![Sabine Herold, nouvelle idole de la droite européenne : La môme capital](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/05/17227_1;1920x768.jpg)
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Sabine Herold, nouvelle idole de la droite européenne : La môme capital
Isabelle Porter à Paris
Sabine Herold est une jeune fille sérieuse. Elle hésite à donner une entrevue parce qu’elle prépare ses examens d’entrée au HEC et qu’il ne faudrait surtout pas l’empêcher d’étudier. Mais Sabine Herold est aussi une jeune fille lucide, qui a compris l’importance des communications. Nous nous sommes donc rencontrées dans une brasserie de la Rive gauche entre sa période d’étude et une autre entrevue. "D’un côté, me transformer en produit de marketing ne me plaît pas forcément, mais c’est au service des idées que je défends. Donc, si on a besoin d’un joli sourire féminin pour passer des idées libérales, eh bien ça ne me dérange pas."Herold ne mâche pas ses mots. Dans Libération, il y a quelques semaines, elle disait être consciente "qu’elle ne serait pas là avec 40 kilos de plus".
Son libéralisme rappelle à certains égards celui des néo-conservateurs aux États-Unis. "Nous on veut libérer l’entreprise, libérer le travail mais on est libéraux aussi sur le plan social", donc droit à l’avortement, mariages gays, tolérance, et la fin de ce qu’elle appelle "l’État paternaliste" qui se mêle de la vie privée des citoyens et les déresponsabilise à coups de programmes trop généreux, énonce-t-elle. Comme le régime français des retraites, par exemple. Quand le gouvernement a voulu le réformer pour couper dans les dépenses en allongeant notamment la période de cotisation des prestataires, cela a déclenché en France un important mouvement de grève qui a paralysé Paris pendant des semaines. Sabine est alors apparue à la tête d’un mouvement de manifestations… contre les manifestations. Le 25 mai, un premier rassemblement anti-grèves et "contre la dictature syndicale" a attiré 2500 personnes mais lors de la seconde marche, ils étaient au moins 30 000 à défiler dans les rues de Paris. "Ça faisait trois semaines qu’il y avait des grèves en particulier dans le métro et les gens en avaient ras le bol de devoir se lever trois heures plus tôt pour le matin pour prendre le RER (train de banlieue), de voir que leurs enfants n’avaient pas de cours."
Elle s’intéresse aux idées, cite ses maîtres à penser: "J’ai lu Hayek, Tocqueville… Raymond Aron, ça a été une révolution intellectuelle." Avec d’autres étudiants de science politique, ils ont fondé, il y a deux ans et demi, un petit groupe de réflexion nommé "Liberté j’écris ton nom". Certes, le poète Paul Éluard doit se retourner dans sa tombe. Inspirés et idéalistes, les jeunes Libéraux usent du mot liberté comme d’autres parlent d’amour avec une adresse courriel nommée liberte-cherie.com (!) "Honnêtement, on ne fait pas se lever des gens sur des taux d’intérêts", se contente de dire Sabine.
Ses détracteurs la soupçonnent d’être une fabrication de la droite française ou encore un pur produit de l’élite française. On lui prête des ambitions politiques. La réalité semble quelque part entre culpabilité et innocence. Oui, elle a des contacts au sein de l’UMP (parti de droite français). Non, elle ne vient pas de l’élite (plutôt d’une famille de profs de la classe moyenne) et oui, elle a des ambitions. Mais si elle fait de la politique, ce sera pour "plus tard": "Je ne sais pas si je veux faire carrière en politique, mais une chose est sûre, si je le fais, je veux d’abord avoir un métier et une autre source de revenus. Je ne veux pas être obligée d’être réélue quelque part et donc d’être obligée de faire des petites bassesses pour être réélue pour pas avoir de problèmes financiers."
Sabine est devenue un véritable phénomène médiatique… et politique, le Daily Telegraph de Conrad Black en Grande-Bretagne a monté une véritable campagne de promotion autour de la jeune femme à coups de unes et de longs reportages suivi du Times et d’une pléthore de médias américains, pour la plupart conservateurs. "J’avais tout pour plaire à la presse anglaise. Une femme, jeune, étudiante, qui est libérale et s’assume. Des Français libéraux, il n’y en a pas souvent, mais une femme, là c’est étonnant. Une femme qui dit haut et fort qu’elle admire la politique de Thatcher, qui a milité pour l’intervention en Irak, qui n’est pas antiaméricaine…". Le groupe de Conrad Black a même invité Sabine, à ses frais, à venir répandre la bonne nouvelle à Londres auprès de membres du Parti conservateur . "C’était passionnant, pour faire une sorte d’axe européen libéral, c’était excellent." La jeune femme raconte qu’elle a failli rencontrer son idole Margaret Thatcher, qui a dû s’absenter pour rester au chevet d’un mari mourant. Et, il semble qu’on a pas fini d’entendre parler d’elle. Avec le directeur de son association, elle doit publier à l’automne un livre racontant l’histoire de la manif contre les manifs suivi d’un "manifeste libéral". En attendant, mademoiselle voyage un peu partout à l’invitation de thinks-tank divers, en Irlande, en Suisse mais, études obligent, elle ne pourra pas aller rencontrer les gens du Cato Institute aux États-Unis… Sabine décrit, amusée, son nouvel horaire chargé de conférencière quand elle réalise qu’il faut partir… à la prochaine entrevue.