![Conflit Irak-USA : Une guerre pour la libération qui en vaut la peine](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/07/15310_1;1920x768.jpg)
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Conflit Irak-USA : Une guerre pour la libération qui en vaut la peine
Il y a un très fort, voire irréfutable argument pour un changement de régime en Irak. Une cause qui devrait motiver l’opinion publique occidentale et tous ceux qui se préoccupent de la brutale oppression d’une nation musulmane entière.
Salman Rushdie
Il y a un très fort, voire irréfutable argument pour un changement de régime en Irak. Une cause qui devrait motiver l’opinion publique occidentale et tous ceux qui se préoccupent de la brutale oppression d’une nation musulmane entière.
Saddam Hussein et sa bande d’impitoyables copains venus de son village de Tikrit sont des criminels sanguinaires, et leur Irak est un enfer. Cette vérité n’est pas moins vraie parce que nous avons décidé de détourner le regard – un "nous" qui incluait, jusqu’à tout récemment, le gouvernement des États-Unis. Elle n’est pas non plus moins vraie parce qu’elle convient aux politiques d’un monde musulman qui fulmine devant le tortionnaire planétaire que sont, selon lui, les États-Unis, alors qu’il tolère de réels monstres dans ses propres rangs.
Les opposants irakiens en exil ont tenté de capter l’attention de l’Ouest pendant des années. Maintenant, Washington a changé de chanson. Bien. Certains douteront peut-être de l’engagement de l’axe Wolfowitz-Cheney-Rumsfeld à créer et à soutenir un Irak libre et démocratique, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là du plus noble des objectifs.
Les complications, tristement, émanent tout de même de l’administration américaine dont l’approche unilatérale de préemption prend des airs de tyrannie, parce que, bien, c’en est. Et si les États-Unis appliquent cette nouvelle politique de l’action préventive, cela pourrait bien rendre ce pays beaucoup moins sécuritaire. Car s’ils se réservent le droit d’attaquer n’importe quelle nation dont le profil ne leur revient pas, il se pourrait fort bien que d’autres veuillent leur rendre la pareille.
Il n’est pas toujours aussi brillant qu’il puisse paraître d’attaquer le premier.
Pas plus que les termes vagues et incertains dont use l’Amérique quant à ses plans concernant un Irak post-Hussein ou ses stratégies de repli n’inspirent la confiance.
Voilà quelques-unes des raisons qui m’empêchent d’être convaincu par le plan irakien du président Bush. Mais comme je prête l’oreille aux voix me décrivant les innombrables atrocités commises au cours des années Hussein, je suis obligé de dire que si, tel qu’il apparaît aujourd’hui possible, les États-Unis et les Nations unies s’entendent sur une nouvelle résolution du problème irakien; et si Hussein tente à nouveau les mêmes tours ou s’il refuse tout simplement les résolutions de l’ONU, alors le reste du monde devrait cesser de s’asseoir sur ses mains et joindre les Américains et les Britanniques dans l’élimination de ce vil despote et de ses cohortes malfaisantes.
On devra cependant crier haut et fort que la principale justification pour ce changement de régime en Irak est la trop longue souffrance du peuple irakien, que l’éventuelle possibilité d’une attaque contre l’Amérique par des armes irakiennes est de second ordre. Une guerre de libération vaut probablement la peine d’être livrée. Une guerre qui n’est pas celle que les États-Unis tentent actuellement de justifier.
Traduit de l’anglais par David Desjardins
(c) Salman Rushdie 2003
Salman Rushdie est écrivain. Ce texte est la version augmentée d’une intervention dans le débat sur la crise irakienne publiée sur le site d’openDemocracy: www.opendemocracy.net.