Société

Formation continue : Est-il toujours possible d’apprendre « sur le tas »?

Nos grands-parents apprenaient leur métier à "l’école de la vie". Les grands-parents de demain iront à l’école toute leur vie… L’apprentissage "sur le tas" n’existe plus. Bienvenue dans l’ère de la formation continue.

Il n’y a pas si longtemps, on était embauché grâce à quelques bonnes références et un diplôme enroulé sous le bras. Si le travail était bien fait, on pouvait gravir les échelons dans l’entreprise, petit à petit. Et ce n’était pas sur les bancs d’école qu’on aiguisait ses compétences, mais "sur le tas".

Le "tas" n’est plus. Désormais, la formation continue doit être une priorité pour le travailleur moderne. C’est que le contexte a radicalement changé. "Toute la notion de sécurité d’emploi et d’emploi à vie n’existe plus. Deuxièmement, les emplois évoluent; certains naissent, d’autres disparaissent", explique Gina Pinet, directrice du Service de la formation continue au Collège de Bois-de-Boulogne. Le manège des nouvelles technologies force les entreprises à embaucher des employés toujours à jour et capables de maîtriser de nouveaux outils. Cette situation a augmenté de beaucoup le taux de roulement du personnel au sein des entreprises, et les travailleurs se rendent compte que, sans escales fréquentes sur les bancs d’école, une carrière peut faire naufrage assez rapidement. Désormais, un emploi ne peut plus être assuré que par un vieux diplôme et une bonne expérience. Plus que jamais, la formation continue doit être au programme du travailleur qui souhaite rester dans le coup.

Formation des employés
Les employeurs commencent à s’apercevoir qu’un investissement en formation continue permet d’éviter le coût exorbitant d’un trop grand roulement de personnel. Même le gouvernement est d’accord. La "loi du 1 %" oblige toutes les entreprises ayant une masse salariale de plus de 250 000 $ à investir au moins 1 % de cette masse en formation de leur personnel. "Souvent ce sont des formations qui sont liées à votre tâche. Il y a certaines entreprises qui vont aussi offrir des formations qui permettraient éventuellement à quelqu’un d’évoluer dans l’entreprise", précise la conseillère en développement de programmes à la Faculté des études supérieures de l’Université de Montréal, Michèle Jean.

Malheureusement, cette "loi du 1 %" ne s’applique pas encore aux PME, qui auraient peut-être davantage besoin de personnel qualifié. Voici l’avis de Gina Pinet: "La petite PME n’a pas de chance de s’en sortir parce qu’un employé porte souvent plusieurs chapeaux. Une grosse entreprise de 100 employés peut en libérer deux ou trois pour aller suivre une formation. Une PME de six employés qui libère deux employés, c’est impossible. Les petites entreprises ne peuvent donc pas maintenir le niveau de qualification exigé ou dont le milieu aurait besoin parce qu’elles ne peuvent pas assurer la formation de leur personnel. On ne peut pas à la fois former les employés et assurer la maintenance de la production…"

Ressources pour les chômeurs
Dans le but d’aider les chômeurs à réintégrer le marché du travail rapidement, Emploi-Québec finance certaines formations accessibles uniquement aux prestataires d’assurance-chômage. "Il y a toujours des conditions, explique Michèle Jean; c’est fait en fonction d’une analyse des besoins du marché du travail. On ne peut pas arriver et dire que l’on veut étudier en philosophie ou en théologie. On va essayer de vous faire un profil de formation qui corresponde aux besoins actuels en main-d’oeuvre."

On s’entend pour dire que la formation continue est promise à un bel avenir et qu’elle remplace déjà l’apprentissage "sur le tas". Mais tout n’est pas rose. Si l’accessibilité à l’éducation permanente est relativement facile pour les employés et les chômeurs, ce n’est pas le cas pour les travailleurs autonomes, qui doivent défrayer tous les coûts reliés à leur formation. Pour Michèle Jean, qui avait présidé, en 1980, la Commission Jean sur la formation aux adultes, le modèle de formation continue idéal serait à améliorer: "Il faudrait avoir plus de souplesse et plus de modalités pour des congés d’éducation qui permettraient aux gens de quitter leur emploi un certain temps afin d’aller se former. Le modèle actuel est assez bon, il y a eu des efforts de fait, mais il est encore assez rigide."

[ENCADRÉ]

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