School Discos : Retour à l'école
Société

School Discos : Retour à l’école

LONDRES – Toutes les fins de semaine, des milliers d’Anglais mettent leur cravate et uniforme de collège pour aller danser sur les hits les plus kétaines des années 80. Véritable phénomène en Angleterre, les school discos ont fait école et rejoint Toronto cette année. Attention, Montréal est dans la mire des producteurs…

11 h, vendredi soir et la discothèque Pacha ressemble déjà à la fin d’un bal de finissants. Le D.J. fait jouer Papa Don’t Preach et les danseurs, bière à la main, hurlent de bonheur. Les filles sont en minijupe et blouse blanche; les garçons portent leur vieux pantalon de collège et la cravate obligatoire. Le hic, c’est que tout ce beau monde a quitté le collège il y a un bon moment. C’est le cas de Karl, 37 ans, qui en est à sa quatrième disco de trentenaire: "J’aime le feeling de jeunesse que j’ai quand je viens ici, et puis ils mettent de la bonne musique comme ACDC ou Ah Ah", commente-t-il avant d’offrir des friandises. Les soirées ont leurs rituels: le costume, les accessoires enfantins, les friandises et les prises de photos pour se rappeler avec nostalgie les soirées nostalgiques…

La petite histoire d’une grosse mode
La formule a été développée en 1999 par un D.J. londonien, Bobby Sanchez. Depuis, à Londres, les school discos sont passées du stade de curiosité à celui d’institution locale. Les fêtards en uniforme sont devenus une espèce étrange de plus de la vie nocturne. Les partys sont aujourd’hui l’endroit désigné pour les anniversaires, les partys de gars, de filles. "Je suis venue pour les 21 ans d’une copine, ça me rappelle mes 16 ans et le bon temps du collège!" lance Rickie, 25 ans.

Les partys ont lieu tous les vendredis et samedis dans deux grosses boîtes du centre-ville. D’après Corrine, l’une des organisatrices, "on peut compter 3000 personnes les bons soirs". À 20 livres le billet, "les recettes sont intéressantes", admet-elle. School Disco s’est également lancé dans la vente de produits dérivés: des cravates officielles aux compilations des années 80. L’heure est maintenant à l’exportation. Des communautés ont poussé un peu partout, de la France à l’Australie. Au Canada, Toronto tient maintenant ses propres partys chez Joe, tous les vendredis soir. Et à Ottawa, la quatrième édition du Old Skool Party aura lieu dimanche prochain. "On se prépare à lancer le projet à Montréal. Après, on va se diriger vers Vancouver", confirme le producteur, Mark Holmes. D’après Holmes, le fait que la plupart des Québécois n’aient pas porté d’uniforme dans leurs années de jeunesse ne remet pas en cause la force du concept: "On garde la même formule pour les costumes parce que les gens aiment la culture british, mais on veut aussi donner de la place aux groupes francophones des années 80", ajoute-t-il.

Nostalgie, quand tu nous tiens…
Difficile d’expliquer la popularité des school discos. "D’abord, c’est de la bonne musique pour danser, et puis les gens aiment se rappeler leur jeunesse, l’époque de leur vie où ils expérimentaient", évalue Karl Hill, webmaster de Schooldisco.com. Howard, dans la cinquantaine, est un habitué des partys school discos. Il y va déguisé en "Kelly", avec sa minijupe, sa perruque et ses moues. "Le moment que je préfère, c’est quand je repasse mes vêtements avant de partir. Vous voulez que je vous dise: tout le monde est d’accord pour dire que la musique ici est terrible, et c’est exactement pour ça qu’on vient!" lance-t-il en riant.

Howard/Kelly convient que deux types de nostalgie sont à l’oeuvre. "Soit vous avez eu des années d’école géniales et vous voulez les retrouver. Ou bien c’est le contraire et vous voulez vivre ce que vous n’avez pas vécu." Il retourne fêter. Le D.J. fait jouer Let’s Talk about Sex. Sur la piste, les faux collégiens chantent les paroles et s’échangent des regards cochons. Les filles jouent les Madonna, les gars font tourner leurs cravates dans les airs. "Les gens ne sont pas subtils mais pas de doute qu’ils s’amusent", note la journaliste assise au bar. Le serveur s’approche alors et demande: "Vous faites vos devoirs, mademoiselle?"