Sébastien Japrisot, 1931 – 2003
Société

Sébastien Japrisot, 1931 – 2003

Je l’ai rencontré une fois, en 1991, à l’occasion de la parution d’Un long dimanche de fiançailles. Une entrevue pénible, à mon grand désespoir, car l’auteur pour qui j’avais eu un coup de foudre total et absolu, plusieurs années plus tôt, à la lecture de La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, n’était pas quelqu’un de très liant. Réservé, peu souriant, très inquiet, à l’époque, de l’état de santé de sa mère ("Je ne veux pas parler de ça", avait-il murmuré, les yeux dans l’eau), je n’avais pu tirer grand-chose de cette rencontre. Mais je m’étais promis, juré, craché, que je me reprendrais à la prochaine occasion.

Il n’y aura pas d’autres occasions, et je ne m’en console pas. Le traducteur de Salinger (L’Attrape-coeurs, Nouvelles), l’homme aux intrigues complexes et parfaitement plausibles, aux personnages humains, si attachants, l’auteur de Piège pour Cendrillon et du génial Été meurtrier, magnifiquement porté à l’écran par Jean Becker (Éliane aura à jamais le visage d’Adjani, et Pin-Pon, celui d’Alain Souchon), est mort le 4 mars 2003, à l’âge de 71 ans. Il ne verra jamais l’adaptation de Jean-Pierre Jeunet d’Un long dimanche de fiançailles, que l’on nous annonçait en mars 2002…