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Opinion Mario Cuomo : Futur intérieur
Après que sa ville bien aimée ait voté un décret s’opposant à la guerre dans l’indifférence des autorités fédérales, Mario Cuomo, ex-gouverneur de l’État de New York, brise le silence unanime des politiciens américains en envisageant le pire scénario, qui, toutefois, nous débarrasserait du président-moron.
L’actuelle administration américaine tente de nous convaincre que nous vivrons une guerre brève et couronnée de succès, qui tuera des civils innocents et quelques soldats américains… mais pas assez pour empêcher la population de Bagdad d’applaudir le renversement de Saddam Hussein et de nous accueillir en libérateurs. Nous nous sentirons plus en sécurité en Amérique, deviendrons plus riches, la bourse bondira instantanément, stimulée par des coupures de taxes, et partout l’économie va subitement se redresser.
Les hommes du président estiment, quant à eux, que sa popularité va grimper en flèche, grâce à ces conservateurs élevés dans la peur de dieu qui croient qu’il s’agit ici d’une guerre juste, alors que leur pape lui-même s’y est opposé à plusieurs reprises!
Cette victoire entraînera d’autres ambitions contre l’axe du mal: la Corée du Nord et l’Iran.
Après avoir affirmé que nous étions les gardiens de la démocratie sur cette planète, nous en deviendrons la Sainte Hégémonie. Les Nations Unies, grâce à nous, sont en voie de ne devenir rien de plus qu’un club social tenant des débats politiques…
Mais si les calculs et ambitions s’avèrent incorrects, l’Amérique a déclenché une guerre qui pourrait tuer bien plus d’innocents que le 11 septembre. Elle restera aux prises avec le lourd fardeau d’organiser la reconstruction d’une société démocratique, à partir de factions hostiles qui vont commencer à s’entre-dévorer dès le départ de Saddam Hussein.
L’Amérique a, par ailleurs, perdu le soutien d’un bon nombre de ses alliés, et a enflammé la haine du monde musulman, s’assurant ainsi virtuellement d’une augmentation d’actes de terrorisme pour les années à venir.
Après une hausse euphorique des marchés, les coûts pharamineux de la guerre, chiffrés en milliards de dollars, et les tentatives de reconstruction de l’Irak vont empirer ce qui est déjà le plus grand déficit de l’histoire américaine. Ce qui augmentera les problèmes déjà débilitants du financement des programmes de santé, d’éducation, d’environnement…
Que restera-t-il alors du président Bush si le plus grand accomplissement dont il puisse se vanter en 2004 sera d’avoir déclenché une guerre? Je crois que son destin sera semblable à celui de son père.
Lorsque la musique des fanfares de parade se sera estompée, la nation américaine réfléchira à la réalité de la guerre. Les Américains se souviendront de ces images de destruction et de mort qu’ils finiront bien par contempler. Il constateront la hausse du terrorisme et la détérioration de l’unité mondiale. Et surtout, l’horrible ironie de se savoir trop pauvres pour fournir les soins de santé, l’éducation et les pensions de vieillesse dont ils ont besoin, mais assez riche pour mener des guerres et reconstruire d’autres nations. Alors on se demande bien pourquoi les États-Unis d’Amérique voudront voter pour obtenir davantage de cela.
Mario Cuomo a été gouverneur de l’État de New York de 1982 à 1994. Il fut longtemps pressenti comme candidat démocrate à la présidence des États-Unis.