Revue de l’année : Insécurité, Krach boursier, Virage à droite, Obsession sexuelle, Célébrité

2002, année post-traumatique. Encore abasourdie des séquelles d’un réveil brutal, notre Amérique du Nord s’applique a réajuster, rétrécir ou élargir les limites de l’espace qu’elle occupe. Parmi ces humeurs et mouvements de masse, cinq thèmes, autant d’événements,

sont traités dans ces pages de manières diamétralement opposées par nos invités.

Ainsi, dans la sphère politique-économique, on constatera que l’optimisme de John Saul, qui considère que seul l’exercice de la démocratie participative peut combattre les extrémismes entraînés par le désengagement politique, contraste singulièrement avec les propos de Jean-Jacques Pelletier, désabusé par un système économique où pullulent les conflits d’intérêts. Emmanuel Todd croit par ailleurs que, contrairement aux apparences, la démonstration de force à laquelle se livrent les maîtres du monde et leurs alliés est le premier symptôme d’un essoufflement généralisé de l’empire américain.

Sur le plan humain, si le voyeurisme rassurant des nouveaux reality shows mettant en scène le quotidien quasi banal des riches et célèbres fait des cotes d’écoute, Nelly Arcan estime que l’utilisation omniprésente du sexe dans les médias pour vendre tout et rien dépouille nos vies de l’érotisme, jusqu’à l’ennui.

Mais à tout seigneur tout honneur: c’est la peur, ce sentiment que la culture cinématographique et littéraire tente d’exorciser, et particulièrement la nouvelle menace du terrorisme permanent telle qu’analysée par Charles-Philippe David, qui ouvre cette revue de l’année avec une question. Peut-on, à l’image des figurants de notre page couverture isolés du monde sous leur combinaison protectrice, se jouer de la peur comme si de rien n’était?