![Stimulants de la libido féminine : Ce soir, j'ai pas mal à la tête](https://voir.ca/voir-content/uploads/medias/2011/05/17320_1;1920x768.jpg)
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Stimulants de la libido féminine : Ce soir, j’ai pas mal à la tête
En 1998, Viagra révolutionnait la libido masculine, rapportant ainsi, l’an dernier seulement, plus de 1,7 milliard $ à son fabricant. Devant un tel succès, les alchimistes du dimanche se sont mis à la recherche de son pendant féminin. Depuis, des produits clamant des résultats similaires pour les femmes ne cessent de faire leur apparition dans une certaine confusion. En 2003, une nouvelle venue a fait son entrée sur le marché américain et fait jaser, Avlimil.
Annie Lagacé
Le marché de la sexualité des femmes devant atteindre entre 2,7 milliards et 3,2 milliards $ en l’an 2006, qui ne serait pas tenté de trouver un remède à ce nouveau mal qui court et que l’on a baptisé récemment?
Alors que les problèmes de désir et autres problèmes sexuels chez la femme ont longtemps été associés à des facteurs psychologiques tels le stress ou la fatigue, une étude publiée en 1999 dans le Journal of the American Medical Association statuait que le manque de libido dont souffriraient 43 % des femmes américaines âgées entre 25 et 60 ans serait plutôt associé à une condition médicale qui porte désormais le nom scientifique de "dysfonction sexuelle féminine". Pour justifier la nécessité de trouver un médicament équivalent au Viagra, cette étude est fréquemment citée par les compagnies pharmaceutiques lancées dans la course au désir féminin telles Pfizer Inc. et Procter & Gamble. Elle ne fait pourtant pas l’unanimité. "On crée un problème qui n’existe pas et un diagnostic inutile parce qu’il est trop général. Les problèmes sexuels chez les femmes sont par le fait même sur-simplifiés alors qu’ils sont généralement très complexes et peuvent avoir de multiples composantes physiologiques, psychologiques, affectives, et autres. On fait croire aux femmes qu’une pilule peut tout régler", dit Sophie Bergeron, professeure adjointe au département de sexologie de l’UQAM et clinicienne à l’Hôpital Royal Victoria. Cependant, elle ne croit pas qu’il n’y ait que du négatif dans cette nouvelle manière d’approcher les choses. "Tous les problèmes sexuels des femmes ne sont plus strictement psychologiques. On admet qu’une partie de ceux-ci peuvent être physiologiques, ce qui représente un pas en avant."
Avlimil, premier traitement pour la dysfonction sexuelle féminine ou coup de marketing?
En janvier 2003, Wagner Pharmaceuticals inonde le marché américain d’Avlimil, une petite pilule qui s’annonce comme étant le premier traitement efficace pour traiter la dysfonction sexuelle féminine. Ce produit prétend non seulement activer la libido chez la femme mais également être un outil pour une plus grande satisfaction sexuelle. Son secret? Il augmenterait le flux sanguin aux parties intimes et procurerait une relaxation musculaire essentielle à l’atteinte de sommets inégalés.
Malgré les apparences qu’on tente de donner à cette nouvelle venue, il ne s’agit pas d’un médicament mais bien d’un produit naturel, fait uniquement à base de plantes. Il ne requiert donc pas de prescription d’un médecin, n’a pas été soumis aux contrôles gouvernementaux stricts qui s’appliquent en matière de médicaments et n’a été testé que lors d’une étude de trois mois sur 49 femmes qui n’a pas été publiée.
Ce qui distingue Avlimil d’autres produits similaires sur le marché, tels Zeproxin ou Libidol, est sa stratégie de mise en marché. Alors que Zeproxin utilise un slogan plus aguicheur, "Join the better sex revolution", Avlimil, elle, opte pour un ton scientifique. Son emballage ressemble à une boîte de pilules anticonceptionnelles, on met l’accent sur le fait qu’il s’agit d’un traitement pour la dysfonction sexuelle féminine, on lui a donné un équivalent latin, Salvia Rubus, et son slogan? "Ils ont Viagra, nous avons Avlimil."
Le résultat reste pourtant le même: que ce soit Avlimil, Zeproxin ou Libidol, pour n’en citer que trois, ce sont tous des produits naturels, aux composantes similaires, qui prétendent augmenter la libido, la réponse sexuelle et la satisfaction sexuelle générale de la femme sans qu’ils en aient fait la preuve scientifique.
Peu importe de quel produit il s’agit, celles qui voudront tenter l’expérience devront aiguiser leur sens critique et accepter de payer le gros prix. Ces produits ne sont pas accessibles en vente libre au Canada et une bouteille pouvant être commandée par Internet se vend entre 39 $ et 74 $US dépendamment de la marque. Certaines compagnies vont même jusqu’à offrir une "garantie de satisfaction ou argent remis", ce qui ne manque pas d’être approprié dans ces circonstances.
Le désir féminin ne vient peut-être pas encore en bouteille mais sachez que l’Université Concordia teste présentement un vaporisateur nasal qui stimulerait les envies sexuelles chez l’homme et la femme et qui s’est montré plutôt concluant sur les rats jusqu’à maintenant. Qui sait, le désir viendra peut-être en pompe sous peu…