Élections provinciales 2003 : Pour qui? Pourquoi?
Nous avons demandé à quelques partisans de quatre des partis politiques en lice d’écrire en quelques mots les principaux motifs qui ont éclairé leur choix. À quelques jours du scrutin, sauront-ils guider ou infléchir votre opinion?
Philippe Thomassin
Beauport
PLQ
Les seuls qui peuvent changer notre avenir immédiat.
L’alternance est saine pour notre démocratie, surtout que rien ne justifie un troisième mandat pour le Parti québécois.
Notre système de santé est dans un piteux état. Les Québécois ont peur d’être malades et nos malades sont hantés par les listes d’attente, en plus d’être à la merci des rares places disponibles donnant accès aux soins.
Nos finances publiques ne sont saines qu’en apparence. On continue encore d’endetter les générations futures, moins nombreuses, tout en demeurant les contribuables les plus taxés du continent nord-américain.
Notre niveau de vie, au-delà du narcissisme de Bernard Landry, continue de baisser, et le Québec n’a pas à être fier de se classer dans la queue des États nord-américains.
Nos jeunes décrochent nettement plus qu’ailleurs et, sans espoir, ils se suicident aussi plus qu’ailleurs.
Vivement les libéraux. Les seuls qui puissent changer notre avenir immédiat.
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Linda Massie
Montréal
PQ
C’est notre société tout entière qui est déjà souveraine.
D’élection en élection, je me prête toujours au même exercice, à la même réflexion. Au-delà des promesses que formulent les différents partis, au-delà des chefs qui rêvent de mener nos destinées, je porte mon regard vers l’avenir. Je ne suis pas de celles qui s’indignent d’habiter l’État le plus taxé en Amérique du Nord et qui envient nos voisins: je m’enorgueillis plutôt de faire partie d’une société pour laquelle certains choix s’imposent d’emblée, dans la mesure où la justice sociale s’en trouve préservée, à défaut de pouvoir régner sans partage. Mon vote est l’expression de cette conviction.
Si j’appuie sans réserve le Parti québécois, c’est qu’il est le seul, entre tous, à proposer et à défendre un véritable projet de société pour le Québec. Certes, l’Union des forces progressistes me fait parfois rêver, mais je sais que du rêve à la réalité, le réveil est souvent brutal. L’ADQ aussi peut se targuer de défendre un certain projet, mais encore faudrait-il qu’il soit tourné vers l’avenir et non vers le passé. Quant au Parti libéral, je m’étonne de ne lui reconnaître aujourd’hui aucune vision d’avenir, aucun autre projet que celui de baisser mes impôts en réduisant le budget de ministères pourtant essentiels à l’épanouissement de notre société.
À l’heure actuelle, la souveraineté paraît encore un rêve, mais je suis de nature patiente. Et puis, quoi qu’on en dise, depuis qu’il est dirigé par le Parti québécois, le Québec ne s’est jamais aussi bien porté.
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Caroline Beaudoin
Outremont
ADQ
Quelle horreur!
Je suis dans la vingtaine et il y a de cela quelques années, j’ai dû passer un mois à l’hôpital. Quelle horreur! Que de souffrances! Jamais je n’oserais mettre le blâme sur les infirmières et infirmiers qui travaillent plus qu’ils ne le devraient. Je suis sincèrement convaincue que nous devons améliorer notre système de santé et que l’ADQ est prête à le faire en permettant l’accès aux cliniques privées. Il faut stopper l’hémorragie du système de santé.
Depuis quelques mois, l’ADQ a brisé les tabous, elle a eu le courage de dire ce que tout le monde pense: qu’il y a des limites aux subventions exorbitantes et aux amis du parti.
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François Malenfant
Chicoutimi
UFP
Un autre parti existe.
Actuellement, nous assistons un peu partout dans le monde à une désillusion par rapport à la politique. L’UFP porte fortement ce projet de réhabiliter la politique en permettant de faire la promotion d’une société progressiste à l’intérieur de notre système.
La popularité grandissante de l’UFP lui donne de l’influence politique. Même si des candidats ne sont pas portés au pouvoir pendant les présentes élections, le vote pour ce parti envoie un message clair: il exprime la volonté d’une partie du peuple québécois. Ce message est aussi envoyé à la population, lui disant qu’un autre parti existe, qu’il y a une gauche présente et active au Québec.
L’UFP ne vise pas à prendre le pouvoir ni même à former l’opposition lors de la prochaine élection. Elle veut être active pour faire progresser le Québec. Elle le fera – à la limite, même si elle n’a pas de candidat élu – si elle a un appui populaire. Nous pourrons donc compter sur elle après les prochaines élections pour faire pression sur le parti en place afin de faire valoir des options progressistes au Québec.
Choisir de voter stratégiquement pour l’UFP, c’est opter pour la mise en place d’un parti politique de gauche au Québec dans une vision à long terme. C’est se doter d’un relais politique essentiel qui fera avancer les options du milieu populaire, communautaire et syndical au sein de l’appareil politique…
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François Le Bel
Montréal
PLQ
Le PQ me tombe sur les nerfs.
C’est comme Paul McCartney qui fait une autre tournée en chantant des tounes des Beatles. Ils ont de vieilles bouilles familières, mais un produit réchauffé tellement souvent qu’il est rendu difficile à avaler.
De son côté, Mario Dumont n’est pas prêt. En huit ans à l’Assemblée nationale, on ne sait pas encore quelles valeurs encadrent son action. Peut-être ne sont-elles pas définies? J’ai l’impression que l’ADQ adopte une position parce qu’elle peut être séduisante, un peu par opportunisme.
En contrepartie, je m’identifie beaucoup aux valeurs libérales. Jean Charest et Claude Ryan ont pris le temps de les expliquer, l’automne dernier. On avouera que c’est rafraîchissant de parler de valeurs en politique. Je les énumère, parce que peu de gens les connaissent. Elles sont: 1- la défense des libertés individuelles, 2- la défense de mon identité en tant que Québécois, 3- la conviction que le développement économique profite, au bout du compte, à tout le monde, 4- la compassion, 5- le respect des moeurs de notre temps, 6- le respect de la démocratie et, finalement, 7- l’attachement au Canada.
Je crois en un parti qui sait puiser dans ses origines pour proposer du changement. Je crois en un parti qui sait écouter les Québécois quand ils s’expriment, surtout lorsqu’ils donnent deux fois la même réponse à la même question. Je crois en un parti qui pense que la bonne entente avec les autres provinces pour faire front commun devant le fédéral produira plus de fruits dans la défense des intérêts du Québec que la confrontation aveugle.
On nous promet beaucoup de choses pendant cette campagne. Le Parti libéral est le seul qui ait pris le temps de nous expliquer d’où il venait.
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Gabriel Anctil
Matane
UFP
Le bien-être l’emporterait sur le profit.
Le Québec est en pleine ébullition sociale. Devant une société entière qui se réveille et articule clairement ses valeurs, le PQ, comme les libéraux (l’ADQ, on oublie ça tout de suite), ne parvient, et du bout des lèvres, qu’à promettre une certaine continuité, qu’à sauvegarder un système attaqué de toutes parts, il est vrai, mais un système imparfait qui n’a pas le courage d’écouter sa population et de se remettre en question pour le bien collectif.
Seule l’UFP peut répondre à une telle demande.
Ce parti propose un pays à bâtir où la richesse collective servirait à construire une véritable société distincte qui se démarquerait des autres par la gratuité complète de son éducation, de son système de santé, de son transport en commun, par l’implication directe de ses citoyens dans les décisions collectives à l’aide de comités de quartier et de rassemblements divers qui exprimeraient et décideraient des priorités de leur environnement. Un pays où les artistes et les créateurs ne crèveraient pas de faim. Un pays qui s’engagerait dans une révolution écologique où le long terme et le bien-être environnemental des humains l’emporteraient sur le profit destructeur. Bref, une société qui se construirait à travers les décisions et l’effort de ses millions de membres, et non une société qui ne propose rien de mieux qu’un statu quo néolibéral où, quoi qu’il arrive, le peuple passe après les grands financiers.
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Guertoumy Nasser
Montréal
PQ
Le partage d’un espace civique commun.
Je suis québécois et je veux contribuer à bâtir un Québec fort. Le Québec n’est pas mon pays de naissance, mais c’est ma patrie. Le pays où je veux fonder ma famille.
Au lendemain du débat, je me suis trouvé une nouvelle raison de voter pour le Parti québécois. Si l’épisode Parizeau a été malheureux, les libéraux, eux, n’ont pas hésité à jeter de l’huile sur le feu et à se servir des communautés culturelles pour favoriser leur cause. Je refuse de servir d’otage pour le Parti libéral du Québec.
Depuis qu’il est premier ministre, je n’ai jamais entendu monsieur Landry parler de "vote ethnique". J’ai toujours vu le PQ privilégier une politique basée sur l’interculturalisme qui s’appuie largement sur les notions de "contrat social" et de partage de l’espace civique commun. Les libéraux, eux, proposent une approche qui encourage les Québécois issus de l’immigration à se regrouper avec les gens de leur pays d’origine. J’ai peur que le PLQ ne crée des ghettos.
Désolé, mais vous n’êtes pas prêts à diriger le Québec. Vos paroles ne se traduisent pas en actes, notamment dans vos candidatures et vos positions. Simplement en parlant de nous comme du "vote ethnique", vous avez démontré qu’il existait deux classes de citoyens à vos yeux: les Québécois et les autres.
Ce n’est pas le message que je reçois des péquistes que je côtoie.
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Isabelle Bouchard
Montréal
ADQ
Les plus forts aideront les plus faibles.
J’ai milité au Parti québécois pendant quelques années; finalement, je suis guérie! Par un beau jour de l’année 2002, j’ai enfin allumé: pourquoi nourrir un sentiment d’infériorité et d’impuissance envers le développement du Québec et sa place au sein du Canada? Je n’ai plus envie de me sentir trahie à chaque décision du gouvernement fédéral, je n’ai plus envie de considérer le ROC comme l’ennemi. Je suis allée en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique pour me rendre compte que les Québécois ne sont pas les mal-aimés, au contraire: on nous accueille à bras ouverts, on reconnaît notre intelligence. Le PQ tente désespérément de nous maintenir dans la haine et la peur; je refuse. Le PLQ, quant à lui, nous demande de nous fondre dans le ROC, pourtant ce n’est pas ce que nous demandent les autres sociétés canadiennes, au contraire, elles attendent de nous que nous prenions notre place. L’ADQ, c’est mon parti, celui des gens qui ont à coeur l’avenir, un avenir pour tous où les plus forts aideront les plus faibles. Un vote pour l’ADQ, c’est un vote de confiance en notre peuple.
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Patrice Breton
Montréal
UFP
Je ne suis plus capable de voter pour le moins pourri des partis.
Je veux voter selon mes convictions. D’après moi, ce n’est pas un luxe.
L’UFP est le seul des quatre principaux partis québécois à offrir une rupture claire avec le néolibéralisme, avec les projets de coupures budgétaires à répétition, de privatisation, de déréglementation, toujours au seul profit d’une minorité. L’UFP ose admettre que la recette miracle pour éliminer la pauvreté, la violence, la destruction de l’environnement, tant à la grandeur de la planète qu’ici même, n’a vraisemblablement pas encore été trouvée.
L’UFP fait le pari de ramener les gens vers le politique pour qu’ils se le réapproprient et en fassent quelque chose qui leur ressemble. Un parti "des urnes et de la rue", c’est un parti pour qui l’exercice de la démocratie ne passe pas par un vote tous les quatre ans mais par une responsabilisation des citoyen(ne)s envers notre avenir collectif.
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Stéphanie Benoit, 29 ans
Montréal
PLQ
Les Québécois ne sont pas des imbéciles.
Il n’est pas sain de laisser au pouvoir la même équipe pour un troisième mandat consécutif. Hormis cette raison, je vais voter en faveur du Parti libéral le 14 avril prochain pour les idées que ce parti prône, pour son chef, et contre un troisième référendum.
Les idées. Seul le Parti libéral propose une hausse significative du financement de la santé dans un système public; seul le Parti libéral propose des baisses d’impôt (27 % au terme d’une période de cinq ans) qui permettront aux familles et aux travailleurs de la classe moyenne de finalement respirer; le Parti libéral a présenté son cadre financier établissant comment il va s’y prendre pour baisser les impôts et augmenter le financement de la santé; les prévisions du cadre financier ont été qualifiées de réalistes, et les hypothèses de base, de prudentes.
Le chef. Lors du débat, Jean Charest a clairement démontré qu’il était prêt. J’ai été très impressionnée par sa maîtrise des dossiers et par la profondeur de ses idées. Je crois sincèrement qu’il va apporter des solutions concrètes aux problèmes que vit le Québec, notamment dans le domaine de la santé et du fardeau fiscal. À l’égard des taxes, rappelons-nous que nous sommes les plus taxés en Amérique du Nord; ça fait de nous une belle société distincte!
Le référendum. Les Québécois ne sont pas des imbéciles. Il est clair que voter pour le Parti québécois, c’est permettre la réalisation d’un troisième référendum et le gaspillage de fonds publics pour la promotion d’un référendum. À mon avis, le PQ n’est plus le parti aux valeurs sociales-démocrates qu’il était, et j’irais même jusqu’à dire que le meilleur de M. Landry est derrière lui. Place au changement!
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Simon Bouchard
Montréal
ADQ
Que la majorité silencieuse se fasse entendre.
L’ADQ est le parti politique qui semble vouloir s’occuper des Québécois moyens; pas les Québécois qui manifestent, ceux qui protestent ou ceux qui s’appuient sur des groupes de pression. Non, l’ADQ va s’occuper des Québécois moyens, ceux qui se lèvent pour travailler chaque matin, qui paient leurs impôts sans rechigner et élèvent leur famille du mieux qu’ils peuvent. L’ADQ va écouter la voix de ces Québécois oubliés qui sont las et qui considèrent ne pas en avoir pour leur argent. Ces Québécois silencieux vont cesser de l’être et ils vont envoyer un message clair aux deux vieux partis. Il est temps que cette "majorité silencieuse" se fasse entendre et c’est par la voix de l’ADQ qu’elle va le faire.