien vouloir cette tête de rasta à la peau si noire? Il n’en revint pas lorsque l’Africain lui a remis une pièce de deux dollars. "Merci, dit-il à l’Africain, tu es bien généreux." Et l’Africain de lui répondre: "Mais non, car en échange, tu vas m’indiquer le chemin. Je suis perdu." Le mendiant lui a donc expliqué comment se retrouver dans cette ville étrangère.
Depuis ce lundi glacial de février, l’Africain emprunte tous les jours le même couloir. Il y croise le mendiant, s’arrête, discute avec lui et repart avec la satisfaction d’avoir rencontré un ami.
La morale de cette histoire, c’est que la solidarité n’apporte pas que des ennuis. Elle signifie rencontre et partage. Ça, c’est un Africain qui nous l’a rapporté!
(Inspiré de Jam Tan, "L’Africain")
France Labelle, directrice générale du Refuge des jeunes